Depuis le début de l'année, Ivanhoé Cambridge, bras immobilier de la Caisse de dépôt, multiplie les annonces d'investissement sur la scène internationale. On ne s'en plaindra pas, bien au contraire. Il est même rassurant que la Caisse reconnaisse toujours les vertus de la brique et du mortier, surtout quand on jette un coup d'oeil - même furtif - au comportement des principaux indices boursiers depuis le début de 2012.

Après l'année de misère qu'ils ont traversée l'an dernier, les investisseurs, petits et grands, espéraient tous que les marchés boursiers se ressaisissent en 2012.

En dépit d'un fort début, le marché canadien est rapidement revenu dans le rouge et il cumule des pertes de 4,2% en 2012. Partout en Europe, les Bourses affichent des rendements négatifs et seuls les principaux indices américains arrivent à maintenir leurs gains de près de 5%, depuis le début de l'année.

Ce n'est donc pas avec les marchés boursiers que la Caisse pourra s'enrichir cette année. Mais, au moins, son portefeuille immobilier de 30 milliards de dollars continue de se bonifier et son gestionnaire, Ivanhoé Cambridge (IC), poursuit minutieusement son programme d'investissements.

Hier, IC a annoncé qu'elle allait lancer d'ici la fin de l'année la construction d'un immeuble de bureaux de 45 étages dans le quartier des affaires de Chicago, le River Point building.

La filiale de la Caisse investira 300 millions dans ce projet d'immeuble de classe mondiale en collaboration avec le groupe américain Hines, plus important promoteur immobilier international, qui aura une participation de 15%.

«C'est un très beau projet, c'est la première nouvelle tour à voir le jour en cinq ans à Chicago, soit depuis le déclenchement de la récession. L'activité économique reprend dans cette ville qui abrite pas moins de 400 sièges sociaux et qui compte 9,6 millions d'habitants», explique Pierre-François Chapleau, vice-président, Développement, Bureaux Amérique du Nord, chez Ivanhoé Cambridge.

Les gestionnaires d'IC et de Hines sont tellement convaincus de la profondeur de la reprise économique de Chicago qu'ils n'ont pas attendu d'avoir un locataire de départ pour lancer le projet.

Encore le Brésil

Parallèlement à cette annonce de construction d'immeuble de bureaux haut de gamme, Ivanhoé Cambridge a aussi dévoilé hier un nouvel investissement de 130 millions au Brésil, où le groupe se positionne de façon prononcée dans le marché des centres commerciaux.

En janvier, IC a annoncé qu'elle avait acquis, au prix de 40 millions, en partenariat avec le Fonds d'investissement du Régime de pension du Canada, un centre commercial à Rio de Janeiro, ce qui portait à 10 le nombre de ses propriétés commerciales au Brésil.

En mars, IC a remis ça en annonçant un investissement de 300 millions dans l'agrandissement d'une de ses propriétés et la construction de deux nouveaux centres commerciaux au Brésil.

Hier, IC a fait l'acquisition d'un centre commercial existant de Rio de Janeiro, mais dont le positionnement commercial était défaillant, selon Claude Sirois, vice-président, Marchés émergents, chez Ivanhoé Cambridge.

«C'est un centre commercial qui visait la clientèle plus fortunée de Rio, mais son offre de magasinage était mal exécutée. Nous, on va l'adapter aux besoins de la classe moyenne qui connaît une expansion soutenue au Brésil.

«On a un centre commercial à 6 kilomètres de celui qu'on vient d'acheter et on peut amener beaucoup de nos locataires à nous suivre là-bas. On dessert un marché moins fortuné, mais on réalise de meilleurs loyers que le centre qu'on vient d'acheter. On a l'équipe et l'expertise pour réaliser un beau redressement», expose Claude Sirois.

Et Montréal...

Le déploiement d'Ivanhoé Cambridge sur la scène internationale est important et nécessaire puisque la filiale de la Caisse compte parmi les 10 plus importantes sociétés immobilières au monde et qu'elle doit répartir géographiquement ses actifs.

Il serait bienvenu toutefois que le groupe participe au renouveau économique de Montréal en allant de l'avant avec son projet de construire un immeuble de bureaux au 900, de Maisonneuve, entre les rues Mansfield et Metcalfe.

IC a acquis en 2003 le terrain et les plans de cet immeuble exceptionnel du Groupe Hines. Depuis, on attend désespérément la signature d'un locataire de départ pour démarrer le projet. «Le dossier est sur mon bureau, je le vois tous les jours», confesse Pierre-François Chapleau.

Dans sa volonté maintes fois réaffirmée d'investir davantage au Québec, Michael Sabia, président de la Caisse de dépôt, pourrait bien décider de ne pas attendre un locataire officiel et de lancer la construction du 900, Maisonneuve. C'est tout Montréal qui y gagnerait.