Encore neuf jours... Ce sera long, car cette campagne est en train de nous amener au fond du baril. Que trouve-t-on au fond d'un baril exposé à l'air pollué pendant un mois? Des détritus, des résidus toxiques...

À force de voir leurs politiciens jouer dans la boue, bon nombre d'électeurs risquent de décrocher et de rester chez eux le 7 avril. Mario Dumont, qui a toujours eu de l'intuition, prédit que la tournure qu'a prise la campagne fera monter le taux d'abstention.

Le PQ, que la panique devant les récents sondages a poussé à multiplier les coups sales, devrait en prendre note, car l'abstention, on le sait, favorise les Libéraux, dont l'électorat est plus discipliné.

L'atmosphère résultant des allégations sans preuve lancées à la commission Charbonneau et de la fièvre provoquée par une campagne particulièrement chaude va bientôt devenir irrespirable.

Le PQ s'est surpassé dans la paranoïa en échafaudant le scénario ridicule d'un «vol d'élections» perpétré par une poignée d'étudiants anglophones (dont la plupart voteront dans des circonscriptions libérales!).

À entendre les péquistes, le gouvernement Charest était l'antre de toutes les turpitudes... comme si le Québec avait été pendant neuf ans, à l'instar de l'Ukraine ou de l'Égypte, un haut lieu de la corruption internationale! Un peu de mesure serait bienvenu.

Il ne manquait plus que la vulgarité pure et simple, et François Legault y a vu en disant que le gouvernement Charest avait laissé le Québec « dans la merde » et en accusant MM. Charest et Couillard de manquer de «couilles». Faut-il vraiment, en plus d'assister à des chasses aux sorcières fondées sur la culpabilité par association, se faire infliger ce langage de grossier matamore?

Aux antipodes, on trouve la mère-la-vertu de QS, dont tout le monde loue, avec raison, les bonnes manières. Mais Françoise David a une autre façon, plus insidieuse et plus perverse, de lancer de la boue. L'angélisme est aussi une arme de combat.

Quand elle demande de son ton doucereux pourquoi Philippe Couillard n'a pas déposé l'argent gagné en Arabie saoudite dans «une caisse populaire» pour «aider l'économie du Québec», elle sait fort bien que c'est un coup bas, que le choix fiscal de M. Couillard était parfaitement légal et qu'aucun contribuable, à sa place, n'aurait été assez stupide pour aller payer des impôts qu'il n'avait pas à payer.

Quand elle reproche à Mme Marois sa mollesse envers la souveraineté, elle sait très bien que la chef péquiste est obligée de mettre la pédale douce sur la rhétorique référendaire. Sainte Françoise ne fait ici que du bon vieux maraudage électoral. Elle essaie, dans la plus pure tradition politicienne, d'attirer les souverainistes désenchantés en se drapant dans le drapeau d'une pureté idéologique qu'elle-même ne pourrait pratiquer si elle dirigeait un parti de gouvernement...

Rien n'est joué. Le Parti libéral serait-il monté trop vite, comme dans l'expression classique «to peak too soon» ? Tous les stratèges politiques redoutent comme la peste ce phénomène.

Effectivement, les sondages lui accordant à mi-campagne une forte longueur d'avance auront peut-être nui au PLQ, devenu la cible que ses adversaires continueront d'attaquer sans relâche pour la deuxième semaine consécutive.

La performance combative de François Legault au dernier débat ramènera-t-elle à la CAQ les brebis égarées qui s'étaient réfugiées dans le giron du PLQ par peur du référendum?

Chose certaine, Pauline Marois ne pouvait aller plus loin dans ses efforts pour rassurer l'électorat non souverainiste: un peu plus, et elle s'engageait à rayer l'article 1 du programme du PQ!

Et hier, Jean-François Lisée était en mission commandée pour faire mine d'enterrer l'idée d'un référendum pour les quatre prochaines années...

Mais les électeurs les croiront-ils? Pas sûr.