La multiplication des plateformes d'achats en ligne et leur utilisation généralisée auprès des jeunes ne menacent en rien la place et la fonction des professionnels en produits et services financiers. Que ce soit dans les domaines de l'assurance vie et de l'assurance invalidité ou dans celui des fonds communs de placement, les consommateurs auront toujours besoin des services d'un professionnel capable de bien les guider, estime Marie Elaine Farley, PDG de la Chambre de la sécurité financière (CSF).

La CSF est l'organisme d'autoréglementation responsable de la protection du public épargnant-investisseur. Elle encadre la discipline, la formation et la déontologie des représentants en épargne collective, en planification financière, en assurance de personnes et en assurance collective au Québec.

La Chambre regroupe quelque 32 000 membres, dont près de la moitié sont au service des grandes banques canadiennes et des caisses populaires. Ces membres, également issus des sociétés d'assurance, de fonds communs de placement et d'épargne collective, assurent le budget de fonctionnement de l'institution.

À titre de responsable de la discipline et de l'encadrement déontologique de ses membres, la CSF reçoit les plaintes du public et de ses membres et examine entre 500 et 600 demandes d'enquête par année.

C'est d'ailleurs à titre d'enquêteuse que Marie Elaine Farley a entamé sa carrière à la CSF, en 2001, alors qu'elle était jeune avocate.

« J'étais intéressée par le secteur financier et j'ai donc décidé de me joindre à la Chambre. J'ai commencé comme enquêteuse, ce qui m'a permis de bien comprendre les rouages de l'institution », expose la PDG.

Elle a par la suite occupé les fonctions d'avocate avant d'être nommée vice-présidente, affaires juridiques et corporatives. Elle est devenue PDG de l'organisme en juin dernier.

Le rôle de la CSF

Marie Elaine Farley est intarissable lorsqu'il est question de la protection des consommateurs dans leurs démarches visant l'achat de produits et de services financiers.

« Les planificateurs ont de lourdes responsabilités envers leurs clients, explique-t-elle. Ils doivent offrir des conseils et des stratégies qui sont conformes à leur situation financière, c'est leur obligation. »

« C'est la responsabilité des planificateurs financiers d'avoir la formation adéquate pour bien remplir leur rôle et c'est la raison pour laquelle la Chambre de la sécurité financière a déployé des efforts importants pour s'assurer que ses membres soient toujours bien formés », dit Marie Elaine Farley, PDG de la Chambre de la sécurité financière.

La CSF a lancé en 2006 un programme de formation continue auquel l'ensemble de ses 32 000 membres doit se conformer. Ce programme a été développé par la CSF et, preuve de son utilité, 94 % des membres de l'organisme affirment l'apprécier.

Malgré tout, des cas toujours malheureux de fraude et de malversation arrivent à marquer l'actualité, comme celui récent de l'ex-conseillère financière Carole Morinville qui a plaidé coupable, en décembre, à des accusations de fraude et de fabrication de faux documents.

« Idéalement, il faudrait éradiquer les meurtres, mais on n'y arrive toujours pas. C'est le même problème avec les fraudes. On cherche à les éliminer totalement et c'est pourquoi on ouvre en moyenne 500 enquêtes par année.

« Au terme de ces enquêtes, on arrive à rendre une cinquantaine de décisions sur sanction qui peuvent aller jusqu'à des radiations temporaires et même permanentes », souligne la PDG de la CSF.

La responsable ajoute toutefois que la moyenne d'une cinquantaine de sanctions sur 32 000 professionnels est nettement moindre que le nombre de sanctions enregistrées dans d'autres ordres professionnels, tel que chez les médecins et les avocats.

La CSF a obtenu, il y a un an, un jugement exécutoire important de la Cour supérieure qui oblige les banques canadiennes à collaborer avec la syndique de la Chambre.

La Banque CIBC refusait depuis 2011 de soumettre aux enquêtes de la CSF les cas de congédiement de ses conseillers pour manque de probité, honnêteté et intégrité. La banque prétextait qu'elle n'avait pas à collaborer puisque les activités bancaires sont régies par une charte fédérale.

« Ç'a été une grande victoire. On ne voulait pas que des conseillers qui ont commis des fautes professionnelles graves et qui ont été congédiés par une banque se retrouvent comme planificateurs financiers pour une autre firme. La cour nous a donné raison », se réjouit la PDG.

Passionnée de vélo

Marie Elaine Farley ne s'en cache pas, elle est une passionnée de vélo, une activité qu'elle pratique avec intensité mais qui l'a aussi amenée à relever un défi professionnel en acceptant, en 2014, le poste de présidente du conseil d'administration de BIXI Montréal.

« On était en pleine réorganisation. La Ville venait de prendre la relève en créant un organisme sans but lucratif. On s'est donné pour mandat de regagner la confiance du public en opérant avec les meilleures pratiques de gestion et en assurant la transparence et l'intégrité », insiste Marie Elaine Farley.

Un nouveau plan d'affaires qui a introduit le concept de courses aller simple et l'ajout d'un partenaire financier important (Manuvie) vont permettre à BIXI Montréal de redresser sa situation financière en 2016, anticipe la présidente du conseil.