On n'avait pas vu autant de grues de construction percer le ciel de Montréal depuis l'année qui a précédé les Jeux olympiques de 1976. Montréal n'est pas encore São Paulo ni Pékin - où l'on peut recenser jusqu'à plusieurs centaines de grues qui participent simultanément à l'érection de tours de logements et de bureaux -, mais l'activité immobilière résidentielle, commerciale et industrielle est forte comme elle ne l'a pas été depuis longtemps.

C'est en constatant le nombre important et inhabituel de grues de construction qui s'activait dans le ciel montréalais que j'ai confié à un collègue qu'il me semblait qu'on n'avait pas vu autant de grues à Montréal depuis les Jeux olympiques de 1976.

Une intuition qui m'a été rapidement confirmée par la Direction du développement économique de la Ville de Montréal lorsque j'ai demandé combien de grues étaient en activité sur les chantiers de la métropole.

«On a 75 grues de construction en activité à Montréal. On n'avait pas enregistré une telle activité depuis les Jeux olympiques de 1976», m'a répondu Guy de Repentigny, chef de division à la Direction du développement économique et urbain de Montréal.

Si le Festival des films de Montréal s'est fait déclasser au fil des ans par le Festival des films de Toronto - au chapitre du prestige et de la renommée internationale -, la ville du maire Tremblay est au moins en voie de rattraper la Ville reine et son important festival annuel des grues.

Il y a présentement 75 grues de construction en activité à Montréal et il y en aura encore d'autres qui vont  s'ajouter dans les prochains mois au fur et à mesure que vont démarrer les 188 chantiers de projets de construction immobilière de 5 millions de dollars et plus qui sont en cours ou en voie de réalisation.

Ces équipements gigantesques qui sont utilisés dans tous les chantiers qui se développent en hauteur sont répartis sur l'ensemble du territoire de la métropole avec toutefois une plus forte concentration dans l'arrondissement de Ville-Marie, où on ne dénombre pas moins de 46 projets de construction résidentielle, commerciale et institutionnelle, dont celui important du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

Montréal est encore loin de Toronto où l'on recense pas moins de 140 grues en activité pour finaliser l'érection de nombreuses tours de condos dont la prolifération massive inquiète de nombreux analystes qui craignent un effondrement éventuel des prix.

À Montréal, ce n'est pas le cas. Lundi, le Canadien de Montréal, Cadillac Fairview, Canderel et le Fonds de solidarité ont dévoilé leur projet de construction d'une tour de condos de 48 étages, tout à côté du Centre Bell.

La Tour des Canadiens, qui va abriter 534 appartements en copropriété, vient s'ajouter à cinq autres projets de tours d'habitation qui ont été récemment annoncés dans le même secteur à proximité immédiate du Centre Bell.

Ça va bientôt bourdonner de grues dans le secteur et pour un bon bout de temps.

En fait, selon un relevé préparé par l'arrondissement de Ville-Marie, il n'y a pas moins de 16 projets immobiliers en chantier ou autorisés dans le secteur du Centre Bell, soit dans le quadrilatère formé par les rues Peel, Guy et Saint-Antoine et le boulevard De Maisonneuve.

Ces 16 projets vont se traduire par la construction de 2967 unités résidentielles additionnelles qui vont représenter un investissement total de 1 milliard de dollars dans ce seul secteur de la ville.

De fait, les 188 chantiers immobiliers en cours de réalisation à Montréal, répertoriés par la Commission de la construction du Québec, totalisent des investissements de 16,2 milliards.

On dénombre 98 projets résidentiels, d'une valeur de 6,2 milliards, 66 projets institutionnels et commerciaux pour un total de 8,6 milliards, 20 projets de génie civil et de voirie totalisant 1,3 milliard et enfin 4 projets industriels qui vont nécessiter des investissements de 67 millions.

Le Festival des grues de Montréal arrive surtout à point. L'activité économique est en pleine stagnation au Québec, nous a rappelé hier l'Institut québécois de la statistique. Au cours des 12 derniers mois, le produit intérieur brut (PIB) du Québec s'est apprécié de 1,1%, tandis que le PIB canadien a progressé de 2,2%.

Durant les quatre premiers mois de 2012, l'économie québécoise a fait du surplace. Et elle n'a progressé que de 0,1% durant le seul mois de février. En mars, le PIB a reculé de 0,1%.

Bref, les grues de Montréal devraient générer un peu de la croissance économique qui semble faire cruellement défaut au Québec. Si leur présence massive en 1976 était le résultat de dépenses publiques en vue de la construction des installations olympiques, c'est encore un peu le cas avec les superchantiers du CHUM et du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Mais, au moins, plusieurs projets privés en cours ou en voie de réalisation sont en train de prendre le relais et de façon significative.