Après avoir lu la chronique de mon collègue Patrick Lagacé («Ce foutu livre»), samedi, j'ai failli lui écrire: «Si tu ne peux pas finir le livre, attends le film. Il sort la semaine prochaine.» C'eût été un mauvais conseil.

Certains romans, à l'évidence, ne devraient pas être adaptés au cinéma. The Road, long métrage attendu de John Hillcoat, tiré du livre de Cormac McCarthy, n'est pas un mauvais film. Ce n'est pas non plus un très bon film. OEuvre moyenne se fondant dans un magma d'oeuvres moyennes. Une de plus, une de moins.

Le film, à l'affiche vendredi, semble d'autant plus mineur que le livre qui l'a inspiré est transcendant. The Road est l'un des grands romans américains de la décennie. Un livre dur, sombre, magistral, sur l'Homme (et son fils) dans ses derniers retranchements. L'homme est un loup pour l'homme...

J'ai vu The Road hier. Film foutu d'avance. La comparaison, comme la déception, étaient inévitables. D'un côté, un chef-d'oeuvre littéraire; de l'autre, un film de tâcheron mettant en vedette Viggo Mortensen (juste, comme toujours) et Charlize Theron, dans un rôle de mère pratiquement absent du roman.

On peut dire de certains livres qu'ils sont «cinématographiques». The Road, roman d'épure, linéaire, volontairement répétitif, n'est pas de ceux-là. Un père et son fils se battent pour leur survie dans un monde post-apocalyptique. Début et fin du synopsis.

On ne pourra accuser John Hillcoat d'avoir trahi à l'écran le climat hostile, noir de cendres, décrit par Cormac McCarthy. Son film est parfaitement fidèle à l'univers glauque et sans espoir du roman. Le traitement du réalisateur australien est sobre, sans affect, mais aussi banal et sans originalité. Ceux qui ont lu le roman auront l'impression d'un résumé en images de près de deux heures. Les autres risquent de s'ennuyer ferme.

Il ne suffit pas d'être fidèle à un univers littéraire pour être fidèle à une oeuvre littéraire. The Road, de par son essence même, est un roman difficile à adapter au cinéma. Je m'y connais peu en littérature, mais il m'apparaît évident que l'écriture dépouillée, saccadée, minimaliste de The Road, au service d'un arc dramatique sans grands rebondissements, se traduit mal au grand écran.

Le roman, par son souffle, son style, son rythme, a sa propre musicalité. Le film, par sa réalisation, son montage, le choix de ses plans, a aussi la sienne. Ce sont deux musiques distinctes, qui doivent être jugées chacune pour ce qu'elles sont. Mais au final, pour que le mariage entre littérature et cinéma soit heureux, il faut que ces musiques s'accordent minimalement.

Où le film de John Hillcoat rend justement le moins justice au roman de Cormac McCarthy, c'est dans sa musique. Pas dans celle, métaphorique, de sa réalisation, mais dans les notes noires, bien concrètes, de sa bande sonore. Le travail d'esthète du romancier commandait à mon sens une musique sourde, inquiète, aérienne. Celle composée par Nick Cave et son collaborateur des Bad Seeds, Warren Ellis, en constante rupture de ton avec le récit, tend trop souvent vers le sentimentalisme. On me dira que c'est un détail. Je répondrai qu'au cinéma, il n'y a pas de détails sans importance.

Existe-t-il des romans inadaptables au cinéma? Peut-on excuser à un film mineur de s'inspirer d'une oeuvre majeure? John Hillcoat, qui n'a rien d'un Gus Van Sant, risque de l'apprendre à ses dépens.

Questions existentielles

L'actualité artistique des derniers jours m'a inspiré quelques questions existentielles auxquelles j'espère trouver des réponses: Adam Lambert est-il le jeune frère de Pierre Lambert? Annie Villeneuve se plaira-t-elle au Minnesota? Où puis-je me procurer l'album de Susan Boyle? Pourquoi ce sont toujours les gars les plus torves qui gagnent à Occupation double? Qui voudra désormais être traité par le médecin de Michael Jackson, de retour au travail? Pourquoi y a-t-il autant d'humoristes à Tout le monde en parle? Est-ce que U2 a piqué à Mario Dumont son «360» pour sa nouvelle tournée? J'attends vos suggestions.