«Regarder davantage de bonnes séries télévisées fera de vous de meilleurs citoyens.» La phrase m'a fait réfléchir cette semaine, sans doute en raison des nombreux a priori liés à l'écoute de la télévision. Elle est tirée d'un article de ma collègue Nathaëlle Morissette, publié lundi, qui résume la pensée de deux chercheurs de l'Université de Montréal, passionnés de téléséries.

Daniel Weinstock, philosophe de formation, est le directeur du Centre de recherche en éthique de l'Université de Montréal. Marc Zaffran, un médecin généraliste, est chercheur invité au CREUM depuis février. Le docteur Zaffran est mieux connu sous son nom de plume, Martin Winckler (La maladie de Sachs).

Le philosophe et l'écrivain s'intéressent dans le webfeuilleton Éthique en séries, sur le site internet du CREUM, à l'éthique dans les téléséries américaines. Ils s'accordent pour dire que les téléséries de fiction sont des vecteurs puissants - et sous-estimés - de conscientisation sociale.

«La fiction télévisée, affirme Martin Winckler/Marc Zaffran, est plus puissante, plus pertinente et plus libre que les débats, les sujets d'actualité et les documentaires pour véhiculer des idées, des valeurs éthiques, et des confrontations de point de vue.»

Les nombreux détracteurs de la télévision diront que Winckler exagère. Ils sous-estiment à mon sens l'étendue du pouvoir du petit écran. On le sait, il n'y a pas de médium plus universel, plus accessible, plus populaire que la télévision. Or il n'y a pas non plus, dans les grands médias, de forme plus audacieuse et plus subversive en ce moment que la série télé pour transmettre des idées.

Il faut mal connaître la télévision pour ne pas s'en rendre compte. Il n'y a rien de plus vrai que la fiction. Seuls les inconditionnels de l'essai l'ignorent. On peut tout faire dire à un personnage de fiction. Sans les filtres de la censure et de l'autocensure, sans risquer l'opprobre collectif (je pense au dernier Bye Bye), en confrontant bien des idées reçues.

Parce qu'elle rejoint une large audience, qu'elle est souvent le reflet de réalités méconnues, qu'elle ose parfois aborder des thématiques sociales sensibles, la télésérie, la bonne télésérie, peut en effet faire de ses spectateurs de «meilleurs citoyens». Une série comme La vie la vie a fait davantage pour la banalisation de l'homosexualité dans la société québécoise que n'importe quel documentaire sur la question depuis 10 ans.

La série télé permet, contrairement au cinéma de fiction, d'exploiter à long terme une courbe narrative complexe.

Elle permet aussi, contrairement au roman, qu'une intrigue soit nourrie presque instantanément par l'actualité. Les personnages de séries populaires telles Boston Legal, Law&Order ou 30 Rock ont commenté l'automne dernier la campagne présidentielle américaine... pendant qu'elle se déroulait. On ne saura jamais précisément le rôle qu'a joué, indirectement, par la présence forte du personnage de David Palmer, la série 24 dans l'élection de Barack Obama.

Martin Winckler, qui écrit sur la télévision depuis longtemps, aime tellement les séries américaines qu'il est même prêt à défendre Dallas. Le prolifique romancier et essayiste erre cependant lorsqu'il cite en exemple de sa thèse le téléroman québécois Virginie. On l'excusera. Il n'habite Montréal que depuis peu.

Si la bonne télé peut rendre «meilleur citoyen», la mauvaise télé peut avoir l'effet contraire. Virginie ne transcende pas la réalité, elle la caricature à outrance. La série de Fabienne Larouche s'abreuve tellement à l'actualité quotidienne que des journalistes pourraient lui réclamer des droits d'auteur. Mais ça, c'est une tout autre histoire...

La musique est bonne pour le coeur

Une récente étude américaine a déterminé que la musique n'est pas seulement bonne pour le moral, mais aussi pour le coeur.

Des spécialistes de la faculté de médecine de l'Université du Maryland ont découvert que nos vaisseaux se dilatent lorsque l'on écoute une musique que l'on aime. Ces mêmes chercheurs avaient établi, il y a quelques années, que le rire était un remède efficace contre les maladies vasculaires.

Michael Miller, directeur de la prévention en cardiologie au centre médical de l'Université du Maryland, a demandé à une dizaine d'étudiants de choisir leur musique préférée. Il leur a aussi fait écouter d'autres types de musiques, qualifiées de «stressantes», de «relaxantes» ou d'«humoristiques».

Son équipe a ensuite constaté une dilatation moyenne de 26 % des vaisseaux d'un étudiant qui écoutait sa musique préférée, contre un rétrécissement de 6% des vaisseaux à l'écoute d'une musique dite «stressante». La musique humoristique a entraîné en moyenne une dilatation de 19 % des vaisseaux et la musique de relaxation, une dilatation de 11 %.

Je viens de comprendre pourquoi j'ai ressenti une douleur vive à la poitrine en écoutant, un dimanche en début de soirée, sur la Première Chaîne de Radio-Canada, Céline Dion enterrer de ses trémolos larmoyants Ginette Reno sur les plaines d'Abraham.