François Hollande a-t-il exagéré en disant que la France était « en guerre » ?

L'expression a quelque chose d'incongru quand on parcourt les misérables biographies des terroristes du 13 novembre : une bande de voyous et de paumés tout juste bons à manier des kalachnikovs.

Mais cela ne les a pas empêchés de faucher toute une jeunesse, en ce soir fatidique. Le carnage est là. Et la peur aussi, car les Français savent bien que d'autres tragédies sont à venir.

Ce n'est pas la guerre avec des tanks, mais c'est pire en un sens : on ne sait pas d'où viendra l'ennemi, ni ce qu'il visera.

La France est aux prises avec tous les malheurs, de tous les côtés. Sur fond de crise économique, elle est forcée de déployer ses forces militaires débordées et sous-financées tant au Mali qu'en Syrie, tout en se voyant maintenant, plus que jamais, attaquée de l'intérieur.

Les chiffres sont saisissants. La France est, de très loin, la principale cible occidentale du groupe État islamique après avoir été victime d'autres organisations du même acabit.

Selon L'Obs, la France a subi 19 attentats islamistes depuis 25 ans. Sur la même période, il ne s'en est produit que trois en Grande-Bretagne, deux en Suède et en Belgique, et un seul en Espagne, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark et en Bulgarie. Aucun en Italie et en Grèce, pourtant bien plus proches des zones de conflit.

Le Canada est particulièrement tenu au devoir de solidarité à cause des liens organiques qui le relient à la France, mère patrie du quart des Canadiens.

Le premier ministre Trudeau a lamentablement failli à ce devoir le soir du 13 novembre, avec son petit discours indolent. Histoire peut-être de se rattraper, il s'est invité l'autre jour à la commémoration organisée par la Délégation du Québec sur les lieux de la tragédie.

Mais en s'agenouillant devant les tributs de fleurs et les lampions - une jolie pose que les caméras n'ont pas ratée - , M. Trudeau n'a pas effacé son erreur initiale, celle d'avoir confirmé le retrait immédiat des avions de chasse canadiens du Proche-Orient, alors qu'il aurait pu annoncer solennellement le maintien des opérations militaires, quitte à rapatrier discrètement nos avions à la fin du mandat parlementaire, prévue pour la fin de mars.

Le gouvernement a eu l'intelligence de ralentir le rythme de la venue de réfugiés syriens pour tenir compte des réalités qui n'avaient pas été prévues durant la campagne électorale. Il n'avait qu'à faire la même chose au moment où l'on devait venir à la rescousse, serait-ce symboliquement, de la France assiégée.

Que pouvons-nous faire, nous, simples citoyens, pour démontrer notre solidarité ? Y aller ! Oui, visiter et revisiter Paris, la plus belle ville du monde, explorer les régions françaises qui sont toutes, sans exception, magnifiques. L'état d'urgence impose des contraintes occasionnelles aux résidants (ralentissement des trains de banlieue, perquisitions, interdictions des manifs), mais touchera fort peu les touristes.

Le tourisme est l'une des grandes ressources de la France, représentant près de 7 % du PIB. Or, les derniers événements ont poussé bien des gens à annuler leur voyage. Les Français eux-mêmes sont craintifs : la fréquentation des cafés et restaurants a baissé de 40 % par rapport à novembre 2014.

Un récent sondage CROP indiquait que 69 % des Québécois étaient « inquiets » à l'idée de voyager en Europe (ce qui désignait implicitement surtout la France, première destination européenne des Québécois).

Ressaisissons-nous. Nous avons tous beaucoup plus de chances de mourir d'un cancer ou d'un accident d'auto que d'un attentat terroriste ! Participer à la baisse du tourisme en France, ce serait procurer une autre victoire aux tueurs islamistes.