Peter Grauer, président du conseil du groupe d'informations financières Bloomberg LP, va être de passage chez nous demain comme invité principal du déjeuner-causerie de clôture de la Conférence de Montréal. Celui qui a assuré l'intérim de Michael Bloomberg durant ses trois mandats à la mairie de New York compte sensibiliser son auditoire à l'importance de bien intégrer la diversité des genres au sein des hautes directions d'entreprise.

Peter Grauer a succédé à Michael Bloomberg comme président du conseil du groupe d'informations financières Bloomberg LP, en 2001, lorsque le fondateur de l'agence financière Bloomberg a décidé de faire le saut en politique.

Jusqu'en 2011, il a assumé la direction du groupe qui a connu une forte expansion en jouant notamment d'audace durant la crise financière et économique de 2007-2008.

«En 2008, Bloomberg comptait 10 000 employés. On a profité de la crise pour embaucher plus de 1500 personnes parce qu'on faisait face à une grande disponibilité de talents et qu'on était convaincu que la crise serait suivie d'une forte reprise.

«Mais c'est aussi l'avantage et le plaisir de diriger une entreprise privée. On prend des décisions dans une perspective à long terme et pas nécessairement en fonction d'un résultat immédiat», explique le financier qui a entamé sa carrière en fondant la firme DLS Merchant Banking Partners and Investment.

Aujourd'hui, la société Bloomberg LP emploie 15 500 personnes dans 150 bureaux répartis dans 80 pays où elle offre des services d'informations et d'analyses financiers aux grandes institutions ainsi qu'aux médias.

Bloomberg réalise un chiffre d'affaires de 9 milliards et est également propriétaire du groupe The Bureau of National Affairs, qui regroupe 2000 professionnels et qui diffuse de l'information dans les domaines du droit, de la fiscalité et de la réglementation gouvernementale.

M. Grauer va être le conférencier du déjeuner-causerie de clôture de la Conférence de Montréal, demain midi, alors qu'il participera à une discussion ayant pour thème Vers une nouvelle organisation du travail, en compagnie de Michael Fortier, ex-ministre conservateur et vice-président du conseil de RBC Marchés des capitaux.

La diversité des genres

Peter Grauer n'a pas à être convaincu de l'importance de la main-d'oeuvre comme vecteur fondamental de croissance des entreprises, mais il est persuadé que la direction de ces dernières s'en porterait nettement mieux si elles reflétaient mieux la composition de ses effectifs.

«Au cours des dernières années, une quantité importante d'études, que ce soit de McKinsey, Pricewaterhouse ou d'autres, démontrent clairement que la haute direction des entreprises doit mieux refléter les différents groupes qui composent sa main-d'oeuvre, que ce soit sur le plan racial, des sexes ou des orientations sexuelles.

«Cela s'inscrit dans la démarche entreprise par The 30% Club qui a été créé en 2010, en Grande-Bretagne, et qui a milité pour que les femmes représentent d'ici 2015 au moins 30% des membres du conseil d'administration des entreprises qui composent le FTSE [Financial Times Stock Exchange] 100.

«Cet objectif n'a pas été atteint, mais on est sur la bonne voie pour y arriver puisque la représentation des femmes est passée de 12,1%, en 2010 à 23% aujourd'hui», observe Peter Grauer.

Selon le gestionnaire, les cibles que l'on cherche à atteindre sur une base volontaire sont nettement plus efficaces que celles qu'on a voulu imposer par législation, comme ça a été le cas en Norvège où plusieurs sociétés publiques ont préféré se désinscrire de la Bourse parce qu'elles ne parviendraient pas à atteindre le quota prescrit.

Durant les 12 années que Michael Bloomberg a passées à la mairie de New York, Peter Grauer a été celui qui a dû intercéder entre son patron et le conseil des conflits d'intérêts du bureau de la Ville. Il affirme que la situation n'a justement jamais généré de conflit.

«Michael ne pouvait pas intervenir dans son portefeuille personnel ni dans les affaires courantes de Bloomberg, mais le conseil avait identifié des interventions possibles lorsque des situations commandaient d'importants changements, tels que l'achat ou la vente d'une entreprise, la nomination d'une personne-clé», explique-t-il.

Mais Peter Grauer rappelle que Bloomberg ne réalisait aucune affaire avec la Ville de New York et qu'elle dépendait très peu de sa réglementation, ce qui réduisait d'autant les risques de conflits d'intérêts.