Plus de 20 ans après avoir été vendue à une multinationale américaine, l’entreprise familiale de services funéraires Urgel Bourgie renoue avec ses origines, puisqu’une descendante du fondateur vient d’investir pour devenir actionnaire du groupe qui est redevenu propriété québécoise il y a 7 ans maintenant. Faut-il y voir une preuve qu’il y a de la vie après ce que l’on croyait être bien mort ?

À l’instar de l’ensemble de l’industrie des services funéraires, l’entreprise montréalaise Urgel Bourgie a subi son lot de transformations au cours des dernières années, survivant notamment à une vague consolidatrice et à la fermeture de nombreux salons funéraires de quartier qui ont fait place aux gros complexes intégrés.

Fondée en 1889, Urgel Bourgie s’est développée durant plus d’un siècle dans la grande région de Montréal et jusqu’à Québec, où l’entreprise a absorbé, en 1988, le groupe Lépine Cloutier.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Fondée en 1889, Urgel Bourgie s’est développée durant plus d’un siècle dans la grande région de Montréal et jusqu’à Québec. En 1996, au moment où l’entreprise a été vendue à la multinationale américaine Stewart, le groupe québécois exploitait 70 salons funéraires et 5 cimetières dans la province.

En 1996, au moment où Urgel Bourgie a été vendue à la multinationale américaine Stewart, le groupe québécois exploitait 70 salons funéraires et 5 cimetières au Québec.

Il faut se souvenir du contexte. Pierre Bourgie, PDG de l’entreprise familiale, a été incapable de résister à l’offre faramineuse que le groupe de La Nouvelle-Orléans lui a faite en 1996, soit 135 millions pour mettre la main sur toutes les activités d’Urgel Bourgie au Québec.

La multinationale américaine était en pleine euphorie consolidatrice et multipliait les acquisitions à fort prix alors qu’elle livrait concurrence à l’autre grand consolidateur, le groupe Service Corporation International.

On le sait, Pierre Bourgie a mis sur pied sa propre firme d’investissement, la Société Financière Bourgie, et s’est lancé dans la philanthropie en orchestrant notamment le financement d’un nouveau pavillon et d’une salle de musique au Musée des beaux-arts de Montréal.

La réalité, toutefois, c’est que le groupe Stewart a payé bien trop cher son acquisition québécoise, tout comme plusieurs autres transactions qu’il a réalisées à l’époque. La multinationale devait à tout prix réduire sa dette et en 2002, Urgel Bourgie a été revendue à un groupe d’investisseurs canadiens mené par la Banque Scotia pour 70 millions.

L’entreprise a changé de mains une fois encore et a été rachetée en 2012 par Athos Services Commémoratifs, qui appartient à un groupe d’investisseurs de la région de Québec.

Les 70 salons funéraires que comptait Urgel Bourgie en 1996 ont été ramenés aujourd’hui à 30 résidences dans les régions de Montréal et de Québec. Beaucoup de salons de quartier ont été fermés à la faveur d’un mouvement de consolidation vers des complexes intégrés avec des salles multifonctionnelles et de vastes stationnements.

Un retour aux sources

Après sept ans, certains actionnaires du Groupe Athos ont décidé qu’il était temps pour eux de se retirer des enseignes Urgel Bourgie et Lépine Coutier, et c’est pourquoi le PDG Michel Boutin a lancé une ronde de financement pour trouver des investisseurs qui allaient prendre le relais de 6 des 11 actionnaires de départ.

C’est le groupe Partenaires Walter Capital, fondé en 2015 par la famille Somers, qui était propriétaire de l’entreprise Walter Technologies pour surfaces, qui a décidé d’injecter 30 millions dans le Groupe Athos.

Depuis sa création, Walter Capital a investi quelque 100 millions dans des PME québécoises pour appuyer leur croissance et leur assurer un soutien logistique. Pour la première fois toutefois, Walter Capital a décidé de s’adjoindre des investisseurs externes pour réaliser son intervention dans le Groupe Athos.

« Walter Capital injecte environ 20 millions et nos partenaires, 10 millions pour racheter certains actionnaires et assurer le développement des bannières Urgel Bourgie et Lépine Cloutier », m’a expliqué hier Éric Phaneuf, président et associé directeur de Walter Capital.

On prend un pourcentage significatif dans la propriété du Groupe Athos. On devient l’actionnaire le plus important, sans être majoritaire, mais on le fait avec des partenaires.

Éric Phaneuf, président et associé directeur de Walter Capital

Parmi les investisseurs partenaires de Walter, on retrouve donc Sylvie Bovet, une descendante du fondateur Urgel Bourgie. Sa mère, Claude Bourgie, est la sœur de Pierre Bourgie qui avait réalisé la transaction de 1996.

Sylvie Bovet est membre du conseil d’administration de la Fondation Marc Bourgie et elle est présidente du bureau de gestion du patrimoine de la famille Bovet-Bourgie.

Pour la descendante d’Urgel Bourgie, qui siégera au conseil d’administration d’Athos, ce sera l’occasion de mettre à profit son expérience dans un secteur d’activité où sa famille s’est illustrée durant plus d’un siècle, ce qui marque un nouveau cycle dans la vie d’Urgel Bourgie.