Vous voulez aller à l'université. Entre les quatre universités qui existent à Montréal et les cinq ou six autres situées dans un rayon de moins de 250 km, laquelle choisirez-vous?

Il y a des chances que la réponse soit: n'importe laquelle sauf l'UQAM. Depuis la saga des carrés rouges de 2012, le phénomène n'a fait que se renforcer: cette université est à l'épicentre des pires dérives.

Détail troublant, c'est aussi la seule où une partie non négligeable des professeurs prend fièrement le parti de l'anarchie.

Voilà une réalité dont la direction de l'institution est sans doute douloureusement consciente. Une réalité qui est terriblement injuste pour la majorité des étudiants de l'UQAM, qui veulent suivre leurs cours normalement, et pour la majorité de ses enseignants, qui sont aussi compétents que ceux des autres universités - et qui sont, dans plusieurs cas, des sommités dans leurs disciplines respectives.

Mais c'est la réalité, et elle va frapper d'autant plus fort que ces prochaines années, le nombre global d'étudiants est appelé à diminuer et que les universités s'arracheront cette clientèle réduite.

L'UQAM risque d'être victime du syndrome bien connu de l'écrémage: les meilleurs étudiants, ceux en tout cas qui souhaitent une formation continue et se soucient de la réputation de leurs diplômes sur le marché du travail, ceux-là iront ailleurs.

En une seule journée, cette semaine, ce campus a vu une trentaine de cours sauvagement interrompus et 22 arrestations. On a vu une vingtaine de professeurs et de chargés de cours former une «chaîne humaine» pour protéger contre la police des manifestants masqués et armés de divers projectiles! Où donc se croyaient-ils? À Tiananmen?

Quand un bâtiment est envahi par des voyous qui terrorisent le personnel et saccagent le matériel, on appelle la police. Rien de plus normal. Le territoire d'une université n'a rien de sacré depuis des siècles, surtout pas quand il s'y produit des attaques qui mettent des personnes en danger. (Je ne parle pas de l'intégrité du matériel, cela, les contribuables y verront, et le contribuable, dans ce si riche pays du Québec, a le dos large et les poches profondes!).

Que se passe-t-il dans cette université? La liberté académique y semble trop souvent piétinée. Des profs dont les idées déplaisent à tel ou tel groupe sont ciblés, et leurs bureaux placardés d'infâmes écriteaux. Sans parler des commandos de jeunes femmes qui se font une spécialité d'accuser anonymement des professeurs d'agressions sexuelles (lesquelles? Mystère!), et tant pis pour les réputations détruites...

Combien, parmi les casseurs masqués, sont-ils de vrais étudiants? Combien d'infiltrés du Black Bloc? Combien d'étudiants «à vie» qui, profitant des bas droits de scolarité, conservent un statut d'étudiant qui leur apporte certains avantages (transports et spectacles à prix réduit, etc.) sans jamais viser un diplôme?

Ah, mais l'UQAM est une université populaire du centre-ville, dit-on pour excuser les abus! N'est-ce pas aussi le cas de Concordia, institution branchée sur le métro qui reçoit beaucoup d'étudiants de familles peu éduquées? Or Concordia ne vit pas de telles déprédations.

Heureusement, le ministre de l'Éducation semble peu disposé à l'indulgence, et le recteur a résisté aux pressions des «collectifs» qui réclament sa tête et qui, pour un peu, le traiteraient de fasciste pour avoir modestement tenté de ramener le campus à la raison.

Les cours annulés seront-ils repris à la charge de Québec, à qui les reprises du printemps érable ont coûté 36,8 millions? Non, a dit le ministre Blais. Saine décision. En toute logique, le rattrapage devrait être assumé gratuitement par les profs et les chargés de cours qui ont encouragé l'usage de la force brute au mépris de leurs autres étudiants.