Le festival des résultats trimestriels des banques - dont le programme du troisième trimestre a été bonifié d'une foire aux dividendes - a culminé jeudi.

Après la Banque de Montréal et la Scotia qui avaient annoncé des hausses de profits et de dividendes mardi, les quatre autres grandes banques canadiennes qui ont dévoilé leurs résultats jeudi ont fait pareil ou même mieux.

Au total, le troisième trimestre a été très généreux à l'endroit de nos banques qui ont collectivement engrangé 8,2 milliards de profits, une performance qui devrait permettre à certaines d'entre elles de réaliser en 2012 la meilleure année de leur histoire.

Fait particulier, cinq des six grandes banques ont profité de la confortable hausse de leur profitabilité pour annoncer une augmentation de leur dividende trimestriel, ce qui ne s'était pas vu depuis longtemps.

Chaque institution modifie habituellement son taux de dividendes en fonction de ses besoins en capitaux qui sont évidemment variables d'une institution à l'autre.

Mais cette semaine, les banques ont fait preuve d'un rare synchronisme en décidant de partager davantage la richesse qu'elles venaient tout juste de générer.

À cet égard, je persiste à croire que nos banques ont unanimement décidé d'appliquer la recommandation formulée récemment par le gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney qui suggérait aux sociétés canadiennes d'utiliser leurs liquidités excédentaires - en les investissant ou en les distribuant - pour stimuler l'économie canadienne.

Aussi détestables ou indécents qu'ils puissent apparaitre pour une grande majorité de citoyens, les gigantesques profits des banques sont plus utiles et productifs lorsqu'ils se retrouvent dans les poches de leurs millions d'actionnaires que lorsqu'ils dorment paisiblement dans les voûtes de ces institutions.

Si c'est la Banque Royale qui a enregistré les plus gros profits (2,2 milliards) au troisième trimestre, c'est la Banque TD qui a procédé à la plus importante augmentation de son dividende trimestriel avec une hausse de 7%, pour le porter à 77 cents.Il s'agissait d'une deuxième hausse de dividendes cette année pour la TD.

La banque a enregistré des profits de 1,7 milliard au troisième trimestre, en hausse de 14%. La Royale n'est toutefois pas bien loin puisqu'elle a haussé de 5,3% son dividende trimestriel pour le porter à 60 cents.

La Banque CIBC, qui a enregistré une hausse de 42% de ses profits à 841 millions, a décrété une augmentation de 4,4% de son dividende qui sera dorénavant de 90 cents par action.

La Scotia et BMO ont annoncé mardi des hausses de 3,6% et de 2,8% de leur dividende respectif.

Malgré une hausse de 13% de ses profits, qui ont atteint 379 millions, la Banque Nationale a été la seule des six à ne pas annoncer une bonification de son dividende.

En ces temps où les rendements assurés sont de plus en plus rares et que les véhicules d'épargne fixe sont pratiquement au neutre, les taux de rendement des dividendes des banques restent des oasis sur lesquels l'épargnant-investisseur peut reprendre son souffle.

Les actionnaires de la TD obtiennent un rendement de 3,82% sur une base annuelle; pour la Banque Nationale c'est 4,21%; la Scotia 4,37%; la Royale 4,38%; la CIBC 4,99% et la BMO 5%.

En ces temps de vaches maigres, il faut reconnaître que ces taux de rendements sont solides pour un investissement qui ne court pas un gros risque.

Investir dans une banque, c'est un peu comme acheter des certificats de placement garanti mais avec un rendement en prime...

La Scotia se paie INGComme je le soulignais dans ma chronique de mardi, rien ne semble vouloir arrêter les banques canadiennes.

À preuve, le jour suivant l'annonce de la réalisation de profits trimestriels records et d'une hausse de son dividende, la Banque Scotia nous apprend qu'elle vient de réaliser l'acquisition d'ING Direct, au coût de 3,3 milliards.

La Scotia voulait augmenter sa part de marché des dépôts bancaires canadiens et elle vient de mettre la main sur 30 milliards d'économies de clients particuliers canadiens.

La banque n'a surtout pas voulu apeurer ses 1,8 million de nouveaux déposants et elle a acheté jeudi matin de pleines pages de journaux pour les rassurer et leur expliquer que rien ne changerait dans les opérations de leur banque virtuelle qui offre des taux d'intérêt supérieurs sur leurs dépôts et des frais de service réduits.

La Scotia vient de réaliser ce qu'Air Canada s'apprête à faire dans les prochains mois, soit lancer une opération parallèle à faible coût pour accaparer un segment de marché qu'elle n'occupait pas.

Elle n'aurait aucun intérêt à transformer ING en banque traditionnelle, elle perdrait rapidement ses nouveaux clients et aurait jeté 3 milliards par les fenêtres, ce qui n'est pas le style de dépenses d'un banquier.