Lorsque septembre reviendra, bien des bouleversements pourraient s'être produits. L'été qui vient sera celui de tous les dangers.

On verra si la grande vague populiste qui propulse Trump vers la Maison-Blanche aura diminué ou pris de l'ampleur.

L'impensable pourrait se produire si le futur candidat républicain continue à être au coude-à-coude avec Hillary Clinton dans les sondages nationaux, et si cette dernière continue de voir son image abîmée. Une image abîmée par la vigoureuse campagne que mène Bernie Sanders, mais surtout par ses propres erreurs.

Elle vient d'être sévèrement blâmée par l'nspecteur général du secrétariat d'État pour avoir communiqué avec l'administration sur son serveur personnel, contre toutes les règles de sécurité, alors qu'elle parcourait le monde à titre de secrétaire d'État. Si jamais le FBI, qui enquête actuellement sur le dossier, devait arriver à la conclusion qu'elle a porté atteinte à la sécurité de l'État, la fière Hillary serait pratiquement disqualifiée. Elle serait remplacée, comme candidate démocrate, par le vice-président Joe Biden ou un autre sauveur de dernière minute. Autant de grain à moudre pour le Donald...

C'est également cet été - le référendum a lieu le 23 juin - que l'on saura si la Grande-Bretagne sortira de l'Union européenne. Si c'était le cas, les conséquences pour l'Europe seraient catastrophiques même si le Royaume-Uni a toujours été un partenaire récalcitrant, qui reste hors de l'euro et a gardé ses frontières, et n'a jamais vu l'UE autrement que comme une vaste zone de libre-échange commercial.

Le retrait de la deuxième puissance économique après l'Allemagne aura un impact financier mais aussi politique. L'UE en sortira grandement affaiblie, et un retrait servira de précédent pour d'autres pays membres qui réclameront à leur tour des concessions. L'Europe, menacée à la largeur du continent par la montée de l'extrême droite, y perdrait aussi en termes de valeurs, la Grande-Bretagne étant, de tous les pays membres, la plus ancienne et la plus solide démocratie libérale de l'union.

L'extrême droite, justement. En Autriche, son candidat à la présidence a été défait... par seulement 30 000 voix ! Ce danger, déjà réalité dans les pays de l'Est comme la Hongrie ou la Pologne, s'est accru avec la crise des réfugiés dans l'Europe occidentale, jusqu'aux tranquilles social-démocraties scandinaves. Dans l'Allemagne jusque-là épargnée, le parti xénophobe AfD a fait des pas de géant aux élections régionales, après l'afflux des réfugiés auxquels Angela Merkel avait ouvert la porte.

En France, le Front national de Marine Le Pen est la seule formation qui sortira intacte du chaos social provoqué par la réforme (pourtant bien partielle) du Code du travail. C'est en juin, vraisemblablement, que devrait se dénouer la crise sociale qui est à la veille de paralyser la France. La CGT, la centrale communiste qui est le fer de lance de la contestation bien qu'elle ne représente que 2 % des syndiqués, perdra-t-elle des alliés en chemin ? Les syndiqués aussi, après tout, veulent avoir l'électricité chez eux et de l'essence pour leur auto... Ou alors, l'exécutif (le président Hollande et le premier ministre Valls) reculera-t-il sous la pression en abrogeant la loi du travail ou en la modifiant suffisamment pour calmer le jeu ? Décideront-ils plutôt de dissoudre le Parlement et de déclencher des élections législatives ? Chose certaine, les semaines qui viennent seront fertiles en drames politiques.

Xénophobie, migrants... Les deux thèmes se répondent comme une partition bien réglée. Le retour du temps chaud a fait augmenter l'ignoble traite humaine qui, partant de la Libye dévastée, entasse sur des embarcations de fortune des Africains désespérés, pendant que les réfugiés d'Irak et de Syrie, refoulés de la Grèce et de la Macédoine, reprendront la route de la mer pour tenter de rejoindre l'Europe. Avec pour résultat de renforcer les craintes et la xénophobie qui alimentent l'extrême droite européenne. Combien de naufrages verrons-nous cet été dans les eaux bleues de la Méditerranée ? Combien de malheureux échoués sur les plages, pendant que la guerre et les tueries se poursuivront au Moyen-Orient ?

Amis lecteurs, comptons-nous chanceux d'être, dans notre pays paisible, à l'abri de la misère du monde. Je vous souhaite donc un bel été, avant de vous revenir début septembre.