C'est dans deux semaines que l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) prendra officiellement vie pour devenir la structure unique qui chapeautera les opérations, la planification et le financement de toutes les organisations de transport en commun de la grande région métropolitaine. Une réorganisation qui ne se fera pas sans les heurts prévisibles du choc des cultures.

Avec l'entrée en service prochaine du Réseau électrique métropolitain (REM), le gouvernement québécois a jugé utile et nécessaire de simplifier et d'unifier l'offre de services des transports en commun dans la grande région de Montréal.

La loi 76, adoptée en mai 2016, a prévu la mise sur pied d'un comité de transition en vue de l'implantation, à partir du 1er juin prochain, de l'ARTM, l'agence unique de supervision du transport collectif et de la simplification des structures avec la création du Réseau de transport métropolitain (RTM).

Le RTM intégrera toutes les activités de transport des trains de banlieue de Montréal qui étaient jusqu'ici encadrées par l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

L'AMT sera dissoute au profit du RTM qui intégrera aussi les 15 sociétés de transport municipal qui supervisaient le transport par autobus vers la métropole de 82 municipalités des couronnes nord et sud de Montréal.

Bref, l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) chapeautera cinq organisations de transport plutôt que les 16 existantes, soit le Réseau de transport métropolitain (RTM), la Société de transport de Laval (STL), la Société de transport de Montréal (STM), le Réseau de transport de Longueuil (RTL) ainsi que le futur Réseau électrique métropolitain (REM).

« Le but premier est de mieux coordonner toute l'activité du transport collectif dans la grande région de Montréal. De cesser d'opérer en silos en intégrant les différentes parties dans la planification stratégique et, évidemment, d'arriver avec une tarification simplifiée », explique Paul Côté, président du comité de transition qui deviendra le 1er juin le PDG de l'ARTM.

Vétéran du transport collectif, Paul Côté a oeuvré durant 38 ans au CN, puis chez VIA Rail, où il a occupé différentes fonctions dont celle de PDG de 2004 à 2010, avant de devenir PDG de l'AMT.

« Avec la structure actuelle, on se retrouve avec près de 750 titres de transport différents dans la grande région métropolitaine. On va simplifier de façon importante l'offre tarifaire du transport collectif en assurant une meilleure coordination », explique le gestionnaire.

Quatre grands acteurs, un objectif

Paul Côté convient d'emblée que le regroupement des trois grandes sociétés de transport urbain de Longueuil, de Montréal et de Laval et du futur Réseau électrique métropolitain sous le chapeau de l'ARTM ne va pas se faire sans heurts.

« Oui, il va y avoir un choc des cultures. Mais on va travailler à développer une vision commune de la mobilité intégrée. C'est là qu'est l'avenir du transport collectif », dit-il.

Chacune des entités va conserver ses responsabilités opérationnelles, mais c'est l'ARTM qui va chapeauter toutes les interventions stratégiques entourant le financement du transport collectif. La nouvelle agence va tout de même relever de la Communauté métropolitaine de Montréal.

« Le transport collectif sur le territoire de la grande région métropolitaine, cela représente 500 millions de déplacements par année. Il faut rendre plus fluides ces déplacements en simplifiant nos offres de services et en augmentant l'accessibilité aux différents moyens de déplacement. »

Avec un téléphone intelligent et un seul titre de transport, un usager de la Rive-Sud devrait être en mesure de prendre le REM pour accéder à Montréal, transférer dans un autobus de la STM pour atteindre sa destination tout en pouvant prendre un taxi Téo pour se rendre à un rendez-vous et utiliser un BIXI pour revenir au bureau, illustre Paul Côté.

Le prochain PDG compte bien décloisonner tous les acteurs du transport collectif pour les amener à la table en vue d'une première planification stratégique globale qui sera réalisée en 2018.

Est-ce que l'ARTM va être en mesure de composer avec les impératifs de rentabilité exigés par la Caisse de dépôt et placement pour le déploiement et la gestion future du REM ?

« Le gouvernement du Québec s'est engagé à absorber 85 % du déficit du REM. Pour la première année, on estime à 76 millions ce déficit. Ce qui veut dire que les municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal auraient à absorber 12 millions, ce qui est vivable », estime-t-il.

Chose certaine, l'intégration du REM à l'offre de transport collectif de la grande région de Montréal va forcer des ajustements pour chacune des organisations de transport, et Paul Côté est d'avis que cette réorganisation est une occasion unique pour déployer une mobilité plus efficace et mieux intégrée.