Une lectrice avisée me refile une idée qui pourrait ajouter un peu d'huile dans l'engrenage enrayé du conflit sur les droits de scolarité et peut-être aussi s'avérer bénéfique, académiquement parlant.

Le gouvernement, dit-elle, a déjà consenti des améliorations substantielles au système des prêts. Pourquoi ne pas faire un pas de plus, et transformer en bourses les prêts consentis aux étudiants qui auraient terminé leurs études universitaires dans le temps prévu, et ce, avec une moyenne de notes considérée comme acceptable (disons un peu au-dessus de la moyenne)?

Pour les contribuables, le coût d'une pareille mesure serait minime, puisque les étudiants seraient encouragés à se concentrer sur leurs études, et arriveraient plus tôt sur le marché du travail. Cela représenterait des économies pour les universités, et des gains pour l'impôt.

Notre correspondante met ici le doigt sur un problème qui affecte l'enseignement supérieur au Québec: trop d'étudiants mettent trop de temps à terminer leurs études, souvent parce qu'ils ont des emplois. Cela nuit à la qualité du travail académique. La perspective de ne pas avoir de dettes à la sortie de l'université pourrait les encourager à étudier à plein temps et à finir leurs cours dans des délais normaux.

L'université gratuite

Inutile de commenter l'idée farfelue de la CLASSE, qui réclame la gratuité totale des études universitaires et ce, même pour les étudiants étrangers!

Parlons quand même deux minutes du modèle français, où l'université est gratuite. Comment se fait-il que 6400 étudiants français ont choisi cette année de s'inscrire dans nos universités «payantes» alors qu'ils n'auraient pas un euro à débourser en étudiant chez eux?

L'une des raisons, c'est que les universités, en France, sont en général de niveau médiocre: classes surchargées, professeurs débordés et excédés (la plupart n'ont même pas un bureau à leur disposition). L'État français privilégie les Grandes Écoles, ces institutions où la clientèle est sélectionnée et qui forment à grands frais les élites du pays. Les universités, ouvertes à tous, sont les parents pauvres du système... et sans l'apport financier des parents et des étudiants, elles sont condamnées à se contenter de subventions gouvernementales qui ne répondent pas aux besoins.

Ah! Mais il y a aussi la Scandinavie, direz-vous, où les universités n'ont pas à rivaliser avec les Grandes Écoles. Eh oui! Il y a par exemple la Norvège, où l'université est gratuite... mais en échange, les étudiants doivent effectuer un an de service militaire non rémunéré. C'est ainsi que la société se rembourse.

Alors, les enfants? 325$ de plus par année, ou un an de service militaire non rémunéré?

Le modèle chinois

Dans la Chine (encore) communiste, toutes les écoles publiques, y compris les écoles primaires et secondaires, imposent des frais aux familles, au point où les dépenses, pour l'éducation d'un enfant, peuvent représenter jusqu'au tiers du budget familial.

L'accès à l'école coûte en moyenne 3522 yuans (440$ US), et l'accès au collège, 5000 yuans (625$ US). Les écoles rurales sont moins chères, mais comme les familles rurales sont beaucoup plus pauvres, la proportion du budget familial dévolu par l'école est bien plus élevée.

En moyenne, une famille en région rurale gagne 3204 yuans par année. Faites le calcul, il va de soi que non seulement les parents, mais aussi les grands-parents doivent se saigner à blanc pour faire instruire les enfants.

Or, et voici l'élément le plus intéressant du modèle chinois, les familles chinoises acceptent volontiers de payer pour faire instruire leurs enfants. Pourquoi? Parce que pour eux, l'éducation n'est pas un droit, c'est un très grand privilège.