Les coopératives québécoises ne semblent pas vouloir ralentir le rythme en 2015. Après Agropur et le Mouvement Desjardins qui ont réalisé d'importantes transactions l'an dernier, voilà que La Coop fédérée, déjà propriétaire de l'enseigne Unimat, met la main sur l'ensemble du groupe de quincailleries BMR et consolide sa position dans le domaine du commerce de détail.

Avec ses 350 centres de rénovation, situés presque exclusivement en milieu rural au Québec, dans les Maritimes et en Ontario, La Coop fédérée réalise sa volonté de renforcer son leadership dans le secteur de la quincaillerie, où elle exploitait déjà un réseau de 150 magasins Unimat.

Cette transaction n'est une surprise pour personne. Il y a deux ans, La Coop fédérée avait pris une participation minoritaire au capital du Groupe BMR, qui compte 187 centres de rénovation et des revenus annuels de 1,4 milliard de dollars.

Le Groupe BMR appartient à 19 marchands qui sont notamment propriétaires de 52 magasins. Les autres commerces sont gérés par des marchands associés au groupe.

Bien implanté au Québec, avec son réseau de six centres de distribution, le Groupe BMR vient valoriser les activités de détail de la division Unimat. Les 350 quincailleries du groupe sont toutes situées en milieu rural; on n'en trouve aucune en milieu urbain.

Depuis deux ans, 66 magasins Unimat ont déjà changé d'enseigne pour prendre les couleurs de BMR. Une centaine de quincailleries font toujours affaire sous l'enseigne Unimat.

«On a acheté les opérations de grossiste de BMR. Les marchands qui affichent la bannière vont demeurer propriétaires de leur commerce», a précisé hier Denis Richard, président de La Coop fédérée.

L'enseigne Unimat continuera d'exister même si toutes les activités de quincaillerie seront maintenant administrées du siège social de BMR à Boucherville.

La plus importante coopérative agroalimentaire du Québec n'entend pas profiter de sa taille bonifiée pour percer le marché urbain. On vise plutôt à étendre les activités de quincaillerie dans le reste du Canada. «Il y a de la demande pour ça en Ontario», souligne Gaétan Desroches, chef de la direction de La Coop fédérée.

La Coop, le gaz bar

Les visées consolidatrices de La Coop fédérée dans le secteur du commerce de détail ne se limitent toutefois pas aux seules activités de quincaillerie.

La coopérative exploite aussi au Québec l'enseigne Sonic, qui est le plus important réseau de stations-service indépendant avec 185 stations implantées principalement en région rurale.

Sonic entend non seulement se développer de façon organique en ouvrant de nouvelles stations-service, mais aussi se mettre en mode acquisitions.

Sur le plan organique, Sonic entreprendra sous peu l'implantation d'une soixantaine de stations-service qui seront attenantes à certaines des 250 quincailleries BMR.

Le groupe compte réaliser ce nouveau plan d'implantation au cours des cinq prochaines années. Comme dans la chanson des Colocs, on retrouvera donc bientôt dans plusieurs municipalités du Québec un gaz bar à proximité d'un magasin Coop...

«Il y a aussi beaucoup de place pour la consolidation dans le marché de l'essence et de l'huile à chauffage au Québec et en Ontario. On regarde les groupes indépendants tout comme les propriétaires de station unique. On veut réaliser avec Sonic ce que l'on vient d'accomplir avec BMR», révèle Gaétan Desroches.

Une belle concurrence est à prévoir puisque le groupe Crevier, qui exploite plus de 200 stations-service au Québec et en Ontario, est lui aussi à la recherche d'acquisitions.

La Coop fédérée a réalisé l'an dernier un financement de 250 millions pour lui permettre de concrétiser ses ambitions expansionnistes.

Seule ombre au tableau, le plus important projet de la coopérative - la construction d'une usine d'urée à Bécancour, en partenariat avec la coopérative indienne IFFCO - a été décalé d'un an et devrait se réaliser à l'été 2018.

Le projet, évalué initialement à 1,2 milliard, a été revu l'an dernier à 1,6 milliard, et le président Denis Richard estime qu'il est plus réaliste d'envisager des coûts de 2 milliards.

«Avec les projets d'inversion de pipelines, on a des problèmes à se faire garantir la livraison de gaz naturel. C'est un préalable essentiel. Puis, on a été incapables de trouver un partenaire pour construire l'usine.

«Des firmes comme SNC-Lavalin étaient trop occupées à réaliser des projets dans le secteur pétrolier. Mais là, avec tous les projets pétroliers qui ont été suspendus, on sent un regain d'intérêt pour notre usine de Bécancour», observe avec un certain sourire Denis Richard.