Au moins, cette fois-ci, Elizabeth May ne viendra pas jouer la mouche du coche et interrompre les «grands» dans son français approximatif. Les débats télévisés se feront à quatre, entre les chefs des partis représentés aux Communes.

Au moins, cette fois-ci, Elizabeth May ne viendra pas jouer la mouche du coche et interrompre les «grands» dans son français approximatif. Les débats télévisés se feront à quatre, entre les chefs des partis représentés aux Communes.

C'est bien le moins que l'on puisse exiger, en effet. Les diffuseurs devraient s'entendre une fois pour toutes sur les critères d'admission pour que la comédie du «moi aussi!» ne recommence pas à chaque campagne électorale.

Un critère intelligent et parfaitement juste serait de limiter l'accès aux «débats des chefs» à ceux qui comptent au moins un député au parlement et qui ont recueilli au moins 5% du vote aux dernières élections. C'est déjà fort généreux, et la chef des Verts ne répond pas à la première de ces exigences vraiment minimales.

Mais encore faudrait-il trouver une formule satisfaisante. Celle de la dernière campagne était la pire de toutes, avec ce concept de table ronde faussement conviviale autour de laquelle les chefs s'interpellaient dans la cacophonie la plus totale. La formule avait été rendue nécessaire par la présence de Mme May. On ne pouvait organiser des face-à-face entre cinq chefs.

Comme on revient cette fois aux débats à quatre, on peut revenir à l'ancienne formule des débats à deux, chaque chef étant, comme il se doit, debout derrière un lutrin. Mais la formule reste bancale si l'on ne réserve pas une plage spéciale, plus longue, au débat le plus important - celui mettrait aux prises les deux seuls hommes qui ont, réalistement, des chances de devenir premier ministre, soit les chefs libéral et conservateur.

Or, en laissant au hasard le soin de combiner les face-à-face et en donnant à chaque face-à-face un temps égal, on multiplie les débats secondaires.

Quel intérêt y a-t-il à voir MM. Duceppe et Layton croiser le fer, eux qui sont du même avis sur presque tout (sauf la souveraineté) et qui ne font même pas campagne dans les mêmes eaux, le NPD étant pratiquement absent au Québec, et le Bloc inexistant dans les autres provinces?

Quel intérêt les Canadiens des autres provinces ont-ils à entendre, dans le débat anglais, le chef d'un parti qui ne présente des candidats qu'au Québec? Ils peuvent y trouver, à la rigueur, un intérêt d'ordre intellectuel, mais ces débats ne sont pas des colloques, ce sont des exercices visant à aider les électeurs à choisir le parti pour lequel ils voteront. Un débat anglais à trois serait beaucoup plus vivant et instructif.

Évidemment, M. Duceppe monte sur ses grands chevaux à l'idée que l'on puisse exiger des participants au débat anglais que leur parti soit présent sur la scène pancanadienne. «On veut exclure le Québec!», s'écrie-t-il. Du calme! M. Duceppe, tout Québécois soit-il, n'est pas «le» Québec. Aucun chef politique n'«incarne» un pays, sauf si l'on a une vision mussolinienne de la société.

Le seul argument - et c'en est un de poids - qui milite en faveur de sa présence au débat anglais, c'est que la minorité anglo-québécoise a le droit d'entendre le chef du Bloc dans sa langue. D'ailleurs, M. Duceppe, qui parle bien anglais, n'alourdit pas le processus.

Jack Layton, lui aussi, s'insurge contre l'idée d'un débat spécial entre les candidats au poste suprême. Il accuse Michael Ignatieff de souhaiter un face à face avec M. Harper parce qu'il est moins populaire que lui-même dans les sondages. C'est de l'enfantillage. M. Layton est populaire parce qu'il a une bouille sympathique, mais tout indique que son parti demeurera un tiers parti, même si le PLC devait perdre des voix à son profit.