La France, l'été. Il y a le Tour de France, bien sûr, mais aussi et surtout ce rituel qui revient aux approches de tous les week-ends de juillet et d'août: à grand renfort de messages alarmistes, les médias annoncent un samedi et un dimanche dont la couleur variera selon la gravité de la situation appréhendée : orange pour les gros bouchons, rouge pour d'effroyables congestions, noir pour l'enfer absolu.

La France, l'été. Il y a le Tour de France, bien sûr, mais aussi et surtout ce rituel qui revient aux approches de tous les week-ends de juillet et d'août: à grand renfort de messages alarmistes, les médias annoncent un samedi et un dimanche dont la couleur variera selon la gravité de la situation appréhendée : orange pour les gros bouchons, rouge pour d'effroyables congestions, noir pour l'enfer absolu.

Ces jours-là, en effet, les Français envahissent leurs superbes autoroutes pour commencer (ou clore) leurs vacances estivales. Les autorités prévoient systématiquement le pire pour dissuader les gens de partir tous en même temps. En fait, la catastrophe se produit rarement. Ces allers et retours qui font tous les week-ends la manchette des bulletins de nouvelles se déroulent le plus souvent mieux que prévu, nombre de familles prenant la route en pleine nuit... Le noir a viré au rouge, et le rouge à l'orange, ouf, on respire, et vive la mer, la montagne ou la maison de famille en pierres des champs.

Les Français ont beau râler contre «la crise», les aléas de l'économie ne les empêchent pas de partir massivement en vacances. Ces chassés-croisés ont une telle ampleur qu'ils ont produit des néologismes: il y a les «juilletistes» et il y a les «aoûtiens», et puis les hybrides qui partent du 15 juillet au 15 août.

Depuis que la première mesure du gouvernement socialiste de Léon Blum, en 1936, fut d'accorder à tous les travailleurs un congé payé de deux semaines, le culte des vacances n'a fait que croître. En 1982, les congés payés avaient plus que doublé, à cinq semaines. À la faveur de la loi limitant le temps de travail à 35 heures, le pactole a continué de grossir grâce aux heures supplémentaires. Un collègue parisien ne sait plus quoi faire de ses 12 semaines de vacances annuelles, le pauvre est obligé de dénicher sans répit de nouvelles destinations touristiques. La palme, toutefois, revient aux journalistes de la chaîne télévisée France 3, où l'on peut cumuler jusqu'à 15 semaines de congé!

L'un des résultats de l'accroissement du temps de vacances, c'est que de plus en plus de gens les fractionnent. Au lieu de partir l'été pour six semaines, on prend deux semaines l'hiver. À Paris, la ville se vide et les commerces ferment durant les deux semaines de vacances scolaires d'hiver. On va «au ski» à Bali, au Maroc, en Birmanie... Et l'on repartira à la Toussaint, à l'Ascension, à l'Assomption ou à la Pentecôte, jours fériés dans la très laïque République. Et pour peu qu'une fête (ou une grève) ait lieu un jeudi, on fera «le pont» jusqu'au lundi suivant...

Les forfaits abondent, facilités par le fait que contrairement au Canada, qui est loin de tout sauf des États-Unis, la France est à proximité d'innombrables destinations touristiques. Même l'Inde est deux fois plus proche de Paris - et par vol direct en plus - que de Montréal.

Enquête d'Opinion Way pour le magazine L'Express auprès de familles dont le revenu familial est supérieur à 48 000 euros (63 500$) - une catégorie qui englobe d'innombrables couples de petits salariés: 57% sont partis en vacances deux ou trois fois au cours des 12 derniers mois; 20% sont partis quatre ou cinq fois, et 22% ont pris un mois complet au moins une fois dans l'année.

Chanceux, ces Français! Mais soyons réalistes: ils ont hérité du plus beau pays au monde, on les comprend de vouloir en profiter!