Comme des trains dans la nuit, ils ne se sont pas encore croisés, mais cela ne saurait tarder. Je parle de Billy Bob Thornton et d'Angelina Jolie, qui, à seulement 48 heures d'intervalle, ont chacun présenté un film à la 62e Berlinale: Billy Bob hier en compétition avec Jayne Mansfield's Car et son ex, réalisatrice du film In the Land of Blood and Honey, en programme spécial samedi.

Les paris étaient ouverts sur qui poserait la question à un million de dollars à Billy Bob Thornton après la projection de Jayne Mansfield's Car, un troisième film très personnel, campé en Alabama à la fin des années 60 et réunissant deux familles ennemies, l'une américaine et l'autre britannique.

La question n'a pas mis de temps à fuser: «Avez-vous vu Angelina à Berlin?» Billy Bob Thornton a souri, avouant qu'il était pleinement conscient qu'on allait lui poser cette question jusqu'à la fin de sa vie. «Vous voulez la vérité? a-t-il lancé. Eh bien! la vérité, c'est qu'Angelina est une femme formidable et une grande amie. Nous nous parlons souvent au téléphone et nous étions tous les deux très contents de savoir que nos deux films seraient à Berlin et que ça ferait jaser. J'aime Angelina, j'aime ses enfants; Brad est un ami et je vais continuer à aimer Angelina toute ma vie, à l'aimer en amie. Si nous ne nous sommes pas encore vus ici, c'est que nous sommes tous les deux très occupés, mais ça ne devrait pas tarder.»

Voilà pour la petite histoire. Pour la grande, Billy Bob Thornton qui, en plus d'avoir écrit et réalisé le film, y interprète un des trois fils du patriarche (Robert Duvall), a été d'une candeur déconcertante. Interrogé sur l'élan qui l'avait poussé à écrire ce film qui suit trois générations d'hommes marqués par la guerre, il s'est lancé dans des aveux touchants. «La raison pour laquelle Robert Duvall se précipite sur les lieux des accidents de voiture et y entraîne ses fils, c'est parce que, dès l'âge de 4 ans, mon père a fait la même chose avec moi. Mon père était un vétéran de la guerre de Corée. C'était un Irlandais violent qui me maltraitait physiquement et moralement et avec lequel je n'ai jamais eu de conversation, mais je l'aimais malgré tout. À cause de lui, j'ai passé ma vie à chercher l'approbation des hommes plus âgés. Je l'ai fait avec Robert Duvall. Au début, il me terrifiait et je voulais à tout prix qu'il approuve ce que je faisais. En même temps, j'ai fini par comprendre que mon père ne communiquait pas parce qu'il n'en avait pas la capacité. Les accidents de voiture, c'était sa façon de se connecter avec moi.»

Le résultat est un film sincère sur la relation père-fils, parfois drôle, parfois maladroit et beaucoup trop long. Chose étonnante, il a été produit par Alexandre Rodnyansky, un grand producteur russe. «Personne en Amérique ne voulait produire le film, alors c'est un Russe qui a pris le risque. Ça veut tout dire», a balancé Billy Bob.

Reste que le film le plus abouti et touchant de cette cinquième journée du Festival du film de Berlin est un film d'Ursula Meier, L'enfant d'en haut, sur la relation mère-fils. Avec sobriété et maîtrise, le film raconte l'histoire d'un gamin pauvre de 12 ans qui vit avec sa soeur et qui vole de l'équipement de ski dans la luxueuse station qui domine son HLM. Ici, le téléférique sert de métaphore pour évoquer l'abîme entre la Suisse d'en bas et la Suisse d'en haut. Un petit bijou.

Un mot sur la mort de Whitney Houston dont l'écho a résonné à la Berlinale. On a appris que Sparkle, le film qu'elle a tourné récemment et dans lequel elle incarne la mère de trois filles qui veulent former un groupe, sortira le 17 septembre. Le film devait marquer le retour fulgurant de la star sur la scène publique, retour qui n'aura pas lieu. Invité à commenter sa mort, Kevin Macdonald, réalisateur d'un documentaire-fleuve sur Bob Marley, a affirmé qu'un film sur la vie de Whitney Houston serait à coup sûr un film très triste, mais qu'il ne fallait pas compter sur lui pour le réaliser. Peu importe qui le réalisera, il est déjà assuré que ce film se fera. Et avec un peu de chance, peut-être même qu'il se retrouvera un jour en compétition à la Berlinale.

Angelina Jolie a déclaré hier qu'elle souhaitait que son film In the Land of Blood and Honey entraîne la tenue d'un débat plus large sur le viol.

En soirée, à Berlin, le groupe Cinéma pour la paix lui a décerné un prix soulignant «son opposition à la guerre et au génocide».

Angelina Jolie a scénarisé et réalisé cette histoire d'amour entre une Bosniaque musulmane et un Bosniaque serbe, qui se transporte dans les camps de réfugiés où les viols sont monnaie courante.