Québec ne sait pas encore comment il compte encadrer les prochaines initiatives que vont concocter les développeurs d'applications de la nouvelle économie de partage. Mais d'ici à ce qu'émerge une véritable stratégie numérique, le gouvernement entend aider du mieux qu'il peut la société et les entreprises québécoises à prendre rapidement le virage numérique.

Le plan d'action numérique qu'a dévoilé hier la ministre de l'Économie Dominique Anglade est un véritable foisonnement d'initiatives que le gouvernement entend développer et soutenir pour accélérer le virage numérique au Québec qui, faut-il le rappeler, traîne un peu de la patte en la matière.

Décliné en cinq axes et en 28 mesures qui les appuient, le plan d'action numérique veut stimuler les innovations en technologies de l'information, accélérer la transformation numérique des PME, renforcer la position de l'industrie des TI par rapport au reste du monde, soutenir la formation et enfin poser les cadres d'un environnement d'affaires propice au déploiement du numérique.

Le cahier de charges est ambitieux et la liste des mesures en vue de l'actualiser est longue. La première question que l'on se pose à la suite de la lecture des 28 propositions qui étoffent le plan d'action, c'est si le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation a les capacités d'accompagnement pour réaliser un tel programme.

Qui trop embrasse mal étreint, dit le proverbe. C'est exactement ce qui menace ce plan, pourtant construit sur d'excellentes prémisses, soit d'arrimer solidement le Québec à la quatrième révolution industrielle.

C'est pourquoi je préfère m'attarder aux mesures qui sont assorties d'enveloppes budgétaires conséquentes à partir desquelles on pourra mesurer le succès des avancées espérées.

De l'argent frais pour le numérique

Le plan d'action en économie numérique est doté d'un budget de 188 millions sur cinq ans auquel on a ajouté un montant additionnel de 100 millions qui sera entièrement dévolu au développement d'infrastructures visant à améliorer l'accès à l'internet à haute vitesse dans les régions qui en sont mal pourvues.

Le gouvernement fédéral va bonifier cette enveloppe dédiée à l'internet à haute vitesse puisque le dernier budget fédéral a prévu l'injection d'un montant de 500 millions pour l'ensemble du pays.

L'essentiel des 188 millions du plan d'action en économie numérique avait déjà été annoncé dans le dernier budget, notamment les crédits d'impôt liés aux dépenses en TI.

Le plan d'action dévoilé hier a rajouté un volet important au programme de crédits d'impôt puisqu'il sera désormais élargi aux entreprises de commerce de détail qui veulent mettre sur pied une stratégie de vente en ligne.

Il s'agit ici d'une mesure qui vient corriger une aberration, quand on sait que les entreprises québécoises - de commerce au détail ou de commerce en gros - ne réalisent que 12 % de leurs transactions de façon numérique.

Les consommateurs québécois achètent pour 1,4 milliard de biens sur des sites transactionnels étrangers, alors que les commerçants québécois réalisent seulement le quart de ces transactions sur leurs sites transactionnels, quand ils en ont un.

Le crédit d'impôt permettra aux commerçants québécois d'investir en TI pour se doter de sites transactionnels opérants et cette mesure coûtera au gouvernement 33 millions sur cinq ans.

Le plan d'action en économie numérique a instauré un autre crédit d'impôt lié celui-là aux grands projets entraînant la création d'au moins 500 emplois. Le gouvernement estime que cette nouvelle mesure va représenter un manque à gagner de 49 millions sur cinq ans.

De façon générale, le plan d'action qui a été présenté hier cherche à stimuler les entreprises à investir dans la numérisation de leurs activités que ce soit du côté de la production, de la vente ou de la gestion.

Son objectif principal est de susciter l'enthousiasme des entreprises à prendre le virage numérique et à se retourner, le cas échéant, vers Investissement Québec - le bras financier du ministère de l'Économie - qui s'est engagé à investir 1 milliard au cours des trois prochaines années dans les entreprises innovantes. La table est mise, on attend les invités.