Bon, on est au début de décembre, et il est déjà temps de revenir sur les grands enjeux qui ont marqué l'année 2016, qui s'achève dans la grisaille. Le phénomène qui a dominé l'actualité économique a été sans conteste la montée du populisme et de sa déclinaison économique, le protectionnisme, un mouvement de fond dont l'ampleur n'a pas fini de nous surprendre.

Depuis quatre semaines, on a beaucoup écrit et disserté sur l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et les répercussions appréhendées qu'elle pourra avoir sur l'ordre économique mondial.

En se faisant le chantre implacable du « America First » durant toute la longue campagne électorale américaine, Donald Trump a bien ancré la position qu'il entendait défendre comme prochain président des États-Unis.

Il s'est engagé à placer les intérêts économiques de son pays au-dessus de toutes les structures multilatérales existantes, quitte à les abolir ou à abroger les ententes qui lient les États-Unis au reste du monde commerçant.

Donald Trump est, bien sûr, l'incarnation la plus extrême du mouvement protectionniste qui veut réduire la portée du vent de libéralisme économique qui a soufflé de façon dominante à l'échelle mondiale depuis 30 ans.

Mais avant l'élection de Donald Trump, on a eu droit l'été dernier au Brexit, lorsque les citoyens de la Grande-Bretagne ont décidé de quitter l'Union européenne dans un mouvement semblable à celui qu'on a observé par la suite aux États-Unis.

On voulait là aussi protéger le territoire britannique de la trop lourde bureaucratie européenne, et les politiciens partisans de la sortie de la Grande-Bretagne ont puisé dans des arguments populistes pour convaincre l'électorat des avantages de quitter l'Union européenne.

On a notamment beaucoup insisté sur l'importance de reprendre le contrôle des frontières britanniques pour limiter l'immigration en provenance des pays de l'Union européenne, aux prises avec la crise des migrants.

Les pro-Brexit ont aussi beaucoup insisté sur les avantages de récupérer la contribution financière que verse la Grande-Bretagne au budget de l'Union européenne, faisant miroiter que cette économie se traduirait par une hausse de l'ordre de 1 % du produit intérieur brut britannique.

La signature récente de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne a été une autre occasion de mesurer les sentiments protectionnistes qui persistent toujours en Europe.

L'opposition de la petite région de la Wallonie à certaines clauses de l'accord a failli faire capoter l'entente qui a finalement été entérinée par le gouvernement européen mais qui devra maintenant être ratifiée par les 28 gouvernements des pays membres de l'Union européenne.

Cette prochaine étape est loin d'être acquise.

Déjà, en Italie, les partis populistes ont canalisé l'opposition aux réformes de la Constitution italienne qui étaient souhaitées par le gouvernement et ont remporté hier le référendum qui portait sur le sujet.

Mince espoir dans la séquence des derniers épisodes de repli sur soi, les électeurs autrichiens ont empêché, hier aussi, l'élection d'un gouvernement d'extrême droite qui semblait pourtant voguer vers une victoire certaine en réélisant in extremis le Parti vert.

Une mauvaise nouvelle pour le Québec

Bref, le discours protectionniste s'incruste de plus en plus au sein même des pays industrialisés, et l'horizon des partisans d'une plus grande libéralisation des échanges commerciaux ne fait que rétrécir.

On sait déjà qu'avec l'élection de Trump, le Canada peut faire une croix sur la réalisation d'un accord de libre-échange avec ses pays partenaires de la région du Pacifique.

Ce qui n'est pas en soi une bonne nouvelle pour l'économie québécoise, qui se nourrit encore beaucoup des exportations pour maintenir une croissance positive. Le Québec est un petit marché qui compte sur ses ventes à l'étranger pour assurer la prospérité de ses entreprises manufacturières.

En 2000, les exportations représentaient plus de 40 % du produit intérieur brut québécois et elles totalisaient plus de 60 milliards US. Depuis cette date, leur poids a lourdement chuté durant les années 2000 avec l'effet combiné de l'entrée en scène de la Chine et de l'appréciation du dollar canadien.

Depuis la crise de 2009, le Québec a été, de peine et de misère, en mesure d'augmenter le niveau de ses exportations pour finalement arriver à dépasser prochainement le niveau record des 60 milliards US, atteint en 2000.

Dans un contexte qui est toujours resté favorable à l'ouverture et à la fluidité des échanges commerciaux, il aura fallu travailler fort durant plus de 16 ans pour que le Québec retrouve ce qu'il avait perdu. La fermeture des frontières commerciales n'est certes pas une garantie que la progression va se poursuivre.