La Coop fédérée, qui deviendra sous peu le premier joueur québécois en importance dans le secteur de la quincaillerie, est sur le point d'entreprendre une démarche systématique pour rallier le plus grand nombre de magasins Rona indépendants et grossir son réseau de 350 quincailleries.

Avec ses bannières BMR et Unimat et la conclusion prochaine de la vente du groupe Rona à l'américaine Lowe's, la Coop fédérée prend le premier rang des joueurs québécois dans le secteur de la quincaillerie et des matériaux de construction et l'entreprise entend bien tirer profit de son nouveau statut.

Attendez-vous à voir et entendre l'homme fort Hugo Girard se « péter » les bretelles dans les prochaines publicités de BMR alors qu'on va exploiter le filon de la fierté d'être le numéro un au Québec.

Mais la division de détail de la plus importante organisation agroalimentaire au Québec souhaite surtout grossir son réseau de quincailleries en courtisant les marchés Rona indépendants qui pourraient être tentés de se rallier à la bannière BMR.

« Notre stratégie est simple. On a déterminé les zones géographiques où notre présence est moins significative et on va rencontrer les marchands Rona qui opèrent des magasins de proximité - pas de grandes surfaces - pour leur présenter notre bannière et les avantages de se joindre au Groupe BMR », m'a expliqué jeudi Gaétan Desroches, chef de la direction de la Coop fédérée, en marge de l'assemblée annuelle de la coopérative.

L'intégration se ferait donc par la bannière BMR, celle qui a la plus forte renommée et qui se rapproche le plus du modèle des magasins Rona indépendants. Les secteurs visés sont les centres urbains de Montréal, Québec et Sherbrooke où la présence de BMR est la plus faible.

« On n'a pas une stratégie agressive, mais on a une stratégie ordonnée. On va rencontrer systématiquement tous les marchands Rona indépendants. », dit M. Desroches.

Gaétan Desroches ne nourrit pas d'attentes démesurées liées à la démarche qui sera entreprise, mais, de façon réaliste, il estime qu'une trentaine de quincailleries Rona pourraient rejoindre le Groupe BMR.

« On n'ira pas chercher 100 Rona. Il n'est pas question d'ajouter une quincaillerie dans un secteur où il y a un BMR ou un Unimat », expose-t-il.

Année record et projet retardé

La Coop fédérée a réalisé d'excellentes affaires durant son dernier exercice financier alors qu'elle a enregistré des revenus de l'ordre de 6 milliards et dégagé des excédents avant impôts et ristournes de 95 millions.

Sa filiale Olymel - le plus important exportateur de viande de porc et de volaille au Canada - a dégagé le meilleur résultat de son histoire en enregistrant des revenus de 2,8 milliards.

Même si Olymel a réduit ses coûts de production, elle a aussi amplement profité de la faiblesse du dollar canadien sur les marchés d'exportation. Olymel vend plus de la moitié de sa production dans une vingtaine de pays, mais ce sont les États-Unis qui sont de loin son plus important client, suivis par le Japon et le Mexique.

En 2015, la Coop fédérée a annoncé qu'elle mettait sur la glace son important projet de construire une usine d'urée à Bécancour dans une coentreprise avec la coopérative indienne IFFCO.

Ce projet ambitieux nécessitait des investissements de l'ordre de 2 milliards, mais la faiblesse étonnante des prix de l'urée a fait fuir les financiers qui devaient avancer les fonds.

« Nous, on était prêts à investir notre part tout comme notre partenaire indien. On est convaincus que les prix vont inévitablement se redresser, que la situation est conjoncturelle.

« Mais les financiers voulaient voir le retour sur l'investissement avec les chiffres d'aujourd'hui alors que l'usine ne serait entrée en opération que dans deux ans et demi. On va le faire, cet investissement, il n'est que reporté puisqu'il fait partie de notre planification stratégique d'expansion dans l'ouest du Canada », prévient Gaétan Desroches.

L'usine de Bécancour doit produire 1,2 million de tonnes d'urée par année. La coopérative IFFCO s'est engagée à absorber 700 000 tonnes pour ses besoins en Inde alors que la Coop fédérée veut disposer des 500 000 tonnes restantes sur le marché canadien, principalement dans l'Ouest. Une question de temps, assure Gaétan Desroches.