L'innovation a toujours été le gagne-pain quotidien de Donald Turcotte. L'ingénieur en mécanique qui a fondé, il y a bientôt 25 ans, la firme Génik - spécialisée dans la conception et l'implantation de solutions d'automatisation - répète à tout un chacun que l'innovation reste la façon la plus efficace de faire progresser une entreprise. Son acharnement a été doublement récompensé cette année.

La firme Génik a été primée lundi soir dernier au Gala des Mercuriades, organisé par la Fédération des chambres de commerce du Québec, en remportant le Mercure pour sa contribution au développement économique régional.

La PME de Saint-Jérôme qui emploie 75 personnes, dont une trentaine d'ingénieurs, imagine, implante et innove en développant des solutions d'automatisation et de robotique pour les entreprises manufacturières québécoises et étrangères.

« On travaille avec et pour les entreprises afin qu'elles deviennent plus productives. On conçoit et on fait le design de machines qui sont au coeur de la production », résume Donald Turcotte.

Le prix qui lui a été décerné lundi soir visait à souligner notamment l'implication de Génik dans la promotion du secteur manufacturier au Québec.

L'entreprise est active au sein de plusieurs comités, elle fait des présentations pour expliquer les défis du secteur manufacturier dans les écoles et encourage la persévérance scolaire. Donald Turcotte a été président du Regroupement des équipementiers en automatisation industrielle (REAI) où il siège au conseil d'administration.

Le PDG avait de bonnes raisons de se réjouir lorsque je l'ai rencontré le lendemain des Mercuriades. Non seulement son entreprise venait de se distinguer, mais la cause pour laquelle il s'implique depuis des années a aussi enfin été hissée au rang des priorités par le gouvernement québécois.

La politique de développement économique que vient de dévoiler la ministre Dominique Anglade entend soutenir activement l'innovation au sein des entreprises manufacturières.

Investissement Québec prévoit injecter 1 milliard au cours des quatre prochaines années dans les entreprises manufacturières innovantes qui souhaitent optimiser leurs moyens de production.

« Cela fait 25 ans que je dis qu'il faut que le secteur manufacturier québécois prenne le virage de l'automatisation de sa production. Et là, enfin, le gouvernement vient de prendre ce virage », constate avec satisfaction l'ingénieur.

« Il y a encore beaucoup de réticence autour de l'automatisation. Bien des gens pensent encore que les robots vont prendre la place des travailleurs. Ce n'est pas vrai. Une entreprise qui devient plus productive augmente ses revenus et doit embaucher pour soutenir sa croissance. »

- Donald Turcotte, fondateur de la firme Génik

Donald Turcotte donne l'exemple des Usines Giant, à Montréal-Est, fabricant de chauffe-eau qui a été le premier client de Génik, au début des années 90.

« On a tout refait les lignes de production des Usines Giant pour y introduire des robots. L'entreprise comptait 125 employés et réalisait des ventes annuelles de 20 millions au début des années 90. Aujourd'hui Giant a un chiffre d'affaires de 170 millions et compte 175 personnes », souligne l'entrepreneur.

Génik a installé pas moins de 70 robots chez Giant et l'entreprise qui faisait face à trois compétiteurs au Canada est maintenant la seule à occuper le premier plan du marché canadien.

L'entreprise de Saint-Jérôme qui conçoit les systèmes d'automatisation dispose d'un atelier où sont usinés les outils et les machines que vont animer les robots.

Génik réalise 50 % de ses revenus auprès d'entreprises du secteur de l'automobile, dont Spectra Premium, de Boucherville, qui fabrique notamment des réservoirs à essence en acier.

« On vient de terminer une nouvelle ligne d'assemblage où on a installé 17 robots. Jamais Spectra n'aurait pu produire à la cadence actuelle sans automatisation », indique Donald Turcotte.

Le groupe mondial Sogefi, qui fabrique des systèmes de filtration et de gestion de flux d'air pour les moteurs automobiles et qui a une usine à Montréal, est le principal client de Génik. L'entreprise lui a fabriqué pas moins de 250 machines au fil des ans.

« On réalise 50 % de nos revenus avec les entreprises du secteur de l'automobile, mais on est en train de transférer nos innovations pour les appliquer dans le secteur de l'aéronautique », précise le PDG.

Génik a entrepris cette année de s'attaquer au marché américain et entend bien continuer de démontrer que l'innovation est vraiment la solution gagnante pour les entreprises manufacturières.