Après le Plan Nord nouvelle mouture, Québec a dévoilé en grande pompe, lundi, sa Stratégie maritime avec laquelle il espère générer 30 000 emplois en 15 ans. Après 500 ans d'usage continu, il était temps que l'on reconnaisse l'importance cruciale du rôle économique que le fleuve et la mer ont toujours exercé dans l'existence et le développement du Québec.

Depuis son élection, il y a 15 mois, le gouvernement libéral de Philippe Couillard cherche par tous les moyens possibles à relancer l'économie québécoise, qui ne progresse certes pas à son plein potentiel.

Après les avancées timides enregistrées par le Plan Nord, Québec a décidé d'oxygéner les eaux dormantes de notre économie en misant sur les courants impétueux du Saint-Laurent et ceux du grand large.

J'ai été étonné que le premier ministre Couillard affirme que l'économie maritime était «le joyau caché de l'économie du Québec», alors que cette économie est au centre de l'existence du Québec depuis près de 500 ans, qu'elle est en fait le joyau le plus affiché du Québec, mais aussi le plus mal exploité depuis fort longtemps.

On a beaucoup dit que la Stratégie maritime du gouvernement Couillard s'inspirait largement de celle qu'avait exposée dans un livre le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, ce qui n'est pas faux non plus.

De fait, il y a certains éléments de la stratégie annoncée cette semaine sur lesquels les gouvernements successifs à Québec ont travaillé sans jamais obtenir les résultats escomptés.

Ainsi, l'un des axes importants de la nouvelle stratégie vise à créer des pôles logistiques dans les régions de Vaudreuil-Soulanges et de Contrecoeur. Des centres de transit - maritime, ferroviaire et routier - et d'assemblages industriels légers qui vont desservir à l'entrée des clients continentaux ou, à la sortie, des clients européens.

Cela fait des années que Québec cherche à maximiser l'activité portuaire de Montréal en souhaitant l'implantation de tels centres de logistique, comme on en retrouve à proximité du Havre, en Europe, ou en plein coeur de l'Amérique, au Texas.

Il y a une quinzaine d'années, Investissement Québec avait activement tenté de créer un partenariat avec le fils du milliardaire texan Ross Perot, Ross junior, qui a créé le supercentre Alliance Texas, à proximité de Fort Worth, et qui s'est imposé comme l'un des grands maîtres de la logistique.

On voyait là une façon unique de valoriser la présence du port de Montréal et le trafic sans cesse grandissant qui y transite quotidiennement, mais le projet n'a jamais pris forme.

Un autre axe important de la stratégie libérale vise le développement des zones industrialo-portuaires. Là encore, des investissements récemment annoncés confirment qu'il s'agit d'une voie porteuse.

Le port de Bécancour va largement profiter de l'implantation prochaine d'une usine d'urée dans le parc industriel attenant. La présence du port a d'ailleurs été un des facteurs déterminants dans le choix du site.

Même chose à Port-Cartier, où le groupe espagnol FerroAtlántica construit une usine de silicium pour profiter des installations du port en eaux profondes, tout comme l'usine de ciment de McInnis, à Port-Daniel, qui va assurer toutes ses livraisons par la mer.

Des opérateurs heureux

Denise Verreault, PDG de Groupe maritime Verreault, accueille de façon fort positive le dévoilement de la stratégie maritime. La femme d'affaires, qui n'a pas l'habitude de mettre des gants blancs lorsqu'elle parle du travail des politiciens, est heureuse de constater que l'on s'occupe de façon structurante de son secteur d'activité.

«Le transport maritime est tellement plus écologique et moins dommageable pour nos routes. J'espère que le gouvernement va pousser le concept de transport maritime courte distance comme on le voit partout en Europe. Le projet est beau, mais là, ils doivent livrer la marchandise», constate l'entrepreneure gaspésienne.

Madeleine Paquin, PDG de Logistec, acteur majeur dans l'industrie de la manutention et de la gestion du transport maritime de marchandises, partage le même avis.

«Ça nous met enfin en lumière. Notre secteur d'activité n'est pas très sexy, mais on peut y faire de belles carrières. On vient d'embaucher dans les derniers mois plusieurs centaines de personnes pour répondre à la croissance de nos activités, particulièrement dans le transport par conteneurs», explique Mme Paquin.

Logistec est l'entreprise qui va être au centre de l'agrandissement du port de Montréal en assurant la gestion du quai Viau, ce qui va permettre de hausser de 30% le volume de conteneurs aux installations portuaires, d'ici cinq ans. Logistec va s'attaquer par la suite au pôle logistique de Contrecoeur.