En poste depuis quatre jours seulement, Éric Martel, nouveau PDG d'Hydro-Québec, s'est déjà attaqué à l'une des grandes priorités qu'il s'était données le jour de l'annonce de sa nomination. Éric Martel avait promis plus de transparence de la part de la plus importante et la plus lucrative société d'État du Québec. Il a tenu promesse en rencontrant hier, un à un, une poignée de journalistes.

Sa table de travail est lisse comme la surface d'un réservoir de barrage un jour de canicule et libre de tous documents. Les toiles et les nombreuses photographies d'art qui tapissent les murs de son bureau sont celles de son prédécesseur, Thierry Vandal.

Éric Martel, qui a quitté en mai dernier son poste de président de Bombardier Avions d'affaires, a un peu l'air d'un touriste dans son nouveau bureau et il avoue sans ambages qu'il n'a touché à rien depuis qu'il en a pris possession, lundi. Il a d'autres chats à fouetter, devant notamment apprendre les rouages de l'immense entreprise qu'il doit diriger.

Le jour de l'annonce de sa nomination, le 3 juin dernier, Éric Martel avait expliqué aux journalistes qu'il entendait privilégier l'atteinte de quatre grands objectifs dans son nouveau rôle de PDG chez Hydro-Québec.

Il souhaitait réaliser un changement de culture en vue d'une transparence accrue, améliorer le service à la clientèle, assurer une croissance soutenue et, enfin, augmenter la productivité de la société d'État.

En réalisant une première prise de contact avec les médias, Éric Martel avoue qu'il entendait démontrer qu'il prenait à coeur sa volonté de donner une transparence accrue à la gestion et aux opérations d'Hydro-Québec.

«On avait eu beaucoup de demandes d'entrevue et j'ai décidé de vous rencontrer même si je ne peux pas vous dire grand-chose au sujet des opérations d'Hydro», précise le nouveau PDG, que j'ai croisé à plusieurs occasions au cours des 13 ans où il a travaillé chez Bombardier Aéronautique.

La transparence et la croissance

Mais tant qu'à jouer la carte de la transparence, j'ai demandé à M. Martel s'il avait accepté le poste de PDG d'Hydro-Québec parce qu'il sentait que son poste de président de Bombardier Avions d'affaires - et son salaire de plus de 2 millions, l'an dernier - était menacé.

On sait qu'une semaine avant qu'il ne quitte Bombardier, Éric Martel a dû annoncer la suppression de 1750 emplois dans la division Avions d'affaires - dont 1000 à Montréal - en raison de la réduction de la cadence de production des avions Global.

L'arrivée d'Alain Bellemare comme nouveau PDG de Bombardier ayant entraîné rapidement certains réaménagements à la haute direction de Bombardier Aéronautique, voyait-il la fin arriver?

«Non. Pas du tout. J'ai été approché en février par un chasseur de têtes pour le poste de PDG d'Hydro-Québec, et dès le mois de mars, j'avais manifesté mon grand intérêt.

«Le salaire, ce n'est pas tout. J'ai toujours voulu apporter une contribution à la société québécoise. Devenir le président de l'entreprise qui est le moteur économique du Québec est un grand défi.

«Je suis né au Lac-Saint-Jean, j'ai étudié à Laval et cela fait 20 ans que je vis à Montréal. Et là, contrairement à chez Bombardier, je deviens président-directeur général de l'organisation. C'est moi le grand patron», nuance le PDG.

Il faut rappeler qu'Éric Martel est aussi ingénieur électrique de formation et que son arrivée chez Hydro-Québec marque en fait un retour aux sources pour la société d'État.

Hier matin, avant notre rencontre, il s'est rendu à l'Institut de recherche d'Hydro-Québec (IREQ), où il a été fasciné par le savoir-faire des ingénieurs et le travail de pointe auquel ils se livrent.

«Mais je comprenais leur langage, ce n'est pas du chinois pour moi», explique-t-il.

Outre la transparence, Éric Martel s'est aussi donné pour objectif de poursuivre la croissance chez Hydro-Québec en privilégiant les ventes à l'exportation et en développant des projets à l'étranger.

«On est rendus à la fin de cycle de la construction de nouveaux barrages. Mais on a les meilleurs ingénieurs au monde. Il faut continuer de profiter de notre expertise en l'exportant à l'étranger», soumet Éric Martel.

Le nouveau PDG se donne l'été pour faire un premier tour du jardin. Il entend multiplier les rencontres individuelles avec ses principaux collaborateurs et s'imprégner de l'expérience des membres de son comité de direction pour réaliser la planification stratégique des cinq prochaines années.

Il a l'avantage d'entrer dans une organisation qui livre la marchandise tout en étant conscient que son rôle sera d'en livrer encore davantage au cours des prochaines années.