Le premier ministre Philippe Couillard a présenté hier son premier Conseil des ministres. Si bien des commentateurs politiques déplorent la faiblesse des attentes que la population nourrit à l'endroit du nouveau gouvernement libéral, ce n'est pas le cas des entrepreneurs, qui espèrent la mise en place d'un environnement propice au développement de leurs affaires.

Comme prévu, les membres du trio économique que Philippe Couillard avait mis sur pied lors de la dernière campagne électorale ont tous été nommés aux postes-clés de ministres responsables des finances publiques et du développement économique québécois.

Comme je l'avais bien modestement anticipé, l'économiste Carlos Leitao a hérité du poste prestigieux des Finances et Jacques Daoust, ex-PDG d'Investissement Québec, s'occupera du développement économique, dont le ministère retrouve l'appellation que lui avait donnée Raymond Bachand, soit le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation. Enfin, l'économiste Martin Coiteux dirigera le Conseil du trésor.

Si on a beaucoup déploré le fait que les questions économiques ont été occultées durant la campagne électorale, il n'en reste pas moins que les défis auxquels doit faire face le nouveau gouvernement sont nombreux et que les attentes sont élevées.

Il faut dynamiser le marché de l'emploi, accélérer le rythme de la croissance économique, favoriser une meilleure productivité de nos entreprises, prendre d'assaut les marchés étrangers, des priorités où l'action du gouvernement peut être déterminante.

Il y a tout juste deux jours, Monique Leroux, PDG du Mouvement Desjardins, a livré devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain un plaidoyer en faveur de la relance de l'entrepreneuriat au Québec.

Forte d'une étude réalisée par le Mouvement Desjardins, qui vient confirmer ce que des dizaines d'études similaires ont déjà statué, Monique Leroux a rappelé que «le fardeau fiscal des sociétés québécoises et le coût de la réglementation à laquelle elles doivent se soumettre figurent parmi les plus élevés au Canada».

Québec ferait mieux de réduire le nombre de ses incalculables programmes d'aide aux PME et de transférer les économies réalisées en baisse d'impôt pour ces mêmes sociétés.

L'État allégerait sa structure administrative et simplifierait par le fait même la vie de bien des entreprises qui se perdent dans les dédales de la bureaucratie.

Des initiatives en marche

Jacques Daoust, le nouveau ministre du Développement économique, connaît bien la machine gouvernementale puisqu'il a dirigé durant sept ans Investissement Québec et qu'il relevait directement du titulaire du poste qu'il occupe aujourd'hui.

Il connaît bien les besoins des entreprises québécoises et il sera à même d'être opérationnel dès demain matin. C'est un avantage qu'il a par rapport à ses collègues Leitao et Coiteux qui auront un rude apprentissage à faire de l'appareil gouvernemental et de la vie parlementaire.

À cet égard, l'économiste Nicolas Marceau avait eu lui aussi l'avantage d'être élu dans l'opposition avant de se faire confier les clés du ministère des Finances. Il a pu rapidement mieux assumer son rôle que ne sera en mesure de le faire Carlos Leitao.

Ceci dit, Jacques Daoust devra prochainement décider s'il entend poursuivre le déroulement du programme des «Gazelles», chapeauté par Investissement Québec, qui vise à identifier 100 PME performantes pour leur accorder un encadrement leur permettant d'accélérer leur développement.

Jacques Cabana, PDG de FDC Composites, une PME dans un secteur de pointe - les matériaux composites pour l'aéronautique et le rail - m'a écrit récemment parce qu'il craint pour la survie de ce programme.

«On vit dans une réalité implacable de compétition et de standards de niveau mondial. Notre PME existe depuis 2009 et a doublé son chiffre d'affaires chaque année depuis trois ans. Nos ventes à l'exportation sont passées de 10% à 70% pendant ce temps.

«On investit 20% de nos ventes en R-D et dans l'automatisation et les techniques de fabrication d'avant-garde comme les imprimantes 3D. Il faut pouvoir se démarquer à l'échelle mondiale sans se casser les dents.

«Le but n'est pas que l'on reste un paquet de petites entreprises intéressantes, mais bien que plusieurs deviennent des moyennes et des grandes entreprises qui deviendront des moteurs et des créateurs de richesse», m'explique l'entrepreneur.

Jacques Cabana termine en rappelant que les Gazelles ne sont pas un concept partisan, mais un programme implanté dans quantité de pays dans le monde.

Le ministre Daoust devra se faire rapidement une tête. Il y a 100 PME qui sont prêtes à passer à la vitesse grand V, et le Québec en a grandement besoin.