Un relationniste montréalais lançait récemment dans ces pages une charge contre les taxis : «un service digne d'une république de bananes pour des prix de cinq étoiles», des voitures sales et déglinguées...

J'ai pris beaucoup de taxis dans ma vie. Il y a des jours où je suis d'accord avec ce correspondant, mais dans l'ensemble, il me semble au contraire que le service s'est amélioré avec les années et qu'il y a moins de «minounes» sur la route.

Une partie du crédit revient aux chauffeurs d'origine haïtienne. Nombreux sont ceux qui sont propriétaires de leur véhicule, et ils l'entretiennent avec soin, en vous offrant en prime une jolie petite musique créole. Ils connaissent bien la ville, ils sont toujours de bonne humeur et très courtois.

Ce n'est pas le cas de tous les chauffeurs immigrés non haïtiens. J'en ai eu un, récemment, qui ne connaissait pas le chemin de la Côte-des-Neiges. La semaine précédente, j'ai dû expliquer à un chauffeur où était l'hôtel Reine Elizabeth...

Les plus désagréables sont ceux qui considèrent ce job indigne d'eux. Je suis bien prête à croire qu'ils ont tous eu un doctorat en physique nucléaire dans leur pays, mais le passager, qui d'ailleurs paie cher la course, est-il obligé de les voir bavarder interminablement au téléphone tout en faisant du slalom dans le trafic, une main sur le volant et l'autre tenant le portable? Ceux-là, quand on leur demande poliment de mettre fin à leur conversation en leur signalant qu'il est illégal et dangereux de conduire avec un portable à la main, réagissent parfois avec une arrogance insoutenable, en vous sommant carrément de descendre.

Contrairement à notre correspondant, il ne m'est jamais arrivé de me faire enguirlander par un chauffeur frustré de ne pas aller à l'aéroport, mais c'est peut-être parce qu'en général, je passe par la centrale d'appel ou je hèle les taxis dans la rue - au centre-ville, c'est si facile... Je ne risque donc pas de tomber sur un chauffeur qui a poireauté une heure à la porte d'un hôtel et qui, fort logiquement, s'attend à une course un peu rentable.

Oublions New York et ses chauffeurs de taxi désagréables et brutaux. Pensons plutôt, s'il faut viser plus haut, à Londres, à ses merveilleuses berlines, à ses chauffeurs stylés et bien informés. J'avoue toutefois un faible pour les taxis parisiens.

Contrairement à un mythe hélas fort répandu, ils sont conduits par des gens tout à fait gentils et courtois, pour peu qu'on ait soi-même la politesse de leur dire bonjour en s'installant dans leur habitacle et de leur indiquer clairement où l'on veut aller. Leurs voitures sont en général en très bon état, et toutes équipées d'un GPS.

Et le service! Rien à voir avec les manières à la va-comme-je-te-pousse de la compagnie montréalaise que j'appelle le plus souvent, et qui ne peut jamais vous dire à l'avance quel est le numéro de la voiture qui viendra vous chercher. J'ai souvent été prise entre deux chauffeurs hystériques, dont l'un tentait de «voler» la course de l'autre... mais comment savoir lequel était le «légitime»?

À Paris, les compagnies de taxi ont un système de réservation informatisé, qui «reconnaît» les usagers. Le taxi arrivera à l'heure pile, et aura la dimension requise. Ce service requiert un léger supplément, compensé par le fait que le taxi, à Paris, coûte beaucoup moins cher qu'à Montréal.

Si l'on veut promouvoir le tourisme et faciliter en même temps la vie des citoyens, pourquoi pas une grande concertation entre les autorités publiques et les entreprises pour donner à Montréal un service de taxi stylé et efficace?