Le printemps érable a été sans conteste l'évènement marquant de 2012. La forte agitation étudiante qui a caractérisé cette période haute en couleurs a toutefois occulté une autre mobilisation d'envergure, celle de l'expansion internationale sans précédent qu'ont réalisée plusieurs entreprises du Québec inc.

Depuis qu'on a appris cet été que le géant américain de la quincaillerie Lowe's avait formulé une offre amicale en vue d'acquérir le groupe Rona, une proposition qui n'a pas été retenue, il a été beaucoup question de l'importance de mieux protéger les sièges sociaux de nombreux fleurons de l'économie québécoise.

Mais en stratégie militaire ou même sportive, on dit souvent que la meilleure défense c'est l'attaque. Un postulat que plusieurs entreprises du Québec inc. ont décidé d'observer pour assurer leur expansion internationale tout autant que leur épanouissement à l'échelle locale.

Il y a d'abord eu Couche-Tard qui, au mois d'avril, a déposé une offre publique d'acquisition (OPA) de 2,7 milliards sur le groupe norvégien Statoil Fuel&Retail. Une OPA réussie qui a permis au groupe lavallois de mettre la main sur un réseau européen de 2300 dépanneurs et d'ajouter 12 milliards à son chiffre d'affaires total (postes d'essence et magasins).

Début juin, c'est au tour de CGI de lancer une OPA de 2,8 milliards sur le groupe britannique Logica, qui fait une fois et demie sa taille. La transaction a été réalisée avec succès et a fait passer de 4 à 10 milliards le chiffre d'affaires de la multinationale québécoise.

Toujours en juin, le groupe Genivar lance une OPA de 440 millions sur la britannique WSP, une transaction qui lui permet d'absorber d'un coup 9000 professionnels de l'ingénierie dans une vingtaine de pays européens et qui ajoute 1,1 milliard à ses revenus annuels de 700 millions.

Le printemps érable de l'expansion internationale du Québec inc. s'est poursuivi durant l'été lorsque le groupe Cogeco a fait une première incursion sur le marché américain en déboursant 1,4 milliard pour acquérir le câblodistributeur Atlantic Broadband, en juillet.

En décembre, c'était autour de Saputo de s'imposer comme le nouveau deuxième transformateur industriel de produits laitiers aux États unis en réalisant l'acquisition du groupe Morningstar Foods dans une transaction de 1,6 milliard.

Cette spectaculaire expansion internationale de chacune de ces entreprises du Québec inc. leur permettra d'élargir leur base de revenus et de mieux se positionner dans de nouveaux marchés dont ils peuvent maintenant poursuivre la consolidation.

L'addition de ces nouvelles opérations à l'étranger vient aussi et surtout renforcer la base des activités de leur siège social québécois qui doit s'assurer de la bonne intégration stratégique et opérationnelle des nouvelles entités, ce qui se traduira par l'octroi de mandats additionnels auprès de leurs fournisseurs traditionnels (avocats, consultants, financiers, spécialistes du marketing et de la publicité...).

Ces entreprises du Québec inc. qui ont pris le virage de l'expansion internationale en 2012 ont certes été opportunistes. En Europe, elles ont notamment profité de la baisse de la valeur de la livre sterling et de celle des actions des sociétés qu'elles ont acquises, mais elles ont toutes eu le mérite d'oser et de foncer.