Les 492 passagers tamouls du Sun Sea débarqués en août dernier à Vancouver étaient-ils d'authentiques réfugiés ou des gens qui voulaient court-circuiter la filière légale de l'immigration?

Les 492 passagers tamouls du Sun Sea débarqués en août dernier à Vancouver étaient-ils d'authentiques réfugiés ou des gens qui voulaient court-circuiter la filière légale de l'immigration?

La réponse est évidente pour qui sait que l'île du Sri Lanka, dont venaient ces migrants, est à un jet de pierre de l'Inde... où vivent 61 millions de Tamouls!

Si leur vie ou leur sécurité avaient été vraiment en danger, n'auraient-ils pas cherché refuge au sein de cette vaste communauté qui partage leur origine ethnique, leur langue et leur religion, plutôt que de s'embarquer en direction de la très lointaine Amérique?

La pointe nord du Sri Lanka et l'extrémité sud de l'Inde sont séparées par un détroit d'une trentaine de kilomètres, et les Tamouls indiens sont concentrés dans l'État du Tamil Nadu, au sud de l'Inde, donc à proximité du Sri Lanka. D'autres communautés tamoules existent aussi dans l'Océan Indien, notamment en Malaisie et à Singapour, où le tamoul est au surplus une langue officielle! Si l'on est vraiment persécuté, n'est-il pas plus simple de se réfugier chez le voisin que de voyager à l'autre bout du monde?

Tous les «queue jumpers», comme disent les Anglais, ne font pas ultérieurement de mauvais citoyens, loin de là, mais le Canada se doit à lui-même de dissuader l'immigration clandestine et d'empêcher la prolifération des faux réfugiés, à plus forte raison quand une arrivée massive laisse croire qu'il s'agit d'une immigration illégale plutôt que d'une fuite devant le danger.

Le Canada, depuis longtemps, a la politique d'accueil la plus libérale au monde, et il a reçu plus que sa part de faux réfugiés (qu'on pense à ceux qui disaient fuir la paisible démocratie qu'est devenu le Portugal!).

Le traitement de ces demandes d'asile constitue un coûteux fardeau, les migrants illégaux ayant généralement détruit leurs papiers d'identité et ne pouvant produire aucun document faisant état d'une quelconque persécution, ni, dans le cas des Tamouls, de preuve qu'ils ne font pas partie de l'organisation terroriste des Tigres.

La procédure est d'autant plus lourde qu'en 1985, dans une décision aberrante, la Cour suprême a forcé le Canada à accorder une audition particulière à chaque demandeur d'asile... qui pourra ensuite se prévaloir de tous les recours en appel. Une fois installé ici (car la plupart de ceux dont l'appel est rejeté échappent à la déportation), lui-même ou sa famille pourra faire venir ses parents, et même ses grands-parents.

Or, le regroupement familial réduit d'autant la part de l'immigration choisie, celle qui, étant sélectionnée en fonction des besoins, sert véritablement les intérêts du pays.

Aussi faut-il approuver, au moins dans ses grandes lignes, le projet de loi visant à prévenir ces arrivées massives que viennent de présenter les ministres de la Sécurité publique et de l'Immigration.

Jusqu'à 10 ans de prison pour les passeurs, détention d'un an pour les demandeurs d'asile dont le cas n'aurait pas été élucidé, période de probation de cinq ans durant laquelle les migrants venus par la filière clandestine ne pourraient parrainer des membres de leur famille et perdraient leur statut de réfugié s'ils retournent dans leur pays d'origine...

Au terme de cette période, l'octroi de l'asile pourrait être réévalué selon la situation dans le pays d'origine. Cette dernière disposition risque d'être déclarée inconstitutionnelle. Il serait proprement inhumain de déporter après cinq ans un individu qui a fait son nid au Canada sous prétexte que son pays d'origine a retrouvé la paix.

Par contre, il n'y aurait rien de scandaleux à ce que le gouvernement refuse d'octroyer instantanément aux «clandestins» tous les privilèges dont jouissent les immigrants reçus qui ont passé par la filière légale.