«Je peux te garantir que dans le prochain budget, l'argent sera là. Les programmes vont survivre», m'a dit une source en début d'après-midi hier. Une source crédible, bien au fait des stratégies du gouvernement Harper.

Les conservateurs vont faire marche arrière, ai-je annoncé à mes patrons. La chose, loin de m'apparaître incongrue, m'a semblé toute naturelle. Où il y a de la grogne, il n'y a pas de plaisir. Or, depuis que l'on a appris la suppression en douce de sept programmes culturels du gouvernement fédéral, la semaine dernière, il y a de la grogne. Et très peu de plaisir.Hormis Routes commerciales et PromArt, destinés à l'aide aux artistes canadiens à l'étranger, les cinq autres programmes culturels dont le ministère du Patrimoine a confirmé l'abolition seraient reconduits, m'a laissé entendre cette source. «Il y a erreur. Il n'y a que deux programmes qui disparaissent. Un porte-parole du ministère du Patrimoine devrait te le confirmer aujourd'hui», a-t-elle ajouté.

Le ministère du Patrimoine ne me l'a pas confirmé, bien au contraire. Au bureau du premier ministre, d'où ma source dit tenir son information, on s'est contenté d'affirmer que les programmes touchés «ont soit atteint leurs objectifs originaux ou d'autres organismes offrent un soutien ou une formation comparable».

Bref, rien de bien rassurant pour tous les artistes et organismes qui ont appris, il y a 10 jours, qu'on leur couperait les vivres à la fin de l'année financière.

De trois choses l'une: ou bien ma source se trompe, ou bien l'on trompe ma source, ou bien l'on tente de me tromper. Quoi qu'il en soit, la stratégie de communication adoptée par le gouvernement conservateur depuis une semaine sent l'improvisation à plein nez. Comme du reste sa gestion des affaires culturelles.

Ainsi, en interviewant la ministre Josée Verner la semaine dernière, j'ai cru comprendre que les programmes Routes commerciales et PromArt (qui relève du ministère des Affaires étrangères) pourraient renaître sous une autre forme. Quand? Comment? Avec quelles sommes à la clé? Tout cela reste à être défini. On croirait que lorsqu'on abolit deux programmes culturels totalisant quelque 14 millions de dollars en subventions, on aurait une idée précise de la façon dont on veut les remplacer. Rien de bien rassurant, disais-je.

Parlez-en à l'Institut national de l'image et du son (INIS), à qui le gouvernement Harper vient de retirer le quart du budget annuel (environ 900 000$), et qui est toujours dans l'expectative d'une réponse claire d'Ottawa à cette question simple: pourquoi?

En février, le Ministère a procédé à l'évaluation du Programme national de formation dans le secteur du film et de la vidéo (PNFSFV), dont bénéficiait l'INIS. Parmi les conclusions du rapport, publié en juin: «Il est difficile d'évaluer le rapport coûts-efficacité du PNFSFV. (...) À l'évidence, le PNFSFV ne chevauche pas et ne fait pas double emploi avec d'autres programmes existants au Canada qui fournissent eux aussi de l'aide financière pour la formation.»

Pourquoi, alors, l'abolir?

Parce qu'il faut donner l'apparence d'une gestion plus serrée des fonds publics en prévision d'élections automnales? Parce qu'il faut plaire à une base d'électeurs qui considère que l'investissement dans la culture est pur gaspillage? Parce que, comme me l'a dit la ministre, le «rendement des investissements» n'est pas assez intéressant? On parle de culture, madame Verner, pas de culture de patates.

Un vrai scoop

Faute de vous annoncer, en primeur et sans l'ombre d'un doute, que le gouvernement Harper a retrouvé ses esprits et décidé de ne pas sabrer sans retenue ses programmes culturels, je vous offre ce petit scoop télévisuel: le synopsis de la troisième et ultime saison des Invincibles (janvier 2009 à Radio-Canada).

«Deux années ont passé depuis le voyage à Punta Cana. Nos super-héros sont toujours en couple mais, fidèles à leurs habitudes, des frictions se pointent à l'horizon. Lasses des chicanes avec leurs chums immatures, leurs blondes font un pacte et décident de noter leurs bons coups sur un calendrier. Mais cela ne tournera peut-être pas comme elles le voudraient...»

J'ai hâte en ta... comme dirait l'autre.

La toune de l'été

Mon sympathique collègue Patrick Lagacé en a parlé sur son blogue il y a quelques semaines, en réponse à Stéphane Laporte, qui a parti le bal. Le confrère du Journal de Montréal Philippe Rezzonico en a rajouté hier. Non messieurs, la toune de l'été n'est ni I Kissed a Girl de Katy Perry, ni Viva la vida de Coldplay, ni Mercy de Duffy. La toune de l'été, c'est Blind de Hercules and Love Affair, un truc dansant, hyper accrocheur, rétro-kitsch, du genre Boy George rencontre Soft Cell et la section de cuivres de Men at Work. Le gars avec la voix aux trémolos d'ange, ce n'est pas Boy George mais Antony Hegarty, sans ses Johnsons. Le même Antony dont la version de If It Be Your Will de Cohen, pendant le concert hommage I'm Your Man (à Télé-Québec la semaine dernière, disponible en DVD), m'a donné des frissons. Sa version dépouillée de Knocking on Heaven's Door de Dylan (sur la trame sonore de I'm Not There) est aussi un bijou. Blind, de Hercules and Love Affair. Aucune idée si ça tourne à la radio. Mais impossible de ne pas danser.

Les chanceux

Pourquoi j'envie mes amis Simon, Pierre et Jean-François (les apôtres) d'être à Pékin pendant les J.O.? Parce qu'ils n'ont pas à souffrir les commentaires quotidiens d'Alain Goldberg (en particulier sa description honteusement paternaliste de la cérémonie d'ouverture). Parfois, on préférerait n'y comprendre que du chinois.