C'est parce qu'il a vu, à 16 ans, ses chances de réaliser des études universitaires fortement compromises par le décès de son père que Jean Marchand a fondé, en 1964, un club de placement destiné aux parents qui souhaitaient assurer le financement des études postsecondaires de leurs enfants. Universitas a fait du chemin en 50 ans.

Manifestement, l'épreuve qu'a vécue Jean Marchand n'a pas été inutile. Depuis sa fondation en 1964, le régime d'épargne-études Universitas a permis de financer l'éducation postsecondaire de plus de 200 000 étudiants québécois et néo-brunswickois.

Et en date d'aujourd'hui, quelque 150 000 parents de jeunes aspirants aux études universitaires souscrivent à ce programme d'épargne-études, le premier à voir le jour au Québec et le deuxième plus vieux véhicule de financement d'études postsecondaires au Canada.

«J'étais étudiant à l'Académie de Québec lorsque mon père est décédé. J'avais 16 ans et je ne voyais pas comment j'arriverais à payer mes études universitaires.

«Heureusement, l'Université Laval inaugurait sa faculté d'administration et avait décidé d'accorder une bourse d'étude à l'étudiant le plus méritant qui allait postuler à son nouveau programme.

«J'ai été chanceux. J'étais le seul postulant de mon école et j'ai eu la bourse», se rappelle celui qui a fait par la suite carrière dans l'assurance en créant la société l'Unique assurance-vie, tout en fondant, en 1964, le Fonds Universitas.

«À l'époque, les études universitaires étaient considérées comme un privilège. Souvent, un seul enfant au sein d'une famille était désigné pour poursuivre des études supérieures. Il fallait trouver un moyen de permettre un meilleur accès aux études universitaires», se souvient Jean Marchand.

Au moment de ses études universitaires, l'entrepreneur avait créé un club de placement dans lequel les étudiants pouvaient contribuer à hauteur de 10$ par mois. Le club a acheté un immeuble résidentiel de 35 000$, et cela a donné l'idée à Jean Marchand de créer son fonds d'épargne-études pour les familles.

«On a commencé en 1964. Les 30 représentants de l'Unique ont commencé à vendre des parts du Fonds Universitas. À l'époque, le coût d'inscription était de 25$, et les parents pouvaient verser l'équivalent de l'allocation de famille de 7,50$ qu'ils recevaient chaque mois», explique-t-il.

Après 10 ans, le Fonds Universitas avait amassé un actif de 150 000$ et pouvait verser les premiers paiements de ses bourses annuelles.

Un investissement dans l'avenir

Avec les années, le programme Universitas s'est bonifié. Il y a 10 ans, le gouvernement fédéral a accepté de verser l'équivalent de 20% de la contribution parentale annuelle aux familles qui participaient à ce régime enregistré d'épargne-études.

Il y a cinq ans, le gouvernement québécois a accepté lui aussi de verser une contribution équivalant à 10% de celle réalisée par les parents. Ce qui veut dire que pour chaque tranche de 1000$ de contribution parentale, les gouvernements acceptent de la bonifier de 300$.

Le régime Universitas a acquis une taille respectable au fil des ans. En 50 ans, le fonds a versé plus de 500 millions en bourses d'études et gère aujourd'hui un actif qui va atteindre prochainement 1 milliard de dollars.

Les règles de participation au régime sont strictes. Les souscripteurs sont assurés d'encaisser à terme le capital qu'ils ont investi et les intérêts accumulés au fil des ans ainsi que les contributions gouvernementales servant au paiement de la bourse annuelle.

Si le projet d'études postsecondaires de l'enfant du participant ne se matérialise pas, ce dernier n'aura droit qu'au remboursement de son capital, sans intérêt.

«C'est rendu gros. Seulement en contributions fédérales et provinciales, on recueille 3,5 millions par mois. Si le jeune décide de ne pas poursuivre ses études supérieures, on doit rembourser ce que les gouvernements nous ont versé. Mais plus de 80% des participants profitent pleinement du programme», précise Jean Marchand.

Universitas a son siège social à Québec et emploie une centaine de personnes, de même que quelque 200 représentants au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Les frais de gestion annuels représentent 1,4% des actifs du groupe qui sont gérés par quatre firmes professionnelles, dont Jarislowsky Fraser et Fiera Capital.

«J'ai fondé Universitas il y a 50 ans et je suis toujours le président du conseil. J'y consacre encore trois jours par semaine parce que je trouve important que les Québécois investissent dans leur avenir», insiste le toujours très vert Jean Marchand.