Bombardier a annoncé hier une nouvelle restructuration de son organisation industrielle qui vise à rapprocher ses principales divisions de son centre de décisions, au siège social montréalais. Un exercice pénible mais nécessaire qui se traduira par la suppression de 1800 emplois à sa division aéronautique, qui n'arrive pas à atteindre les seuils de rentabilité attendus.

C'est le genre de nouvelle brutale que personne ne souhaite voir annoncer, mais il faut bien se rendre à l'évidence, la multinationale manufacturière devait trouver un moyen rapide de réduire les frais d'exploitation de sa division aéronautique.

Bombardier Aéronautique a beau être rendue à un moment charnière de son développement prévisible des 20 prochaines années, son poids pesait de plus en plus sur le bilan de l'entreprise.

On en connaît les raisons: les retards dans la mise en service de son programme CSeries et l'irrépressible hausse des coûts de lancement qui en a découlé, parallèlement aux coûts de développement des nouveaux jets d'affaires Global 7000 et 8000 et du Learjet 85.

Bombardier est le constructeur aéronautique qui détient le record du nombre de mises en marché de nouveaux produits. C'est le prix à payer quand on fonctionne et qu'on fait du développement dans un marché de niche et qu'on cherche à maintenir sa position de leader.

Au moment de sa gestation, le programme de développement de la CSeries - des avions commerciaux de 100 à 160 places - avait été évalué à 3 milliards. Au moment de son lancement, Bombardier avait revu à la hausse ses chiffres, estimant qui lui en coûterait 3,4 milliards avant de produire le premier appareil.

Lors du vol inaugural, réalisé à la suite d'un délai d'un an en septembre 2013, Bombardier prévoyait devoir assumer des coûts de démarrage de 3,9 milliards.

La dernière estimation qui circulait récemment, à la suite de la suspension des vols d'essai de la CSeries, portait à 4,4 milliards les dépenses totales que devrait encourir la multinationale avant d'entreprendre la production industrielle de sa nouvelle génération d'avions commerciaux.

Préparer le décollage

Malgré l'implacable réalité des chiffres, Pierre Beaudoin, PDG de Bombardier, assure que ce ne sont pas les malheurs financiers engendrés par le lancement de la CSeries qui sont à l'origine de la restructuration annoncée hier.

Pierre Beaudoin va maintenant directement superviser les trois nouvelles entités de la division Aéronautique - Avions commerciaux, Jets d'affaires et Aérostructures et Services d'ingénierie - de même que l'autre grande division, Transport.

«On arrive au terme du développement de plusieurs projets qui vont générer une forte activité industrielle pour les 20 prochaines années. L'entrée en production de la CSeries, des jets d'affaires Global 7000 et 8000 ainsi que du Learjet 85», m'a-t-il confié hier.

«On met en place une structure qui va nous assurer une supervision directe de cette activité. En créant quatre grandes divisions plutôt que les deux existantes, on va être en mesure de mieux gérer la période de forte croissance qui nous attend.

«On a développé au cours des dernières années une expertise unique en aérostructure et en ingénierie. Le Learjet est fabriqué entièrement en matériaux composites. On va valoriser cette expertise comme on le fait déjà en fabricant des composantes pour Boeing et Airbus», poursuit-il.

Si on comprend l'argumentaire de la création de nouvelles divisions qui seront contributives aux résultats de Bombardier, comment expliquer que la période de forte croissance qui s'en vient oblige la suppression de 1800 postes?

Pierre Beaudoin constate qu'en réduisant les effectifs qui ne sont pas liés directement à la production - ressources humaines, finances, stratégie d'entreprise -, Bombardier va afficher une structure allégée, semblable à celle qu'elle avait en 2008.

«On va revenir au niveau d'encadrement qu'on avait à l'époque. Le développement de nouveaux produits a exigé des ressources additionnelles, mais maintenant que l'on amorce une période de forte production, elles sont moins nécessaires», avance le PDG.

La suppression de 1800 postes équivaut à 5% des effectifs de 37 700 employés de Bombardier Aéronautique. L'entreprise exploite des usines au Canada, en Irlande, au Mexique, au Maroc et en Chine mais n'a pas précisé de quelle façon seront réalisées les licenciements.

Au dernier décompte, en janvier 2014, Bombardier comptait 73 150 employés dans le monde lorsqu'elle a annoncé la suppression de 1700 postes à sa division Aéronautique.