C'est un rituel de fin d'année, d'aussi loin que je puisse me souvenir. Pendant que certains se ruent dans les magasins pour profiter des soldes des Fêtes, je parcours les bilans des chroniqueurs musique. Ceux de mon journal bien sûr, mais aussi d'autres publications dignes de confiance, américaines, britanniques, françaises.

J'aime les listes de fin d'année. Depuis toujours. J'ai encore, enfouie quelque part dans une boîte de souvenirs au sous-sol, celle du «American Top 40» de 1984, l'année de mes 11 ans, telle que décrite par Casey Kasem à la radio de CKGM (si je me souviens bien). J'avais tout retranscrit au stylo-bille, jusqu'à la première position: Ghostbusters de Ray Parker Jr, le «#1» entouré d'une grande étoile.

À la fin des années 80, je dévorais le bilan des critiques et lecteurs du Rolling Stone avant de faire une razzia chez le disquaire. Le bonheur du rattrapage. Je me souviens avoir découvert Doolittle, des Pixies, de cette façon. Il faut dire que j'ai toujours été déphasé en musique. Au moins un an en retard sur tout le monde. Le disque que j'ai le plus écouté en 2009? For Emma, Forever Ago de Bon Iver. Un fabuleux album sorti... en février 2008.

Mon rituel du temps des Fêtes, comme ma consommation de musique, a évolué depuis quelques années. Je consulte de plus en plus de listes, grâce au web, et je ne vais plus chez le disquaire. Je m'enferme dans le bureau, et je fais mes emplettes en ligne. Un bonheur virtuel, multiplié par les iPod qu'il faut mettre à jour, les nouvelles listes à composer pour le jogging, etc.

Cette année, j'ai ajouté un degré de difficulté. En déplaçant des disques pour faire une place au sapin de Noël, j'ai constaté que tous ces boîtiers en plastique n'avaient pas bougé depuis des lustres. J'ai décidé de ranger cet amas poussiéreux et de finir de numériser ma collection. J'en suis à 1257 albums. Il doit bien en rester quelques centaines.

Pendant ce temps, j'écoute ma découverte de l'année, découverte cette semaine, des mois après tous mes amis mélomanes: The xx. Sa reprise de Teardrops, le vieux hit de Womack and Womack, est géniale. Comme le premier album, xx, de ce groupe de jeunes Londoniens d'à peine 20 ans. Duos gars-fille irrésistibles, mélodies accrocheuses, musiques atmosphériques, spleen raffiné de guitares suaves et subtiles. Basic Space, qui joue en boucle à la maison, est ma chanson du moment. L'album xx sera peut-être mon disque... de 2010.

Ce n'est pas pour les contredire...

Sans aucune surprise, Avatar de James Cameron est le roi du box-office du temps des Fêtes. Ce n'est pas pour contredire mon amie Sonia Sarfati (qui lui a donné quatre étoiles), mais il me semble qu'avec un budget de 300 à 500 millions de dollars, Cameron aurait pu se payer un scénariste digne de ce nom. Avatar a beau être visuellement splendide, son scénario reste d'un conventionnel navrant, d'une violence typique aux films-catastrophes, avec morale écologiste à la clé. Un film de mégalo, fait sur mesure pour les ados.

Ce n'est pas non plus pour contredire l'ami Lussier, mais Nine de Rob Marshall (auquel il a, lui aussi, donné quatre étoiles) peut s'avérer insupportable pour le cinéphile qui, comme moi, a horreur des comédies musicales. On est par-dessus la tête dans les clichés sur le néoréalisme, dans le toc américain, l'esbroufe et le déjà-vu. Daniel Day-Lewis joue en prime Guido Contini/Marcello Mastroianni/Federico Fellini avec un accent de l'Europe de l'Est. Bref, ce film qui sonne faux est aux antipodes de 8 1/2.

Ma résolution pour 2010: moins contredire mes amis.