Pour sauver sa peau des griffes de ses militants radicaux, Pauline Marois s'engage à faire ce qu'aucun premier ministre péquiste n'a jamais voulu faire. Aucun en effet, pas même Jacques Parizeau, n'a voulu interdire aux francophones et aux allophones l'accès au collégial anglais.

Pour sauver sa peau des griffes de ses militants radicaux, Pauline Marois s'engage à faire ce qu'aucun premier ministre péquiste n'a jamais voulu faire. Aucun en effet, pas même Jacques Parizeau, n'a voulu interdire aux francophones et aux allophones l'accès au collégial anglais.

Mais voilà, Mme Marois fera face en avril, au congrès du parti, à un vote de confiance... qu'elle risquait de perdre, à cause de la grogne de la minorité qui a empoisonné la vie de tous les leaders péquistes.

(Curieusement, cette grogne, de la part d'un groupe qui prétend être «l'aile gauche» du PQ, porte sur des enjeux d'ordre linguistique plutôt que social. Sa bataille pour étendre la loi 101 aux cégeps évoque davantage les combats d'arrière-garde de la droite «nationaleuse» que les revendications d'une gauche authentique.)

L'autre façon dont Mme Marois «achète» le vote de confiance de ses militants, c'est en leur promettant, comme elle le faisait ce week-end dernier devant les péquistes de Ville-Marie, des stratégies de confrontation systématique avec le fédéral, par exemple en exigeant le «rapatriement» des pouvoirs sur la culture ou sur de grands pans de l'économie.

On devine la suite. Ottawa dira non, le gouvernement péquiste criera au scandale, le climat politique s'enfièvrera et - c'est du moins l'espoir du PQ - la population, fâchée, aura des envies de référendum... Action, réaction, révolution!

Ce projet était déjà au programme du parti, mais Mme Marois a en a remis en promettant aux militants que la future «gouvernance souverainiste» se fera sous le signe de la provocation plutôt que de l'attentisme, au contraire de ceux qui, comme Pierre Marc Johnson, Lucien Bouchard ou même Bernard Landry, attendaient l'éclosion miraculeuse de «conditions gagnantes» pour envisager un référendum.

On peut d'ores et déjà prédire que plus la date des élections se rapprochera, plus Mme Marois mettra la pédale douce sur ces projets belliqueux, histoire de ne pas effaroucher l'électorat. L'important pour elle ces temps-ci, est de tout faire pour remporter le vote de confiance d'avril. Après, elle verra bien!

La seule question sur laquelle la chef péquiste n'a pas reculé, elle qui était, encore récemment, très peu encline à interdire aux francophones et aux allophones l'accès au cégep anglais, c'est le calendrier référendaire. Elle a refusé de s'engager à tenir un référendum durant un premier mandat.

Cette habitude du PQ de juger ses chefs avant les élections plutôt qu'après, comme le font tous les autres partis, entraîne bien des effets pervers. Cela force le chef à céder à des revendications qui, comme celle sur les cégeps, risquent d'irriter la population.

C'est aussi dans l'espoir de «gagner» son vote de confiance que Bernard Landry avait permis la formation, au sein du parti, de ce SPQ Libre qui ne représentait qu'une poignée de gens, mais qui, grâce à ce statut, allait devenir une sorte d'opposition officielle à laquelle les médias donnaient une importance démesurée. Mme Marois a eu le courage d'éliminer cet appendice encombrant, mais il lui fallait donner d'autres gages aux radicaux...

Ces votes de confiance constituent une lourde épée de Damoclès, d'autant plus que le seuil jugé «acceptable», au PQ, a été fixé à 76% - un chiffre beaucoup trop élevé, qui donne un poids disproportionné aux mécontents chroniques.

Un chef de parti démocratique n'a pas besoin d'être plébiscité à la quasi-unanimité, une honnête majorité suffirait.

Rien d'étonnant à ce que la direction du PQ, au cours des années, ait été portée à espacer les congrès sous divers prétextes... ce qui, autre effet pervers, nuit à la vitalité interne du parti.