Personne ne suivra plus attentivement la course au leadership du NPD que les libéraux fédéraux... du moins ce qu'il en reste.

En effet, le seul espoir du PLC est qu'avec un leader terne ou gaffeur, le NPD s'effondre d'ici aux prochaines élections. Autrement, entre un gouvernement de centre-droit et une opposition de gauche qui glissera sûrement au centre-gauche, l'appétit du pouvoir aidant, il n'y aura plus d'espace pour le Parti libéral.

Est-il à la veille de disparaître de la carte? C'est ce que croit le journaliste politique Peter C. Newman, qui vient de publier un livre au titre non équivoque: When the Gods Changed: The Death of Liberal Canada. Il avait d'abord eu l'idée de décrire l'ascension de Michael Ignatieff au pouvoir, mais devant la débandade du parti, il s'est ravisé et a plutôt fait la chronique d'une agonie politique.

Pour l'instant, c'est Bob Rae qui sauve la mise. Il a l'intelligence et l'expérience, et c'est lui qui est, de fait, le véritable chef de l'opposition au parlement, la chef intérimaire du NPD, Nycole Turmel, n'étant pas à la hauteur de la tâche.

Layton décédé, le NPD est un parti non seulement sans leader mais sans leadership. Ses éléments les plus solides s'occupent de leur propre campagne au leadership, et le gouvernail est entre les mains de Mme Turmel, une ancienne syndicaliste sans expérience politique dont le jugement laisse à désirer. Comment expliquer que le NPD, qui militait en faveur du bilinguisme à la Cour suprême sous un gouvernement minoritaire, ait laissé passer sans réagir les nominations du juge Moldaver et de Michael Ferguson?

Avec sa piètre performance aux Communes, rien d'étonnant à ce que la cote du NPD au Québec ait baissé de six points par rapport à octobre, si l'on en croit les derniers sondages Léger. Ces six points ont été récupérés par le Bloc, ce qui montre que les électeurs néo-démocrates, presque tous d'anciens bloquistes, pourraient facilement revenir au bercail si le NPD n'arrive pas à se donner un leader inspirant et à redevenir présent sur la scène publique.

Les Québécois avaient voté pour Layton, non pour le parti, et Layton est décédé. L'unique «vedette» du parti, au Québec, était Thomas Mulcair, et lui aussi est disparu des écrans radar, tout entier requis par sa campagne au leadership.

Le PLC, pendant ce temps, reprend un peu du poil de la bête, avec ce projet de «primaires» à l'américaine (ou à la française), une formule qui pourrait lui amener de nouveaux adhérents et rehausser son image. Mais aujourd'hui, il fait face à un Canada qui, comme le dit Newman, n'est plus le pays qui avait choisi le PLC comme «gouvernement naturel» pendant la plus grande partie du XXe siècle.

Le Québec, la base traditionnelle du parti avec l'Ontario, s'est violemment retourné, sans doute durablement, contre le PLC. L'Ouest lui reste hostile. L'Ontario s'est ouvert aux Tories, qui bénéficient en outre d'une conjoncture idéale: le vieillissement de la population les favorise.

Les conservateurs, à force d'acharnement, ont réussi à enlever aux libéraux le monopole qu'ils ont eu si longtemps dans les communautés immigrantes. Ces dernières sont d'autant plus intéressées aux Tories qu'elles sont culturellement conservatrices. Et Jean Chrétien a porté le coup de grâce à son parti en faisant passer une loi qui le prive des dons des entreprises dont il avait longtemps été le premier bénéficiaire, pendant que le PC roule sur l'or, alimenté par les contributions modestes de militants motivés... Le PLC n'est peut-être pas mort, mais il n'est pas fort!