Les travaux d'agrandissement au chantier naval du Groupe maritime Verreault progressent à bonne cadence. D'ici deux mois, la Gaspésie sera équipée de la plus grande cale sèche du Canada, capable d'accueillir les bateaux de tout tonnage pour effectuer leur entretien obligatoire et leur réparation.

Au moment de notre visite, les ouvriers s'activaient tout au fond du trou énorme qui a été creusé dans le roc à coup d'explosifs. Une entaille qui permettra de doubler la largeur de la cale sèche du chantier maritime situé aux Méchins, une petite municipalité qui se trouve à 45 kilomètres à l'est de Matane.

Les travaux qui ont débuté en décembre seront terminés d'ici deux mois. L'échéancier et le budget prévu de 11 millions sont respectés, précise Denise Verreault, présidente de Groupe maritime Verreault.

En septembre dernier, j'avais rencontré l'entrepreneure qui planchait depuis plus de deux ans sur ce projet d'agrandissement, qu'elle jugeait essentiel pour assurer la survie du groupe fondé par son père il y a 58 ans.

Denise Verreault tentait alors d'obtenir une aide financière de Québec pour réaliser la première phase d'un investissement global de 40 millions sur trois ans.

«On ne voulait pas de subvention, on cherchait du financement. Comme je ne recevais pas de réponse de Québec et qu'il fallait absolument démarrer, on a décidé de lancer le projet. Il n'était plus question de le retarder. La Banque de développement du Canada a participé à notre financement», explique la PDG de Groupe maritime Verreault.

L'ancienne cale sèche faisait 90 pieds de largeur. Elle fera maintenant 184 pieds, ce qui lui permettra d'accueillir des bateaux qui ont beaucoup gagné en volume au cours des 20 dernières années.

Le Groupe Verreault était déjà le seul chantier maritime dans l'est du Canada à faire l'entretien et la réparation de bateaux. Avec sa nouvelle configuration, il aura aussi la plus grosse cale sèche du pays.

Expansion

«On va pouvoir réparer des bateaux qui ont plus de 42 mètres de large. On avait beaucoup de demandes, mais on était incapables de les accueillir. On perdait des contrats et on se retrouvait même sans ouvrage à réaliser.

«Selon la taille des navires, on va être maintenant en mesure de travailler sur deux, trois ou même quatre bateaux à la fois», renchérit Denise Verreault.

La PDG est d'avis que l'investissement de 11 millions sera rentabilisé à moyen terme. Déjà, le carnet de commandes de la prochaine année est complet.

«Après la première phase d'agrandissement, on va hausser notre volume d'affaires de 60%. Lorsqu'on aura complété les deux prochaines phases, on parlera alors d'une hausse de 100% par rapport à aujourd'hui», souligne-t-elle.

Les phases 2 et 3 impliquent la construction d'une nouvelle porte de 184 pieds de largeur, le prolongement et le creusage du fond de la cale sèche pour accélérer l'entrée et la sortie des bateaux.

Le Groupe maritime Verreault, qui fonctionnait jusqu'à récemment avec une centaine d'employés, a déjà embauché 40 nouveaux travailleurs ces derniers mois. Lorsque les travaux d'agrandissement seront complétés, ce sont 60 travailleurs additionnels qui vont s'ajouter aux effectifs du groupe.

Pour une région comme Les Méchins, l'ajout de 100 emplois industriels bien rémunérés représente une plus-value considérable. Selon une étude de Sécor, la création de 100 emplois en Gaspésie équivaut à la création de 2000 postes dans la région de Québec ou de 15 000 dans la grande région de Montréal.

«On embauche des ouvriers de chantier, des soudeurs, des machinistes, des grutiers, des techniciens, des estimateurs, des chargés de projet. Ce sont de bons emplois qui vont créer de la richesse dans la région», insiste Denise Verreault.

Les bateaux qui naviguent en mer et sur le fleuve doivent obligatoirement se soumettre tous les cinq ans à deux inspections en règle. Pour les traversiers qui transportent de lourdes charges, une inspection obligatoire doit être faite tous les deux ans.

«Chaque navire est soumis à une classification spécifique, et des inspecteurs sont dépêchés à notre chantier pour réaliser leur examen. On réalise l'entretien et les réparations qui sont nécessaires pour que les bateaux puissent reprendre le large.

«On va gagner beaucoup de transporteurs maritimes qui étaient obligés de faire réaliser leurs inspections obligatoires à Boston ou en Irlande et beaucoup de pétroliers qui transitent continuellement sur le fleuve», anticipe la PDG.

Il faut avouer que le chantier du Groupe maritime Verreault est stratégiquement bien positionné aux Méchins, alors qu'il est situé à la fois à la porte d'entrée du fleuve pour les navires qui se dirigent vers Montréal et à la porte de sortie pour les bateaux qui partent vers le large.