Bonne nouvelle pour les cinéphiles: ExCentris retrouvera en partie sa première vocation, et la salle Fellini sera «redonnée» au septième art. Avec le Parallèle, cela fera deux salles sur trois... Ce n'est pas trop tôt, car l'offre de cinéma de qualité, à Montréal, s'était considérablement rétrécie cette année, même si Montréal reste privilégiée par rapport à New York, où les films «étrangers» (lire non-américains) sont rares.

À mon tour d'y aller de mon petit palmarès. Voici les films que j'ai le plus aimés en 2009, par ordre de préférence. Hélas, tous n'ont pas été projetés à Montréal. C'est à Paris, encore et toujours capitale mondiale du cinéma, que j'ai eu la chance de voir ceux qui ne sont pas passés sur nos écrans... mais qu'on pourra se procurer en DVD.

 

Il Divo, un film magnifique, un portrait satirique, baroque et théâtral de l'ancien premier ministre Andreotti, où le montage et la musique se marient admirablement à la critique politique et au jeu des acteurs (sublime Tony Servillo).

Wendy And Lucy. Normalement, un film dont la covedette est un chien ne serait pas ma tasse de thé. Mais cette oeuvre sobre et dense sur le dénuement et la solitude d'une jeune Américaine (remarquable Michelle Williams) que le mauvais sort immobilise dans une petite ville dévastée par le chômage est un chef-d'oeuvre.

Le déjeuner du 15 août, une adorable et tendre comédie italienne.

Frozen River, tourné en partie sur la réserve d'Akwesasne. Une histoire qui aurait pu être un mauvais mélo, mais qui vous bouleverse.

A Serious Man, des merveilleux frères Coen. Moins cruel que No Country For Old Men, moins hilarant que Burn After Reading, mais le même humour noir, le même regard intelligent, ironique et acéré.

Still Standing, une chronique familiale japonaise tout en délicatesse.

Les trois singes, un film turc, triste et subtil, sur une famille dysfonctionnelle et les rapports de classe.

Tokyo Sonata, ou la dévastation qui s'infiltre dans une famille japonaise dont le père vient d'être licencié.

La camara oscura, un charmant petit film argentin sur les rapports d'une femme à son image.

Séraphine, l'histoire vraie de Séraphine de Senlis, une peintre naïve dont le musée Maillol exposait l'hiver dernier les étonnantes natures mortes.

Au diable Staline, vivent les mariés! Un autre produit de ce jeune cinéma roumain qui n'en finit plus de nous ravir.

Welcome, un émouvant film français sur les «illégaux» de Calais (merveilleux Vincent Lindon).

Le Prophète, ou comment devenir caïd à la place du caïd. Un film coup-de-poing sur le système carcéral français.

Last Train Home, un documentaire fascinant sur les travailleurs des manufactures chinoises.

Last Chance For Love, ou le périple solitaire d'une petite paysanne chinoise.

Une mention spéciale, bien sûr, à J'ai tué ma mère... Non, mais quel talent il a, ce jeune Dolan!

Grosse déception, récemment, avec Up in the air. Un début formidable qui annonce une féroce critique sociale, mais ensuite le film traîne en longueur pour finir dans la niaiserie sentimentale, avec des «témoignages» bourrés de clichés sur les valeurs familiales.

Au rayon des horreurs, Inglorious Basterds, du détestable Tarantino. J'ai quitté la salle en coup de vent (ce qui ne m'arrive jamais) quand une bande de juifs débiles mené par l'improbable Brad Pitt a commencé son carnage - une intolérable désacralisation de la Shoah.

Et... Antéchrist. Je connaissais l'obsession de Lars Von Trier pour les personnages de femmes masochistes et martyrisées, j'avais quand même beaucoup aimé Breaking the Waves et surtout Dogville. Mais ce dernier film est une oeuvre de pervers. J'ai mis des jours à me remettre des scènes les plus horribles.