Recycler, nous dit-on depuis des années, c\'est bien. Ne pas recycler: mal. S\'il est une chose, pourtant, qu\'il vaut mieux ne pas recycler, c\'est une mauvaise idée.

Ce week-end prennent simultanément l\'affiche deux films qui tiennent du mauvais recyclage. The Karate Kid et The A-Team ont fait fureur, respectivement au cinéma et à la télé, au milieu des années 80. Voilà qu\'ils renaissent au grand écran, 25 ans plus tard. Il n\'y a, semble-t-il, pas assez d\'histoires originales à raconter pour qu\'on ne recycle pas les récits médiocres d\'une autre époque.

À l\'antenne de la chaîne américaine NBC de 1983 à 1987, The A-Team, qui mettait en scène quatre vétérans de la guerre du Vietnam «condamnés pour un crime qu\'il n\'ont pas commis», en a mis plein la vue à un public friand d\'explosions en tous genres (mais pas nécessairement d\'intrigues complexes).

Dans leur camionnette noire et rouge, ces mercenaires du bien commun, sortes de Robins des bois armés jusqu\'aux dents, secouraient la veuve et l\'orphelin en fuyant la justice militaire. Et, surtout, en faisant exploser tout ce qui se trouvait sur leur chemin.

Dans le rôle de B.A. Baracus, Mr T (alias Laurence Tureaud, le «Clubber Lang» de Rocky III) était la vedette du groupe. Un dur à la chevelure en mohawk, les bijoux en or, le pantalon d\'armée et la camisole mettant en évidence de très larges biceps.

Aujourd\'hui, Mr T est le porte-parole d\'un publireportage télévisé vantant les mérites d\'une machine qui fait cuire des steaks à l\'allure douteuse en quelques secondes à peine. Mais en 1984, pour qu\'un adolescent soit dans le coup à l\'école, il devait l\'avoir vu la veille à la télé dans The A-Team.

C\'est à cet adolescent devenu grand que The A-Team, le film de Joe Carnahan avec Liam Neeson et Jessica Biel, s\'adresse. À lui et à ses enfants. Ayant largement desservi les baby-boomers, les vendeurs de nostalgie hollywoodiens se tournent vers un nouveau marché lucratif: celui de la génération X, désormais au mitan de la vie. On la disait «sans futur»; elle a fini par se trouver du travail. Et elle a de l\'argent à dépenser, dit-on, pour se remémorer les souvenirs pop insouciants de sa jeunesse.

La valse des reprises

C\'est en vertu de cette logique de marché nostalgique que l\'on devrait voir d\'ici quelque temps au cinéma de nouvelles versions de Footloose ou de MacGyver, une autre série télé «explosive» des années 80. Et que sur quatre nouveautés à l\'affiche ce week-end au Québec, l\'on trouve deux films inspirés de cette période somme toute peu stimulante sur le plan de la création artistique.

The Karate Kid de John G. Avildsen, qui a pris l\'affiche en 1984, racontait l\'histoire de Daniel (Ralph Macchio), un ado du New Jersey arrivant avec sa mère en Californie. Victime d\'intimidation, il trouvait conseil auprès de M. Miyagi (le regretté Pat Morita), un maître des arts martiaux/concierge/philosophe.

Le film a marqué une génération de jeunes (qui se souvient encore des techniques d\'entraînement du lavage de voiture et de teinture de clôture). Mais sa marque de commerce a perdu de son lustre en raison de deux suites particulièrement mauvaises (la dernière, en 1994, mettant en vedette une jeune Hilary Swank). Pourquoi alors refaire The Karate Kid en 2010? Pour la même raison que d\'autres refont The A-Team. Pour faire de l\'argent.

Le rival de The A-Team dans la «bataille des années 80» de la semaine ne se contente d\'ailleurs pas seulement de vendre de la nostalgie à la génération des 35-45 ans. Il vise aussi la Chine et son marché en pleine expansion.

Le nouveau Karate Kid, réalisé par Harald Zwart et mettant en vedette Jaden Smith, le fils de 11 ans de Will Smith, ainsi que la super-vedette du cinéma asiatique Jackie Chan, a été coproduit par la Chine, où se déroule l\'action du film.

Kung-fu Kid

Jackie Chan y reprend essentiellement le rôle de M. Myagi (un Japonais), devenu en Chine M. Han. Le karaté étant d\'ailleurs un art martial japonais, le seul sport pratiqué dans le film est le kung-fu, dit la boxe chinoise. Oui, vous avez bien lu: il n\'y a pas une minute de karaté dans The Karate Kid. Qu\'est-ce qu\'on ne ferait pas pour amadouer un public potentiel d\'un milliard et demi de Chinois...