Michael Ignatieff à TLMP. Comme d'habitude, interview complaisant. L'animateur ne lui pose pas une question sur la montée du NPD et ne pense même pas à reprendre la question-massue de Jack Layton au débat anglais et à lui demander pourquoi il avait été absent de 70% des votes aux Communes.

Michael Ignatieff à TLMP. Comme d'habitude, interview complaisant. L'animateur ne lui pose pas une question sur la montée du NPD et ne pense même pas à reprendre la question-massue de Jack Layton au débat anglais et à lui demander pourquoi il avait été absent de 70% des votes aux Communes.

Le chef libéral est bien placé, juste à côté de Dodo, l'enfant chérie du Québec, qui l'adoubera gentiment, soit par conviction, soit parce que c'est une bonne fille qui a de la sympathie pour les «underdogs». Et dieu sait que M. Ignatieff en est un par les temps qui courent!

Le glorieux Parti libéral, qui croyait que le pouvoir lui revenait de droit divin, n'en finit plus de chuter. La chute a commencé avec Paul Martin, s'est amplifiée avec Stéphane Dion... et sous la houlette de Michael Ignatieff, c'est encore pire. Les libéraux en sont rendus au point où ils seront heureux de pouvoir former l'opposition officielle, eux que les sondages pancanadiens placent ex aequo avec le NPD, sinon derrière.

Le chef libéral a de la classe, il est sympathique, il mène une campagne enlevée, il s'est assez bien sorti des débats... Rien n'y fait.

Il y a dans ce parti quelque chose qui cloche et qui n'a rien à voir avec le leader. D'où vient la maladie, ou la malédiction?

Où est l'erreur? Pas dans le scandale des commandites, une histoire qui commence à dater et que la moyenne des ours a déjà oubliée. Encore moins dans les tourments constitutionnels d'il y a 30 ans, ni même dans la saga de Meech qui, de toute façon, n'a affecté le PLC qu'au Québec. (Au fait, dites-moi vite: qu'est-ce qu'il y avait dans l'accord du lac Meech?). La chute ne tenait pas qu'à l'anglais déficient de Stéphane Dion ou à son impopulaire taxe carbone. Elle ne tient pas davantage aux contorsions idéologiques de M. Ignatieff, invisibles pour ceux qui ne suivent pas la politique de près.

Attendons-nous à voir resurgir le projet, mijoté l'an dernier par MM. Chrétien et Broadbent, d'une fusion entre le PLC et le NPD. Cela sera encore plus facile si le prochain chef libéral est l'ancien néo-démocrate Bob Rae...

Il y a quand même eu quelque chose de drôle à TLMP. On a fait un montage des références de M. Ignatieff à la fameuse Mme Paillé lors du débat français. Onze mentions! C'est un vieux truc populiste qu'Obama a abondamment utilisé: on identifie des électeurs lambda rencontrés durant la campagne pour illustrer des problèmes auxquels on a la solution.

En tout cas, M. Ignatieff aura mis Mme Paillé sur la «mappe». Cette dame qui avait posé une question banale sur l'emploi en région sans émettre l'ombre d'une opinion est devenue, grâce au bavardage des médias sociaux qu'un rien suffit à exciter, l'incarnation du «vrai monde».

Le Journal de Montréal lui a même donné une chronique intitulée «La voix du peuple», dans laquelle Mme Paillé a rejeté du revers de la main l'idée qu'elle pourrait aller travailler à Trois-Rivières, «à 45 minutes en voiture», imaginez donc. Allo, Madame? Sur quelle planète vivez-vous donc? Savez-vous que c'est ce que font matin et soir, pour gagner leur vie, une grande partie des habitants de la région de Montréal? Et ils n'en meurent pas!

Heureusement pour Mme Paillé, les dieux se sont invités à Sainte-Angèle-de-Prémont: grâce à l'intervention miraculeuse du Journal, Mme Paillé n'a même pas à sortir de chez elle pour travailler!