Tel que voulu, exigé et aussi promis par le premier ministre Stephen Harper, le gouvernement fédéral retrouvera l'équilibre budgétaire en 2015-2016 et renouera même plus vite que prévu avec les surplus qui pourraient s'élever jusqu'à 6,7 milliards. Un beau petit butin de guerre à l'approche des élections.

Huit mois après le dépôt de son plus récent budget, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a procédé hier à la mise à jour de ses projections économiques et budgétaires et a fait la démonstration qu'une gestion serrée des dépenses pouvait compenser pour une croissance économique décevante.

Tel qu'annoncé il y a deux semaines, le déficit fédéral pour l'exercice financier 2012-2013 a été de 7 milliards inférieur aux prévisions du dernier budget. Il s'est établi à 18,9 milliards, alors que le budget anticipait un manque à gagner de 25,9 milliards.

Cette surprise a été essentiellement le résultat d'une compression de 5,2 milliards des dépenses fédérales prévues et des revenus plus élevés qu'anticipé de 1,9 milliard.

C'est la même logique qui continuera de s'appliquer cette année alors que le déficit devrait atteindre 17,9 milliards, en deçà de la prévision de 18,7 milliards et malgré une croissance économique très ordinaire de 1,7% et une provision spéciale de près de 3 milliards pour compenser les pertes financières causées par les inondations en Alberta.

Le ministre des Finances prévoit maintenant que le déficit atteindra la marque de 5,5 milliards l'an prochain, grâce à une croissance économique plus forte à 2,4% et à des revenus plus élevés.

L'équilibre sera atteint en 2015-2016, puis se transformera en excédent de 3,7 milliards qui pourrait s'élever à 6,7 milliards si on ne touche pas à la marge de manoeuvre (ajustement en fonction du risque sur les revenus) de 3 milliards qu'a mise en place le ministre des Finances.

Depuis le dépôt de son budget en mars dernier, la situation financière canadienne a peu évolué, si ce n'est qu'elle a été influencée par la baisse de la croissance économique mondiale que l'on avait établie à 3,5% pour l'année, mais qui sera plutôt de l'ordre de 2,9%, selon le Fonds monétaire international.

Cette révision à la baisse de la croissance mondiale, et plus particulièrement de celle des pays émergents, s'est répercutée sur les prix des produits de base canadiens qui ont chuté de 2,3% depuis le mois de mars.

La hausse de 4% des prix du pétrole n'a compensé qu'en partie la baisse de 8% des prix des métaux et des minéraux et de 11% des produits agricoles.

Des promesses à remplir

Favorisée par une meilleure croissance économique mondiale, la situation budgétaire canadienne va donc s'améliorer en 2014-2015. Les revenus du gouvernement fédéral devraient progresser à un rythme de 4,6%, alors qu'ils n'auront augmenté que de 3,3% en 2013-2014.

Avec le même taux de croissance de 4,6% en 2015-2016, les revenus fédéraux vont finalement culminer pour permettre au gouvernement de Stephen Harper de faire du Canada le premier pays membre du G8 à renouer avec l'équilibre budgétaire et, mieux encore, à administrer de solides surplus budgétaires.

Une coïncidence bien utile pour le gouvernement conservateur qui va en profiter pour annoncer la réalisation - en toute fin de mandat - de plusieurs promesses électorales prises durant la campagne électorale de 2011.

On se souviendra que Stephen Harper s'était engagé à mettre en vigueur plusieurs mesures fiscales pour alléger le fardeau des contribuables canadiens dès que la situation budgétaire canadienne le permettrait.

Le premier de ces engagements était d'instaurer le fractionnement du revenu aux fins de l'impôt entre conjoints qui ont des enfants de moins de 18 ans. Cette promesse représente une baisse d'impôt de 2,5 milliards, ou de 1300$ pour les couples qui ont des enfants de moins de 18 ans.

Les conservateurs avaient également promis d'instaurer un crédit d'impôt pour l'activité physique des adultes, tout comme ils se sont engagés à augmenter le crédit d'impôt pour les activités artistiques des enfants.

Enfin, la dernière grande promesse de Stephen Harper durant la dernière campagne électorale était de hausser de 5500 à 10 000$ le plafond d'épargne annuelle admissible au compte d'épargne libre d'impôt (CELI).

Toutes ces mesures seront réalisables à partir de 2015-2016. Reste à savoir si le gouvernement fédéral utilisera son trésor pour les mettre en oeuvre avant les élections ou s'il les recyclera dans un ensemble de nouvelles promesses.