La tenue d'une campagne électorale en plein été au Québec a beau être un événement rarissime, c'est une nouveauté qui ne déplaît pas aux dirigeants du milieu des affaires qui souhaitent depuis des mois que le climat social se stabilise au Québec et qu'il redevienne propice à un meilleur développement économique. Si des élections générales, même estivales, peuvent ramener la paix, alors allons-y, estiment-ils.

Une belle façon toutefois d'évaluer le type d'intérêt que va susciter une campagne électorale estivale, c'est d'essayer de joindre, un mercredi 11 juillet, des représentants du Québec inc. pour commenter cette éventualité.

C'est ce que j'ai cherché à faire hier matin en appelant Monique Leroux, présidente du Mouvement Desjardins, pour obtenir son opinion face à la forte probabilité que les Québécois aient à voter au lendemain de la fête du Travail, un exercice qu'ils n'ont pas fait depuis l'élection fédérale de Brian Mulroney en 1984.

Mme Leroux était à l'extérieur du bureau pour une semaine de vacances pleinement méritées. Un coup de fil à Jacques Ménard, président de BMO pour le Québec, me permet d'apprendre que M. Ménard est lui aussi absent et à l'extérieur du pays pour la semaine.

Je me rabats donc sur Michel Leblanc, président de la chambre de commerce de Montréal, qui est régulièrement appelé à commenter l'actualité générale sous le prisme patronal des dirigeants d'entreprises montréalais.

Manque de bol, même Michel Leblanc est en vacances, il reviendra à la fin du mois, juste à temps pour commenter le début de la campagne électorale, prévu pour 1er août, constate son adjointe.

Bref, les gens d'affaires comme les simples travailleurs n'ont pas la tête aux élections durant l'été, ils ont la tête aux vacances et c'est tout à fait normal.

Mais en réussissant finalement à joindre quelques PDG d'entreprise - qui ne souhaitaient pas s'exprimer publiquement sur un dossier politique - il est clair que la tenue d'un scrutin général est pour eux une nécessité absolue, même si la campagne électorale doit se dérouler en plein été sans l'attention pleine et entière des électeurs.

«Il faut retrouver un climat de sérénité à Montréal. À l'heure d'internet et des sociétés ouvertes sur le monde, on ne peut plus donner cette image de chaos et de violence qu'on a transmise à l'international tout au long du printemps.

«Quand je cherche à entrer dans un nouveau marché, ce n'est pas la meilleure carte de visite que je puisse présenter. Et ce n'est pas la vraie image de Montréal et du Québec qui a toujours été une image pacifique et conciliante», me confie un gestionnaire un peu excédé par tout le chaos qui a été généré par les manifs et les concerts de casseroles au cours des derniers mois.

Un autre dirigeant d'entreprise montréalais est d'avis que le déclenchement rapide d'élections générales sera bénéfique à tout le monde au Québec.

«Il faut régler le problème de gouvernance qu'on a traîné à Québec durant des mois. Peu importe qui sera élu, ça prend un nouveau gouvernement qui aura la légitimité pour prendre les décisions qu'il faut prendre et qui aura affronté des temps difficiles comme la Commission d'enquête sur la corruption.

«On est en compétition avec les autres provinces canadiennes, on ne peut pas perdre des clients parce que notre climat social n'est pas stable», observe-t-il.

Visiblement, les manifestations à répétition du printemps, les débordements de violence et l'intense grogne populaire ont hérissé au plus haut point les décideurs économiques. Ils veulent la paix et souhaitent l'obtenir au plus tôt, quitte à vivre une élection sans électeurs...

Un départ soudain et prématuré

C'est avec consternation que les associés et les 2300 employés de la firme Raymond Chabot Grant Thorton (RCGT) ont appris mardi le décès de Jean Robillard, président et chef de la direction du cabinet de comptables.

Âgé de 58 ans seulement, M. Robillard est mort de façon subite et prématurée, selon son proche collaborateur Emilio Imbriglio, président du conseil de direction de RCGT.

«Jean était avec nous il y a un mois pour un comité de direction qui a duré trois jours. Peu de temps après, il a consulté le médecin et on a diagnostiqué une tumeur au cerveau. Jean est parti en vacances et on a appris qu'il est décédé lundi soir. C'est vraiment triste. Tout le monde chez Raymond Chabot est sous le choc. Jean était un président estimé de tous et personne ne s'attendait à une telle nouvelle», nous a confié hier M. Imbriglio.

Jean Robillard s'est joint à Raymond Chabot en 1983 où il a été un grand spécialiste de l'insolvabilité et du redressement d'entreprises. Il est devenu président et chef de la direction en 2008. Nous offrons nos sincères condoléances à sa femme, à ses deux enfants et à tous les employés de Raymond Chabot.