La formation a toujours été au coeur de la vie de Marie-Pier St-Hilaire qui a fondé, en 2000, la firme AFI (Accompagner, Former et Innover), une société de formation et de service-conseil en technologies aux entreprises, alors qu'elle était jeune finissante au baccalauréat en administration et qu'elle entreprenait des études de MBA en affaires électroniques à l'Université Laval.

Dix ans plus tard, elle est allée parfaire son cursus en suivant le programme Owner/President Management (OPM) de l'Université Harvard - l'équivalent d'un MBA professionnel conçu et adapté pour les propriétaires-gestionnaires d'entreprises - tout en poursuivant l'expansion d'AFI.

« L'OPM est un super bon programme qui m'a amenée à vraiment me dépasser. Mais des femmes propriétaires et présidentes de leur entreprise, il n'y en a pas beaucoup. On était 6 femmes sur 149 finissants », souligne Marie-Pier St-Hilaire.

C'est donc en 2000, à l'âge de 22 ans, que l'entrepreneure a démarré les activités d'AFI lorsqu'elle a créé un centre de formation en bureautique et en nouvelles technologies pour desservir les entreprises de la banlieue sud de Québec.

« J'ai débuté en mettant sur pied quatre classes dans un petit local de Lévis pour former les gens à bien maîtriser des logiciels comme Outlook. J'ai embauché deux formateurs pigistes et je mettais toutes mes énergies à recruter des clients.

« Rapidement, on a trouvé des entreprises qui avaient des besoins de formation en bureautique telles que Desjardins Assurances et Desjardins Sécurité financière. Notre clientèle cible n'était pas les PME mais les plus grandes entreprises », explique la PDG.

En 2002, AFI ouvre un deuxième centre à Québec et s'attaque aux 125 ministères et organismes publics et parapublics québécois. La clientèle s'élargit, et Marie-Pier St-Hilaire décide aussi d'accroître la portée d'AFI en créant une division de service-conseil.

« Les gens qui venaient dans nos classes ne comprenaient pas ce que faisait leur employeur. La gestion de changement était absente de leur démarche et, là encore, j'ai recruté des spécialistes avec lesquels on a bâti nos services-conseils autour de la transformation digitale et d'affaires des entreprises.

« On intervient sur deux grands axes, la gestion du changement et le coaching en leadership. On fait des mandats spécifiques de conseil stratégique sur des grands projets pour des clients importants tels Hydro-Québec, le groupe Promutuel, Industrielle Alliance ou la SAQ », précise la spécialiste.

Montréal et bientôt Toronto

C'est à la même époque et à la demande de certains grands clients, tels que Desjardins et Hydro-Québec, qu'AFI commence à sortir de la région de Québec en implantant un centre à Montréal, en 2007.

« Aujourd'hui, on a deux pôles de formation. On vient d'ouvrir notre tout nouveau centre de 10 000 pi2 à Québec et on a deux bureaux à Montréal depuis qu'on a réalisé, en 2015, l'acquisition de la firme montréalaise IC Formation, spécialisée dans le leadership », résume la PDG qui partage son temps entre Montréal et Québec.

Chacune des deux entités compte 75 employés et le service-conseil et la formation représentent chacun 50 % des revenus annuels de 15 millions que réalise la PME de la formation.

Les centres d'AFI disposent de 10 classes à Montréal et de 12 à Québec. Chacun des centres est aussi équipé de quatre classes virtuelles. L'entreprise compte sur un réseau de 650 clients actifs et assure la formation physique de 20 000 personnes par année, en plus des 60 000 qui sont formées de façon virtuelle. AFI offre plus de 500 cours bilingues en classe traditionnelle et virtuelle.

« Les entreprises doivent constamment se mettre à jour. On fait beaucoup de formation en infonuagique et il faut savoir qu'une entreprise comme Azure, de Microsoft, apporte pas moins de 500 modifications techniques à ses programmes chaque année », fait valoir Marie-Pier St-Hilaire.

AFI forme les employés et conseille les entreprises sur les systèmes d'exploitation de tous les grands acteurs mondiaux, que ce soit Microsoft, Cisco, Oracle et maintenant Amazon.

L'entreprise de formation et de service-conseil de Marie-Pier St-Hilaire est la plus importante du Canada, derrière la société américaine Global Knowledge, et l'ambition de la PDG est de prendre d'assaut le marché canadien.

« D'ici cinq ans, on va avoir pignon sur rue à Ottawa et à Toronto. On a déjà des clients pancanadiens comme la BDC qui souhaitent qu'on les accompagne partout au pays. On devrait aussi doubler nos revenus au cours de la période », indique la PDG.

Marie-Pier St-Hilaire est active depuis 2011 au sein de la division québécoise du réseau YPO (Young Presidents' Organization) où elle est la seule femme à avoir bâti elle-même l'entreprise qu'elle dirige. Elle est également pleinement impliquée dans l'initiative Effet A, qui vise à inspirer les femmes à intégrer l'ambition dans leur cheminement de vie.

Trève de golf pour une golfeuse

Dans le cadre de la réalisation de cette entrevue sur les verts, Marie-Pier St-Hilaire a dérogé à la trêve d'activités golfiques qu'elle s'était imposée il y a deux ans pour mieux concilier vie professionnelle et vie familiale.

« J'ai un petit garçon de 5 ans et je trouvais que le golf prenait trop de mon temps même si je jouais beaucoup moins qu'avant. J'ai donc décidé d'arrêter il y a deux ans. Je préfère la course à pied et le vélo, c'est moins demandant », explique-t-elle.

Sinon, l'entrepreneure aurait toutes les bonnes raisons de jouer plus souvent. Elle a commencé à pratiquer le golf à 9 ans et avait de telles aptitudes qu'elle a été admise au programme golf-études durant ses années de cégep où elle a maintenu un très respectable handicap de 4 ou 5.

Photo François Roy, La Presse

Marie-Pier St-Hilaire, PDG d'AFI Expertise, a dû se résoudre il y a deux ans à délaisser le golf afin de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale.