Alain Montpetit était le «roi du disco». Un animateur de télé et de radio bien connu, comédien à ses heures, VIP des boîtes de nuit montréalaises de la fin des années 70. Un homme d'excès, mort d'une surdose de drogues et d'alcool en 1987, seul dans un hôtel de Washington. Il avait 37 ans.

Quinze ans après son décès, le petit-fils d'Édouard Montpetit a été déclaré coupable de l'assassinat en 1982 d'un mannequin québécois à New York. Une vie, et une mort, comme un scénario de film.

Ce film, justement, s'intitule Funkytown. Il a été écrit par Steve Galluccio (Mambo italiano), réalisé par Daniel Roby (La peau blanche) et prend l'affiche demain. Si son personnage principal, incarné par Patrick Huard, se nomme Bastien Lavallée plutôt qu'Alain Montpetit, c'est bien de l'ancien animateur de Ciné-Quiz dont il est question.

Funkytown n'est pas qu'une biographie filmée sur la déchéance d'un Icare de la boule disco. C'est un film choral finement tissé, doublé d'une peinture sociale captivante, campé dans un Montréal postolympique et préréférendaire insouciant des lendemains de veille. Un Boogie Nights québécois, inspiré autant par les faux-semblants chatoyants d'une époque de débauche festive que par la part sombre d'un phénomène, le disco, raillé à l'époque et depuis pratiquement rayé de nos livres d'histoire.

«Disco sucks», veut l'adage. Ce n'est pas le cas de Funkytown qui, malgré certains personnages plus caricaturaux, des trames narratives inégales et des erreurs de distribution (François Létourneau, en fils de magnat du disco, semble tout droit sorti des Invincibles et de Prozac), raconte de manière captivante, sans complaisance ni condescendance, un pan méconnu de l'histoire du Québec.

C'était l'époque des chansons à textes et des élans mélodiques de l'affirmation nationale. L'âge d'or des Beau Dommage, Paul Piché et autres Harmonium. C'est ce que l'on en retient. Mais c'était aussi le zénith de la scène disco montréalaise, qui rivalisait d'effervescence avec celle de New York.

Steve Galluccio et Daniel Roby posent un regard à la fois ironique et compatissant sur ce phénomène éphémère, reconstitution historique à l'avenant, avec ses vêtements quétaines, ses stars jetables et son jet-set superficiel.

En filigrane, Funkytown traite de l'arrivée au pouvoir du PQ et de l'exode d'une certaine classe d'affaires vers Toronto. Le film est d'ailleurs bilingue, un parti pris justifié et fort intéressant, qui permet la découverte de nouveaux visages (Justin Chatwin, en particulier) tout en témoignant de la réalité de l'époque.

Patrick Huard est parfaitement crédible en macho en déroute, prompt aux accès de colère, accro aux femmes et à la cocaïne, qui prend conscience, trop tard, des erreurs qu'il a commises. Évitant la caricature, Paul Doucet se surpasse dans le rôle de Jonathan, personnage librement inspiré de Douglas «Coco» Léopold, un autre animateur célèbre mort tragiquement, du sida en 1993.

Funkytown, malgré les apparences, est un film sombre. L'envers cruel d'un décor glacé, en carton-pâte.

Demande spéciale

Je ne suis pas du genre à me plaindre d'une contravention. En début de semaine, pour la forme, je me suis entretenu, très civilement, avec un monsieur qui venait d'en coller une sur mon pare-brise. Je m'étais garé devant le cinéma Quartier Latin, d'où je sortais justement. Dans la toute première place de stationnement à côté de la porte, dans une petite rue (Emery) qui n'en compte qu'une demi-douzaine.

Le film, je l'ignorais - j'aurais sans doute dû m'en informer - durait environ 2 h 15. J'ai expliqué, pour sa gouverne, à l'employé de Stationnement de Montréal que la limite maximale fixée par l'horodateur était de 2 h. Et que dans les circonstances, à moins d'exiger des cinéphiles qu'ils quittent la projection avant la fin du film, il valait peut-être mieux être clément.

Très poli et correct, l'employé de la Ville m'a expliqué que la limite de 2 h lui semblait en effet absurde devant un cinéma (il existe ailleurs des bornes dont la limite est fixée à 3 h), mais qu'il avait malheureusement un travail à faire. Il a ajouté que la plainte d'un seul citoyen ne pouvait sans doute rien changer, mais qu'à plusieurs, qui sait...

Dont acte. Au nom de tous ceux qui se sont déjà pris une contravention devant un cinéma parce que les bandes-annonces du début étaient interminables, je fais donc officiellement la demande suivante: chers cinéastes, pourriez-vous S.V.P. limiter la durée de vos films à 1 h 30? Cela me semble plus simple que d'exiger un changement de politique à l'administration Tremblay.