Les marchés boursiers viennent de terminer une semaine difficile au cours de laquelle ils ont été encore une fois stigmatisés par l’incertitude générée par Donald Trump qui a relancé les hostilités commerciales avec la Chine et réactivé les craintes d’un ralentissement économique des deux plus puissantes économies mondiales.

Ce n’est pas la première fois qu’une intervention intempestive de Donald Trump suscite commotion et chaos sur les marchés boursiers.

En juin dernier, Donald Trump avait créé un mouvement de recul important des marchés lorsqu’il avait décrété que les États-Unis avaient décidé d’imposer un tarif douanier de 10 % sur plus de 200 milliards US de produits d’importation chinois.

Cette annonce avait entraîné la plus forte chute de l’indice Dow Jones en six mois et avait fait reculer de 3 % la Bourse de Shanghai au cours d’une seule séance.

Il faut rappeler que cette surtaxe de 10 % venait s’ajouter à celle de 25 % que Trump avait imposée, trois mois plus tôt, sur des importations chinoises ciblées totalisant 50 milliards US, notamment sur les produits d’acier.

Selon Trump, l’imposition de ces surtaxes n’avait qu’un seul objectif, celui d’amener la Chine à négocier des accords commerciaux plus équitables avec les États-Unis. Ils visaient donc strictement à favoriser le dialogue avec son partenaire et ennemi commercial.

Cette semaine, Trump en a rajouté, encore une fois dans le seul but, selon lui, de ramener l’harmonie à la table des négociations qui devaient reprendre avec la Chine.

Ainsi donc, c’est par un simple tweet à ses millions d’abonnés dimanche matin dernier que Donald Trump a annoncé que les États-Unis allaient hausser à partir de vendredi (hier) de 10 % à 25 % les tarifs douaniers sur les 200 milliards US d’importations chinoises déjà taxées.

Cette nouvelle et dernière salve américaine dans la guerre commerciale avec la Chine a fait chuter toute la semaine les marchés boursiers nord-américains, dont la Bourse de Toronto.

Les principaux indices ont chuté chaque jour de façon marquée et ont perdu jusqu’à 4 % de leur valorisation avant qu’ils n’amorcent une légère remontée à partir de la mi-journée d’hier, et ce, malgré le fait que la Chine a annoncé qu’elle allait imposer à son tour des droits additionnels sur les importations de produits américains.

L’indice S&P 500 a enregistré sa pire semaine depuis le mois de décembre lorsque les marchés étaient encore en pleine déroute et avant qu’ils ne réalisent leur renversement surprenant entrepris depuis le début de l’année.

L’art de la négociation

Je n’ai pas lu le livre Trump – The Art of the Deal, mais à voir la façon dont le président américain continue de négocier avec les pays partenaires des États-Unis, on comprend aisément que la méthode Trump pour conclure un accord d’affaires repose essentiellement sur l’intimidation, la menace et le mensonge.

La semaine même où le vice-premier chinois débarque à Washington pour entreprendre de nouveaux pourparlers avec ses vis-à-vis américains, Trump sort l’artillerie lourde en mettant fin à la trêve qu’il avait décrétée en décembre dernier sur l’imposition de droits additionnels sur les 200 milliards US d’importations chinoises.

Et dans une série de tweets qu’il a commis hier, Donald Trump a défendu cette imposition de nouvelles taxes en laissant entendre que les fonds obtenus par le Trésor américain allaient être redistribués aux producteurs agricoles américains, notamment de soya et de porcs, qui vont être les premiers affectés par les droits de représailles chinois.

Pourtant la majorité des économistes américains insistent pour dire que c’est l’économie américaine qui sera la plus affectée par l’imposition des nouveaux tarifs douaniers.

Les 5700 catégories de produits chinois qui vont être surtaxées vont être vendues plus cher aux consommateurs américains et on estime que ces derniers devront assumer une facture additionnelle individuelle de quelque 700 $ US par année. En taxant les produits chinois, Trump va en fin de compte taxer le peuple américain.

Selon le groupe de recherche et d’analyse quantitative Oxford Economics, cité par l’agence de presse Reuters, la hausse combinée des tarifs américains et chinois devrait générer une réduction de 0,3 % du produit intérieur brut américain et de 0,8 % du PIB chinois pour l’année 2020.

En utilisant encore une fois l’intimidation, la menace et le mensonge – il en est d’ailleurs à plus de 10 000 depuis son entrée à la Maison-Blanche, selon la recension du Washington Post – à des fins politiques, Donald Trump sème le chaos et ne récolte pas grand-chose en retour.

Le plus curieux, c’est que le peuple américain semble encore toujours très loin de se formaliser de l’effet Trump. C’est lorsqu’ils auront à payer la facture des inepties de leur président qu’ils vont peut-être réaliser qu’un rappel à l’ordre s’impose.