La saison de télé québécoise qui s'achève n'a pas offert de nouveautés du plus grand cru. Entre les blagues convenues de Rock et Rolland, les ruptures de ton de Mirador, les flash-back de Yamaska et les élucubrations poético-philosophiques de Trauma, j'ai soupiré plus d'une fois devant mon téléviseur. Chaque saison ne nous fait pas découvrir une série de la trempe d'Aveux.

Heureusement, il n'y a pas à la télé que des nouveautés. S'il y a une série à laquelle je me suis «abonné» cet hiver, c'est C.A. Ce n'était pas gagné d'avance. La première saison m'avait laissé de glace, malgré sa mise en scène inventive. Je trouvais les personnages caricaturaux, superficiels, trop grossièrement définis. J'ai appris, avec le temps, à les apprivoiser. Aujourd'hui, leur destin m'importe. Touché.

Si je reproche encore à Louis Morissette quelques répliques comiques plaquées, je me suis laissé séduire par son récit. Les intrigues se sont complexifiées, elles ont mûri, comme son auteur, qui a su jouer à merveille, dans cette ultime saison, des codes du drame et de l'humour, du malaise et du sentiment authentique.

C.A. prendra fin lundi prochain, d'une fin, dit-on, que personne n'aura vue venir. Une fin «comme dans la vie», me confiait Louis Morissette mercredi, pour un deuil télévisuel comme je les aime.

L'avis dissident

La décision rendue lundi sur les redevances pour les télévisions généralistes est d'un flou artistique digne du CRTC. Le Conseil veut contraindre les distributeurs (Bell, Vidéotron, Shaw) à payer les chaînes généralistes pour leur signal. Sauf qu'il n'offre aucune balise. Une façon comme une autre de s'en laver les mains.

Les réseaux généralistes sont déficitaires alors que les réseaux spécialisés, qui profitent déjà de redevances, sont pour la plupart très rentables. Les distributeurs, de leur côté, ont engrangé des profits de 2,3 milliards en 2009. Excusez du peu.

Pendant que les câblos font de l'argent comme de l'eau, devinez qui, à terme, finira par débourser davantage de sa poche? Le consommateur, comme le dit avec raison le conseiller Michel Morin dans un avis dissident, est le laissé-pour-compte du système.

«Une chose est sûre, ce sont encore les consommateurs qui écopent aujourd'hui, dit-il. Quoi qu'il en soit, il y a un risque certain que le consommateur canadien se voie imposer au bout du compte de nouveaux frais d'abonnement pour les services généralistes privés, sans qu'il n'y ait augmentation ou amélioration de la programmation.»

Quelqu'un osera-t-il le contredire?

Un Goncourt dans la boîte vocale

Ça ne m'était pas arrivé encore de découvrir, un lundi matin dans ma boîte vocale, le message d'un Prix Goncourt. «Bonjour Marc Cassivi, je vous appelle de France, je suis Gilles Leroy, l'auteur de Zola Jackson.» Une voix douce et posée. L'écrivain (Prix Goncourt pour l'excellent Alabama Song en 2007) voulait dissiper tout malentendu à propos de l'une de mes récentes chroniques («La vanité»), particulièrement équivoque, où je citais un passage de son dernier roman en évoquant l'action humanitaire controversée de Sean Penn.

«J'admire beaucoup Sean Penn à titre personnel, aussi bien l'acteur, le réalisateur, que l'homme public. Ce n'est bien sûr pas moi qui parle dans l'extrait que vous avez cité. C'est bien mon héroïne, qui est très énervée et très en colère. On peut la comprendre. J'ai eu l'impression que l'on pouvait penser que je traitais, moi, Sean Penn de vaniteux. Vraiment, c'est quelqu'un que j'admire beaucoup.» Nous sommes au moins deux.

Abolir les cégeps

J'ai raté jusqu'à présent l'exercice ludique qu'est le combat des livres, à l'émission de Christiane Charette, à la Première Chaîne de Radio-Canada. À tel point que je n'ai appris qu'hier que le politologue Christian Dufour y défendait le plus assommant des romans du terroir: Le survenant de Germaine Guèvremont. Cet ouvrage chéri par les professeurs de français d'une autre époque (celle des ridicules schémas actanciels) a non seulement découragé de la littérature québécoise une génération entière de cégépiens, mais il en a convaincu certains d'abandonner leurs études. Son analyse forcée, un trimestre pénible durant, m'a transformé, il y a 20 ans, en militant de l'abolition des cégeps. Ce n'est pas un compliment.

 

Photo: Radio-Canada

La série C.A. (dont on voit ici les comédiennes Isabelle Blais et Sophie Bourgeois) prendra fin lundi.