On a souvent dit de Pierre Karl Péladeau qu'il avait hérité de tous les défauts de son père mais d'aucune de ses qualités. Le fils vient toutefois de se démarquer nettement de celui qui a fondé il y a près de 50 ans l'empire Québecor en décidant de ne plus vivre exclusivement et jusqu'à la fin de ses jours pour l'entreprise qu'il dirige.

Pierre Karl Péladeau a profité du dévoilement des résultats du dernier trimestre de 2012 de Québecor pour réaliser son annonce-surprise.

Il va quitter ses fonctions de pdg et laisser le poste à Robert Dépatie, pdg de Vidéotron, pour ne conserver les titres que de vice-président du conseil de Québecor, président du conseil de Québecor Médias et président du conseil de TVA.

En conférence avec les analystes, Pierre Karl Péladeau a clairement indiqué qu'il voulait ainsi prendre du recul et donner plus de temps de qualité à ses trois jeunes enfants. Ce qu'il n'a jamais eu en abondance de la part de son paternel qui était reconnu pour être un véritable «workaholic», peu porté sur les activités familiales.

À 51 ans, celui qui sera bientôt l'ex-pdg de Québecor compte désormais s'intéresser plus aux grandes orientations stratégiques des activités du groupe de télécommunications et de médias qu'au seul suivi de ses activités quotidiennes.

En fait, il veut faire ce que fait normalement tout bon pdg qui peut compter sur un chef de l'exploitation fiable à qui il délègue l'orchestration des activités courantes.

À cet égard, la démission de M. Péladeau et la nomination du très fiable Robert Dépatie au poste de pdg du groupe Québecor ressemblent plus à un pas de côté qu'à un véritable geste de recul.

S'il est louable que Pierre Karl Péladeau assure vouloir prendre du recul pour mieux s'occuper de sa vie familiale, on peut douter qu'il deviendra subitement un personnage invisible dans l'organisation qu'il dirige depuis 14 ans et où il demeurera l'actionnaire de contrôle.

Tout le monde sait que Pierre Karl Péladeau aime bien tout contrôler et ses différents chapeaux de vice-président du conseil de Québecor, président du conseil de QMI et président du conseil de TVA lui permettront de suivre sur une base régulière les activités de chacune des composantes de l'entreprise.

En n'ayant plus l'obligation d'être pleinement redevable de la fonction de pdg - tant au niveau organisationnel, salarial, qu'à la face même de ses actionnaires -, Pierre Karl Péladeau pourra mener à terme les nombreux projets qu'il caresse et qui devaient dévorer une partie importante de son temps précieux.

Il pourra soit dorénavant prioriser la construction et la gestion du nouvel amphithéâtre de Québec, l'achat ou la constitution d'une nouvelle équipe de hockey professionnelle à Québec ou le développement d'un groupe de divertissement qui pourra faire concurrence à evenko.

Il pourra faire tout ça sans emprunter du temps au pdg de Québecor et sans le distraire dans des secteurs d'activité qui restent parallèles à ceux du groupe de médias et de télécommunications. Le hockey n'est pas le vecteur central d'activité d'un groupe de presse ou de câble, il ne reste qu'un contenu comme les autres.

Pour sa part, Robert Dépatie, nouveau pdg de Québecor, vient d'hériter d'un immense et sûrement très stimulant défi, soit celui d'appliquer la recette qu'il a développée chez Vidéotron à l'ensemble des activités de Québecor.

Les profits de Québecor ont encore chuté de façon importante à son dernier trimestre pour atteindre 9,2 millions, comparativement à 85,4 millions l'an dernier. Pour l'ensemble de l'exercice 2012, Vidéotron dégage 1,2 milliard de profits d'exploitation comparativement à 179 millions pour l'ensemble de toutes les autres activités: journaux, télévision, disques, magazines, internet...

Robert Dépatie en aura plein les bras à redresser l'ensemble des autres activités de Québecor pour permettre à l'action du groupe de se tonifier un peu et de dépasser enfin le sommet de 52,90$ qu'elle avait atteint en février 2000.

Jeudi, l'action de Québecor a terminé la journée à 43,66$, bien loin du haut historique d'il y a 13 ans.