Mais pourquoi donc le Parti québécois s'obstine-t-il à faire la cour à Québec solidaire et à quelques groupuscules, alors que c'est du côté de la Coalition avenir Québec qu'il devrait regarder s'il veut triompher un jour des libéraux ?

Une fusion PQ-CAQ est certes impossible... encore que si la rationalité prévalait, les deux partis pourraient fort bien s'y résoudre. Il y a peu de choses qui les séparent, à part l'idéal souverainiste du PQ et les ego de leurs chefs respectifs.

Pourtant, le PQ a beaucoup plus en commun avec la CAQ qu'avec Québec solidaire.

Les deux partis sont nationalistes. Entre la CAQ de centre droit et le PQ de centre gauche, il n'y a guère de divergence socioéconomique fondamentale. Ils se partagent la majorité du vote francophone. Ils ont des organisations électorales dignes de ce nom à la largeur de la province.

Imaginons, à défaut de fusion, une alliance électorale où les deux partis se répartiraient les circonscriptions, la CAQ se concentrant sur la grande banlieue montréalaise, et le PQ sur l'est de Montréal et les régions. Une pareille coalition signerait probablement la défaite d'un PLQ usé par le pouvoir.

Même la question de la souveraineté n'est pas un obstacle infranchissable. François Legault a déjà été un fervent souverainiste et il suivrait le courant si jamais les sondages annonçaient qu'une majorité de Québécois est prête à envisager un autre référendum. Rares sont les fédéralistes de conviction au sein de la CAQ.

En vérité, il y a davantage d'anti-souverainistes à Québec solidaire qu'à la CAQ. Selon un sondage Léger, ce serait le cas d'au moins le tiers des membres de QS ! Les autres n'acceptent l'indépendance que si elle s'accompagne d'une révolution dont les Québécois ne veulent pas. La plupart des caquistes, par contre, sont des nationalistes pragmatiques qui partagent les préoccupations identitaires du PQ, alors que QS est en faveur du multiculturalisme.

Le PQ, enfin, s'est passablement rapproché de la CAQ en se donnant un chef venu lui aussi du milieu des affaires... et dont QS a d'ailleurs bien raison de penser qu'il ne sera jamais un homme de gauche.

Chose certaine, la « convergence » souhaitée par le PQ est un projet bien plus absurde qu'une alliance avec la CAQ.

Québec solidaire, de toute façon, n'est pas intéressé par un rapprochement. QS exigera une métamorphose complète du PQ pour l'envisager. Même à supposer que QS daigne céder aux avances du PQ, on se demande bien ce que le PQ y gagnerait en échange. Il ne récolterait pas un vote de plus... et en se « gauchisant » pour amadouer QS, il se couperait de la majorité de l'électorat, et ses partisans modérés iraient se réfugier à la CAQ !

Proclamer, comme le fait M. Péladeau, que « le PQ n'a plus le monopole de la souveraineté » est parfaitement ridicule. Bien sûr, aucun parti politique n'a de monopole sur la pensée indépendantiste - même le PQ de René Lévesque ne l'avait pas ! -, mais le PQ reste, et de très loin, l'unique véhicule capable de porter le projet souverainiste.

Malgré ses trois députés omniprésents, QS reste plafonné à environ 10 % dans les sondages (c'est encore moins le jour du scrutin : 6 % en 2012, 7,6 % en 2014). Ses seuls espoirs sont dans le centre et l'est de Montréal... et le PQ ne voudra jamais s'exiler de la métropole.

Quant à Option nationale, n'en parlons pas. En 2012, le parti, alors dirigé par une vedette montante, Jean-Martin Aussant, a récolté 1,9 % du vote, pour tomber en 2014 à 0,7 %. Le Parti indépendantiste ? 0,03 % en 2012... et en 2014, un gros total de 126 votes. Comparez avec les résultats du PQ et de la CAQ en 2014 : 30 % et 22 %.

La « convergence » souhaitée par le PQ, c'est l'histoire du buffle qui demande à la libellule et au poisson rouge de l'aider à traverser la rivière. C'est insensé.