Le Fonds monétaire international et la Réserve fédérale américaine viennent de réviser à la baisse leur prévision de croissance économique pour les États-Unis en 2014. Notre principal partenaire commercial affiche toutefois sa plus forte vitalité manufacturière des 20 dernières années, et certaines de nos entreprises industrielles tirent pleinement profit de ce rebond longtemps attendu.

C'est le président Barack Obama qui a relevé dans un discours, mardi soir, que la reprise économique américaine n'était pas un feu de paille, qu'il s'agissait d'une réactivation solide, puisqu'elle est dans une large mesure alimentée par la forte activité des entreprises du secteur manufacturier.

Depuis la fin de la récession de 2007-2009, les livraisons manufacturières ont connu une croissance de plus de 30% aux États-Unis.

Depuis 2009, les entreprises manufacturières américaines ont ainsi créé de nouveaux emplois à une cadence accélérée. On n'avait plus observé un rythme aussi soutenu en 20 ans.

On apprenait aussi, le mois dernier, que l'économie américaine avait enfin réussi à récupérer la totalité des 8,7 millions d'emplois qui avaient été détruits par la dernière récession. L'économie est passée du mode rattrapage au mode création.

Le FMI a quelque peu tempéré l'optimisme qui l'avait amené à prédire à la fin de 2013 une croissance anticipée du produit intérieur brut américain de 2,8% en 2014. Lundi, le FMI a ramené à 2% sa prévision de croissance pour 2014.

La Réserve fédérale américaine a fait de même hier en ramenant entre 2,1 et 2,3% ses attentes pour 2014 plutôt que les 2,8 à 3% qu'elle anticipait en mars dernier. Le FMI et la FED maintiennent tous deux leur prévision de croissance de 3% en 2015.

On le sait, c'est le premier trimestre de l'année, marqué par un vortex polaire persistant, qui a dicté cette relecture de l'avenir. Le 1% de croissance enregistré durant les trois premiers mois de 2014 aux États-Unis pourrait même être revu à la baisse.

N'empêche, la Réserve fédérale et le FMI s'entendent pour prévoir que la création d'emplois ramènera le taux de chômage à 6,1% cette année et à 5,8% l'an prochain.

Les entreprises manufacturières québécoises profitent donc déjà du rebond manufacturier américain de deux façons, soit qu'elles augmentent leurs livraisons à titre de sous-traitantes à leurs entreprises clientes américaines, soit qu'elles vendent directement leurs produits à un bassin élargi de consommateurs.

Les secteurs gagnants

La récession de 2007-2009 n'a épargné aucune entreprise manufacturière au Québec, mais elle a fait des ravages accrus dans certains secteurs d'activité déjà confrontés à des bouleversements structuraux. Ç'a été le cas, notamment, de l'industrie du bois d'oeuvre et des pâtes et papier.

Les États-Unis demeurent notre principal partenaire commercial, mais la dernière récession et la vigueur artificielle de notre dollar ont passablement érodé la prépondérance américaine.

En 2004, 82% de nos exportations avaient pour destination les États-Unis. De 2010 à 2012, les États-Unis n'ont représenté que 68% de la valeur de toutes nos exportations.

Depuis deux ans, toutefois, la valeur de nos exportations américaines augmente. Une partie de cette progression est bien sûr le résultat de la baisse de la valeur du dollar canadien, mais plusieurs secteurs manufacturiers ont enregistré des gains nettement supérieurs au seul effet du cours de la devise.

Les pièces et produits aérospatiaux ont enregistré des gains de 19 et 16%, en 2012 et 2013. Nos scieries et usines de préservation du bois ont haussé la valeur de leurs livraisons de 12 et 46%, en deux ans.

Les fabricants de contreplaqués et de produits en bois reconstitués affichent respectivement des hausses de 17 et de 29%. Les usines de pâtes et papier ont transformé une baisse de 11% de leurs livraisons, en 2012, par une fulgurante appréciation de 86% l'an dernier.

En 2012-2013, le mouvement de reprise aux États-Unis a donc permis à plusieurs entreprises manufacturières québécoises de remplumer leur carnet de commandes, et le mouvement s'est encore raffermi depuis le début de l'année.

Il y a deux mois, l'organisation Manufacturiers et exportateurs du Québec soulignait que la valeur mensuelle des exportations québécoises avait enfin retrouvé son niveau de 2008, franchissant la marque de 12 milliards en livraisons, en mars dernier.

On dit souvent qu'une entreprise émerge renforcée et grandie d'une crise. La dernière récession a contraint bien des manufacturiers à trouver des marchés de substitution pour combler la perte de leurs clients américains.

Certaines entreprises qui ont réussi à élargir leur force de frappe en développant de nouveaux marchés en Europe ou en Asie profitent donc doublement de la reprise américaine et du retour progressif de leurs anciens clients.