Les quatre principaux candidats à la mairie de Montréal se sont affrontés lundi soir au cours d'un débat économique durant lequel ils ont essentiellement passé en revue tout ce qui ne va pas dans la métropole. Les solutions qu'ils ont proposées pour remettre la ville sur les rails ont toutefois bien démontré toutes les limites du pouvoir que peut exercer le premier magistrat de Montréal.

Mis à part la belle et prévisible unanimité des quatre aspirants maires à promettre qu'ils n'allaient pas hausser les taxes municipales au-dessus du taux d'inflation, le débat économique organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a surtout mis en relief - encore une fois - le côté sombre de Montréal.

Ce même côté sombre dans lequel semble confinée en permanence la ville depuis l'éclatement, en décembre 2007, du scandale des compteurs d'eau.

Depuis les révélations de cette première grosse malversation réalisée sous l'administration Tremblay-Zampino, on a l'impression que Montréal n'arrive plus à se défaire de son image glauque de ville corrompue et mal administrée.

Débattre de développement économique, quand on ne sait plus qui dans cette ville est responsable au juste du contrôle de l'installation des cônes orange sur des artères où aucun travail n'est réalisé, relevait de l'acrobatie.

À cet égard, c'est le candidat Marcel Côté - le seul des quatre participants du débat de lundi qui est issu du monde des affaires - qui a, selon moi, le mieux résumé le rôle et la fonction de maire dans le contexte qui prévaut actuellement à Montréal.

«La job de maire, ce n'est pas de faire du développement économique. C'est seulement de bien administrer la ville, de la nettoyer et de faire en sorte que les citoyens en aient pour leur argent», a-t-il rappelé à ses adversaires.

Bien sûr, ultimement, la job de maire de Montréal déborde largement de cette simple définition. À titre de président de la Communauté métropolitaine de Montréal, le prochain maire devra articuler et arbitrer une politique de développement économique pour la grande région de Montréal qui totalise 50% de la population du Québec et 50% de son PIB.

Mais pour les quatre prochaines années, le maire de Montréal va en avoir plein les bottes à seulement remettre de l'ordre dans les affaires de la Ville, restaurer un climat de confiance et faire rejaillir une étincelle de fierté dans les yeux désabusés de ses citoyens.

Le Montréal qui rayonne

Le côté sombre de Montréal a tellement pris le dessus depuis cinq ans qu'il en est venu à occulter les grandes particularités et les grandes forces qui ont forgé la personnalité de la métropole québécoise pour en faire une ville unique en Amérique du Nord.

On oublie que Montréal est la métropole universitaire canadienne et produit - avec les institutions satellites de la Rive-Sud et de la couronne nord - 40 000 nouveaux diplômés universitaires chaque année. Montréal se classe comme deuxième ville universitaire en Amérique du Nord.

Montréal est le plus important pôle de recherche universitaire au Canada et se classe dans le top 10 des villes nord-américaines pour sa concentration d'emplois en haute technologie (7%). C'est aussi la ville la plus bilingue au Canada (50% de sa population) et la plus trilingue (20%).

Montréal est la ville d'Amérique du Nord où les frais d'exploitation des entreprises sont les plus avantageux et où les tarifs énergétiques sont parmi les plus faibles, derrière Seattle et Houston.

Le loyer moyen des espaces de bureaux et des espaces industriels est le moins cher des 12 plus grandes régions métropolitaines du continent, et le prix de ses logements est de 20% moins cher en moyenne qu'à Toronto.

L'économie montréalaise est diversifiée, mais profite aussi de la présence de 7 grappes industrielles fortes - en incluant la grande région métropolitaine - qui donnent de l'emploi à 40 0000 personnes, soit l'aérospatiale, l'audiovisuel, la finance, la logistique et le transport, les sciences de la vie, les technologies de l'information et les technologies propres.

Enfin, Montréal, ville Unesco du design depuis 2006, se classe dans le top 10 des villes les plus branchées du monde, selon le New York Times.

Ces attributs de Montréal, Jacques St-Laurent les connaît bien, lui qui vient tout juste de terminer un mandat de trois ans comme PDG de Montréal International et qui a voyagé autour du monde pour les vanter auprès d'investisseurs potentiels.

«Quand on a le nez collé à la réalité, on ne voit que ce qui ne va pas. Mais pour avoir visité bien des villes en Europe comme aux États-Unis, Montréal est vraiment une ville où il fait bon vivre et faire des affaires», constate Jacques St-Laurent.

Le défi du prochain maire de Montréal ne sera pas seulement de bien administrer la ville, mais aussi d'arriver à convaincre les Montréalais qu'ils habitent une ville unique.