Autant le Parti libéral du Québec que la Coalition avenir Québec ont été prompts à rejeter le projet péquiste de créer la Banque de développement économique du Québec (BDEQ), autant les responsables du développement économique rêvent de voir le projet de guichet unique pour les entreprises s'implanter le plus rapidement possible.

Élaine Zakaïb, ministre déléguée de la Politique industrielle et de la BDEQ, a essuyé une moyenne rebuffade, la semaine dernière, lorsque les deux principaux partis d'opposition lui ont fait savoir qu'ils n'allaient pas appuyer son projet de créer la Banque de développement économique du Québec.

La ministre proposait de fusionner les activités de développement économique du ministère des Finances à celles d'Investissement Québec et d'y incorporer une nouvelle division de capital de démarrage.

À terme, 250 fonctionnaires des Finances se seraient joints aux 450 employés d'Investissement Québec pour orchestrer toutes les opérations de conseil et de financement aux entreprises.

Le projet visait à simplifier la vie des entrepreneurs en leur offrant un guichet unique pour y formuler la totalité de leurs requêtes de financement et accordait aux spécialistes du développement économique des Centres locaux de développement (CLD) le rôle d'intervenants de première ligne.

Libéraux et caquistes estiment que le projet de la ministre équivaudrait à créer un monstre bureaucratique avec une structure de fonctionnement beaucoup trop lourde. Loin de simplifier la vie des entrepreneurs, ce guichet unique deviendrait un guichet sans fond.

Depuis que le PQ a fait de la BDEQ l'élément central de sa plateforme économique durant la dernière campagne électorale, on a maintes fois questionné la pertinence de vouloir créer cette structure administrative alors qu'il aurait été beaucoup plus simple d'élargir le champ d'intervention d'Investissement Québec.

Parce que, dans les faits, la BDEQ fera essentiellement le travail que réalisent présentement les spécialistes d'Investissement Québec. Les seules nouveautés que nous a révélées le projet de loi sur la BDEQ sont relativement mineures.

Il y a la création d'une division de capital de démarrage dotée d'une enveloppe budgétaire plutôt modeste de 50 millions de dollars, la constitution d'un fonds de 500 millions consacré aux entreprises en régions et la création d'une vice-présidence à l'économie sociale. Des adjonctions qui auraient pu être aisément assumées par Investissement Québec.

Un besoin criant en régions

Si la désapprobation des libéraux et des caquistes au projet de création de la BDEQ a été cinglante, il en va tout autrement des acteurs du développement économique en régions qui travaillent au quotidien à faire progresser les entrepreneurs.

J'animais un panel hier au congrès annuel des CLD, où une belle variété d'intervenants économiques se sont unanimement prononcés en faveur de la BDEQ. Aucune des critiques formulées par la CAQ ou le PLQ ne semblait avoir de prise sur leur enthousiasme.

Qu'il s'agisse de Michel Paré, maire de Beaupré, Jérôme Gaudreault, directeur général de la chambre de commerce de Lévis, Léopold Beaulieu, PDG de Fondaction, Nancy Neamtan, PDG du Chantier de l'économie sociale, ou Yves Maurais, entrepreneur et président du CLD de Longueuil, tous souhaitent assister à la résurrection de la BDEQ.

Ils vivent tous la réalité des régions où les entrepreneurs ont difficilement accès aux services de soutien industriel du gouvernement, alors qu'ils doivent aussi composer avec la multiplicité des programmes et des services lorsqu'ils les sollicitent.

Le guichet unique, que pilotent les Centres locaux de développement, est la voie que tous privilégient parce que ces centres sont ancrés dans leur réalité, contrairement aux bureaux d'Investissement Québec, plus difficiles d'accès, selon eux.

Ces spécialistes du développement économique veulent la simplification maximale des programmes gouvernementaux et ils estiment que la BDEQ est l'institution toute désignée pour le faire.

Mme Zakaïb devra donc peaufiner son projet pour arriver à nous convaincre tous que la BDEQ peut devenir l'institution qui répondra réellement aux attentes.

Elle devra aussi nous expliquer comment la BDEQ, qui doit assurer son financement, réussira à absorber les coûts liés au transfert des 250 fonctionnaires de l'ex-ministère du Développement économique dans la structure de la Banque.

Le projet de loi sur la Banque de développement économique était à la fois complexe et incomplet, conçu par des fonctionnaires pour des fonctionnaires. Il doit être revu, amélioré pour démontrer que l'on prend réellement le chemin de la simplicité.