Saviez-vous que Québec solidaire est organiquement lié au Parti communiste du Québec? Qu'au moins une dizaine de militants de groupuscules marxistes ont été candidats de QS aux élections de 2007 et de 2008? Que cinq des 16 membres de l'exécutif de QS militent dans des formations d'extrême gauche?

Si vous l'ignorez, cher lecteur, c'est normal. Les médias ont la mauvaise habitude de ne pas couvrir les activités des tiers partis, se contentant de rendre compte des interventions de leurs chefs. Les journalistes pullulent aux congrès du PQ et du PLQ, mais ne suivent pas les délibérations des congrès de QS, vraisemblablement sous prétexte qu'il ne formera pas le gouvernement. On se contente de rendre compte de la conférence de presse de clôture de ses co-porte-parole.

La même indifférence s'est manifestée à propos du NPD, que les médias jugeaient éternellement condamné à un rôle de tiers parti. On a vu ce que cela a donné: les électeurs ont voté pour un parti qu'ils croyaient le fidèle reflet du bon «Jack» ... mais qui, en réalité, est tout autre chose, et beaucoup moins «québécois» qu'ils le croyaient.

À lire le programme officiel de 2008 de QS, on croirait avoir affaire à un simple parti de gauche: beaucoup d'idées généreuses, guère originales. Les «pistes de réflexion» qui font suite à son congrès de l'automne dernier sont plus inquiétantes.

On se demande par exemple si l'État devrait éliminer la publicité commerciale, pour la remplacer par «des lieux d'information publique» (sic), si l'État devrait «nationaliser les médias en tout ou en partie», «contrôler ou bannir les commanditaires et la publicité dans les médias» et «reconsidérer le contenu des ondes, soit les parts accordées au divertissement, à l'information et à la réflexion».

Une conception totalitaire de la culture pointe avec cette autre «piste», qui verrait l'État «définir une culture commune (valeurs, connaissances historiques et culturelles)».

On pense aussi à offrir à tout citoyen un revenu à vie, à limiter la place du secteur privé dans le logement locatif et à interdire la sélection des élèves, ce qui éliminerait les collèges privés, les écoles internationales ou à projet éducatif spécial.

Comme les médias n'ont pas couvert ce dernier congrès, on ignore quelle fut la teneur des débats sur ces propositions-là. Dommage, car cela aurait permis au public de prendre le pouls du parti.

Tous les membres du Parti communiste sont donc ipso facto membres de QS. Le PCQ y forme un «collectif», de même que cinq autres groupuscules d'extrême gauche, dont les membres peuvent promouvoir leurs idées au sein de QS.

Selon Wikipédia, il s'agit de la «Gauche socialiste», une organisation qui milite pour la lutte des classes, et dont l'un des membres compte parmi les 16 membres de l'exécutif de QS; de «Masse critique», qui milite dans «les urnes et la rue», qui compte trois membres à l'exécutif de QS et dont trois militants ont été candidats de QS aux élections de 2008; de «Socialisme international», une organisation trotskyste à laquelle appartient le secrétaire général de QS; de «Tendance marxiste internationale» et enfin d'un groupuscule appelé «Décroissance conviviale».

Le rôle du PCQ est loin d'être négligeable: trois de ses dirigeants ont été candidats de QS aux élections de 2007, dans L'Acadie, Blainville et Mirabel, et en 2008, quatre de ses militants ont porté les couleurs de QS dans L'Acadie, Blainville, Terrebonne et Bellechasse.